SAIDAL et l’AUB annoncent de nouveaux projets en Mauritanie: Ouvrir la voie vers le marché ouest-africain
La 7ème édition de la Foire des produits algériens à Nouakchott, organisée du 22 au 28 mai par le ministère du Commerce extérieur et de la Promotion des exportations, a servi de catalyseur à l’annonce de projets structurants qui donnent une dimension concrète à la consolidation du partenariat économique algéro-mauritanien.
Les initiatives annoncées, portées par des opérateurs publics algériens de premier plan, témoignent d’une stratégie d’expansion continentale ambitieuse qui positionne la Mauritanie comme « une porte d’entrée vers les pays de l’Afrique de l’Ouest » selon les responsables économiques présents à la manifestation. Le groupe pharmaceutique public SAIDAL franchit ainsi une étape décisive dans sa stratégie d’internationalisation avec l’annonce de l’exportation prochaine de plus de 220 produits pharmaceutiques vers le marché mauritanien, fruit d’un partenariat stratégique signé avec l’entreprise « Chinguity Pharma » après une année de négociations intensives. Le directeur de l’exportation de SAIDAL, Dr. Atmane Meddad, a précisé que « l’enregistrement de 220 produits pharmaceutiques auprès des autorités sanitaires mauritaniennes sera bientôt finalisé, en vue de leur distribution sur l’ensemble du territoire mauritanien », marquant ainsi l’entrée effective du groupe algérien sur un marché stratégique de près de 5 millions d’habitants.
Cette percée commerciale constitue le prélude à un projet d’investissement industriel d’envergure, avec le lancement annoncé d’un partenariat de production entre SAIDAL et « Chinguity Pharma » en Mauritanie. Le groupe mauritanien dispose d’une usine de production pharmaceutique en phase avancée de réalisation qui sera mise en service avec un soutien technique algérien, permettant dans un premier temps la fabrication des médicaments les plus couramment utilisés tels que les sirops thérapeutiques et les comprimés, avant d’élargir la gamme aux traitements des maladies chroniques comme le diabète et les pathologies cardiovasculaires, ainsi qu’aux anticancéreux. Cette diversification progressive de la production locale s’inscrit dans une vision à long terme qui dépasse le simple cadre bilateral puisque, selon Dr. Meddad, « à travers cet investissement sur le marché mauritanien, le Groupe public aspire à accéder aux marchés de l’Afrique de l’Ouest, qui compte près de 300 millions d’habitants ». Le choix stratégique du partenaire mauritanien répond à des critères précis d’expansion continentale, le responsable de SAIDAL soulignant que « le choix du partenaire mauritanien a été mûrement réfléchi, compte tenu de sa présence dans les pays de l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, à même d’accompagner efficacement SAIDAL dans l’élargissement de sa présence continentale et le renforcement de la position de la production pharmaceutique algérienne sur les marchés africains ». Cette démarche s’accompagne d’une diversification géographique ambitieuse, les procédures d’enregistrement des médicaments de SAIDAL ayant été lancées dans huit autres pays, dont le Sénégal, l’Ethiopie, le Yémen, la Libye et la Tunisie, préfigurant un déploiement continental de grande ampleur.
L’infrastructure financière nécessaire à cette expansion trouve son support dans le déploiement accéléré de l’Algerian Union Bank (AUB) en Mauritanie, dont le directeur commercial Mohamed Zerrouki a annoncé l’ouverture en juin prochain de la troisième agence à Zouerate, à quelque 700 kilomètres au nord-est de Nouakchott. Cette implantation dans le cœur minier de la Mauritanie témoigne d’une stratégie d’accompagnement des flux économiques bilatéraux, Zerrouki précisant que « nos objectifs pour 2025 consistent à entamer les activités de financement et accélérer le rythme en termes de traitement des opérations avec l’international, accompagner nos clients dans la mise en relation avec des opérateurs algériens ». L’AUB, dotée d’un capital social de 50 millions de dollars et détenue par quatre banques publiques algériennes (CPA 40%, BNA, BEA et BADR 20% chacune), examine actuellement le financement de plusieurs « projets intéressants » promus par des opérateurs économiques des deux pays, avec pour critères « la viabilité et la rentabilité des projets qui doivent également soutenir l’effort du renforcement de la coopération économique algéro-mauritanienne ». Cette montée en puissance de l’instrument financier algérien s’inscrit dans le contexte plus large de projets structurants comme la route Tindouf-Zouerate de 840 kilomètres, dont les études techniques ont été prises en charge par des bureaux d’études algériens et qui aura « un impact très significatif sur les relations économiques et commerciales entre les deux pays voisins ».
La convergence de ces initiatives industrielles, commerciales et financières dessine les contours d’un partenariat économique renforcé qui dépasse le cadre bilatéral traditionnel pour s’inscrire dans une logique d’intégration économique régionale, la Mauritanie servant de tremplin vers les marchés ouest-africains pour les entreprises algériennes désireuses de diversifier leurs débouchés et de réduire leur dépendance aux hydrocarbures.
Samira Ghrib