Équipe nationale: Petkovic fait son bilan
À l’approche du stage de juin qui verra l’Algérie affronter le Rwanda puis la Suède, Vladimir Petkovic a livré un bilan détaillé de ses premiers mois à la tête de l’équipe nationale algérienne.
Dans une interview accordée à FAF TV, le technicien suisse-bosnien, arrivé début 2024 dans un contexte particulièrement délicat, s’est montré à la fois lucide sur les difficultés rencontrées et optimiste quant aux perspectives d’avenir des Fennecs. Le technicien de 61 ans n’a pas caché sa satisfaction concernant l’environnement de travail qu’il a découvert en Algérie. « La première chose que je tiens à dire, c’est que je suis très content d’être ici. J’ai trouvé un environnement chaleureux, motivé à faire de belles choses, à progresser dans sa manière de penser et d’obtenir des résultats. Cela nous donne à moi et à mon staff encore plus d’énergie pour réussir », a-t-il déclaré d’entrée. Cette satisfaction transparaît également dans ses observations quotidiennes : « Ce que je constate après un an ou plus, c’est que lorsque les joueurs arrivent, ils sont toujours souriants, à bras ouverts et très heureux d’être ici. » Petkovic a reconnu que ses débuts n’ont pas été exempts de critiques, particulièrement après les premiers résultats mitigés. « Au départ, tout était inconnu. Nous avons commencé par deux matchs tests qui m’ont permis de découvrir les qualités mais aussi les difficultés de certains joueurs », explique-t-il. Mais l’ancien sélectionneur de la Suisse, fort de son expérience internationale, relativise ces difficultés initiales en s’appuyant sur son parcours passé : « Quand j’étais sélectionneur de la Suisse, j’ai perdu mes deux premiers matchs. Mais par la suite, nous avons accompli de grandes choses durant sept années. Inch’Allah, nous réaliserons encore mieux ici avec l’Algérie. »
Un groupe soudé
L’une des priorités du technicien a été de créer une cohésion de groupe solide, un aspect qu’il considère comme fondamental pour la réussite collective. « Je pense que nous avons réussi à former un groupe soudé, même si nous nous sommes appuyés sur plus de 40 joueurs de l’équipe première, et tous ont contribué à obtenir ces résultats », souligne Petkovic. Cette approche inclusive se traduit par une gestion particulière des effectifs : « On a réussi à créer une dynamique où tous les joueurs, même les 26 appelés, se sentent valorisés et prêts à tout donner jusqu’à la 92e minute. » L’adaptation aux spécificités du football africain a représenté un défi majeur pour le sélectionneur européen. « En Afrique, les conditions sont difficiles, comme les déplacements, les températures et l’humidité. Mais j’ai eu la chance de trouver une équipe très soudée », reconnaît-il, ajoutant que « l’important pour moi, c’était de connaître beaucoup plus le football algérien ». Cette phase d’apprentissage lui a permis de découvrir le potentiel local : « Pour moi, il était fondamental de connaître le football algérien, les joueurs locaux et leur qualité. J’ai pu voir que ce groupe a du potentiel. » Sur le plan tactique, Petkovic privilégie une approche pragmatique axée sur les principes de jeu plutôt que sur les schémas complexes. « La tactique est secondaire. Ce qui compte, ce sont les principes de jeu et que chaque joueur sache ce qu’il doit faire. Peu importe s’il joue 10 mètres plus à droite ou 15 plus haut. Ce qui compte, c’est la mentalité », insiste-t-il. Cette philosophie se retrouve dans sa méthode de préparation des matchs : « Se connaître soi-même permet d’évaluer plus facilement son adversaire par la suite, tout en le respectant, bien sûr. Cependant, nous devons aborder chaque match avec prudence et essayer d’exploiter nos points forts face à l’adversaire. »
La gestion des sélections constitue l’un des aspects les plus délicats du poste, particulièrement dans un pays où la passion footballistique génère de nombreuses attentes. Petkovic assume pleinement ses choix avec une fermeté qui tranche avec les pratiques antérieures : « Je ne suis pas un entraîneur qui se cache derrière les excuses, je choisis toujours les 23 joueurs qui sont prêts à défendre les couleurs de l’EN ». Il précise sa philosophie de sélection : « Je préfère avoir trop de bons joueurs que pas assez. Faire des choix difficiles, c’est aussi ça le haut niveau. Je choisis toujours les 23 meilleurs du moment, pas pour faire plaisir, mais pour gagner. »
Calendrier saturé
Concernant le programme de juin, Petkovic a évoqué les difficultés rencontrées pour organiser ce stage dans un calendrier international saturé. « Ce n’était pas facile pour nous de trouver des adversaires pour ce stage », reconnaît-il, remerciant au passage la Fédération algérienne de football : « grâce à la FAF et son président Sadi, nous avons pu organiser deux matchs ». Ces rencontres amicales contre le Rwanda le 5 juin à Constantine et contre la Suède le 10 juin à Stockholm revêtent une importance particulière dans la préparation des prochaines échéances. « On va jouer contre le Rwanda pour préparer la CAN, et la Suède, qui a un style différent et qui va nous donner d’autres idées pour le futur », explique le sélectionneur.
L’approche méthodique de Petkovic transparaît également dans sa gestion des défis spécifiques aux sélections nationales. « En sélection nationale, lorsque nous jouons tous les trois ou quatre jours, il n’est pas toujours facile de s’adapter à l’adversaire, il faut donc apprendre à le connaître. Mais en même temps, nous laissons l’adversaire s’adapter à nous », analyse-t-il. Cette vision stratégique s’inscrit dans une perspective à long terme : « C’est notre point de départ, et c’est aussi ce sur quoi nous nous appuyons pour l’avenir. »
La composition de l’équipe pour les matchs amicaux de juin sera dévoilée lors d’une conférence de presse prévue jeudi à 11h00 à l’auditorium Mohamed Salah du stade Nelson Mandela. Cette annonce sera particulièrement scrutée, Petkovic ayant laissé entendre que ses choix continueraient de s’appuyer sur des critères stricts de performance et d’engagement : « Pour moi, ce qui compte, ce sont les principes du jeu, avoir la bonne mentalité et donner le meilleur de nous-mêmes pour ce maillot. »
Avec ce discours empreint de réalisme et d’ambition, Vladimir Petkovic semble avoir trouvé ses marques à la tête des Verts. Son message est clair : l’Algérie dispose du potentiel nécessaire pour retrouver les sommets du football africain, à condition de maintenir l’harmonie du groupe et l’exigence du travail collectif. Les prochains mois s’annoncent décisifs pour valider cette approche, avec en ligne de mire la Coupe d’Afrique des Nations 2025 et les qualifications pour la Coupe du Monde.
Moncef Dahleb