Yasmina Khadra : « L’écriture doit servir d’instrument de conscience »
Yasmina Khadra a animé une conférence de presse en marge du Festival national de littérature et cinéma féminins organisé dans la wilaya de Saïda. Cette rencontre a constitué un moment culturel et intellectuel particulièrement riche, permettant à l’auteur d’aborder diverses problématiques nationales et internationales tout en exposant sa vision du rôle transformateur de l’art et de la littérature dans nos sociétés contemporaines.
Dès l’ouverture de cette rencontre, Yasmina Khadra a exprimé sa satisfaction de participer à cet espace culturel dédié à la célébration de la femme algérienne, soulignant l’importance cruciale de ce festival comme plateforme de convergence entre création littéraire et cinématographique. Il a particulièrement insisté sur la valeur de cet événement comme terrain d’exploration des enjeux féminins sous différents angles, permettant ainsi une approche plurielle et nuancée des questions liées à la condition féminine dans la société algérienne. L’intervention du romancier s’est articulée autour d’une conception exigeante de la littérature, qu’il refuse de cantonner au seul plaisir esthétique. Pour Khadra, l’écriture doit impérativement servir d’instrument de conscience et d’émancipation, constituant un espace privilégié de critique sociale et de dépassement du réel. Cette vision militante de l’art littéraire s’accompagne d’une réflexion approfondie sur le roman comme miroir des mutations sociales et politiques, l’auteur insistant sur la responsabilité fondamentale qui incombe à l’écrivain face au pouvoir des mots, particulièrement dans les périodes troublées que traversent les peuples.
La thématique centrale du festival consacré à l’art féminin a naturellement conduit Yasmina Khadra à développer longuement sa conception de la place des femmes dans son œuvre romanesque. L’écrivain a précisé que les personnages féminins occupent généralement une position centrale dans ses récits, incarnant des figures de force et de résistance face aux contraintes du réel. Ces héroïnes littéraires se distinguent par leur capacité à défier les conventions établies et à porter un regard critique sur leur environnement social et politique.
La conférence n’a pas échappé à une dimension critique concernant l’état actuel de la culture dans le monde arabe. Yasmina Khadra a manifesté ses préoccupations face au déclin observable de la pratique de lecture et à l’affaiblissement général de l’activité culturelle, phénomènes qu’il attribue en partie à l’emprise croissante d’une technologie souvent superficielle. Face à ce constat alarmant, l’auteur a plaidé avec force pour une revalorisation urgente de la culture, qu’il considère comme un pilier indispensable au développement et à la renaissance des sociétés contemporaines.
Les échanges avec les journalistes et participants présents ont permis d’approfondir les réflexions de l’écrivain sur plusieurs sujets cruciaux pour l’avenir littéraire du pays. Les discussions ont notamment porté sur les perspectives d’évolution de la littérature algérienne, les défis actuels du secteur éditorial, ainsi que sur le rôle déterminant que devraient jouer les institutions dans l’accompagnement et le soutien aux créateurs. Cette séance de questions-réponses a également été l’occasion pour Yasmina Khadra d’exprimer son espoir de voir de telles manifestations culturelles contribuer efficacement à la diffusion d’un esprit de dialogue constructif et de créativité, tout en favorisant l’établissement de liens durables entre les différentes générations d’artistes et d’intellectuels algériens.
Mohand Seghir