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Commerce extérieur : Acter la rupture avec les dérives passées

Le président de la République Abdelmadjid Tebboune a présidé dimanche un Conseil des ministres et au cours duquel il a donné des instructions particulièrement fermes concernant la refonte du système de commerce extérieur.

Au cœur des débats, la création de deux organismes nationaux chargés respectivement de l’importation et de l’exportation, un projet que le chef de l’État a choisi de reporter pour enrichir les textes et mieux le maîtriser . Cette décision illustre la volonté présidentielle de rompre définitivement avec les dérives qui ont marqué les organismes similaires par le passé, dans une démarche de refondation des mécanismes de régulation du commerce extérieur.

Après avoir écouté l’exposé du Premier ministre sur l’activité gouvernementale des deux dernières semaines et les interventions des ministres concernant les projets de lois et les présentations, le président Tebboune a donné des instructions révélatrices de sa détermination à transformer en profondeur l’approche du commerce international. « Le président de la République supervisera personnellement l’accompagnement de la création de ces deux organismes, à travers une réunion ministérielle restreinte qui se tiendra dans les prochains jours, pour établir une rupture avec toutes les dérives qui ont entaché les organismes qui étaient directement responsables des opérations d’importation dans le passé », précise le communiqué de la présidence de la République. Le chef de l’État a ordonné le report de la présentation avec un enrichissement supplémentaire des textes et mécanismes juridiques des deux organismes, exigeant qu’ils soient « étudiés avec une grande précision et valables pour les décennies à venir et en adéquation avec les mécanismes internationaux ». Cette exigence de perfectionnement révèle la volonté de ne pas reproduire les erreurs du passé et de bâtir des institutions durables et efficaces.

Les instructions présidentielles dessinent les contours d’un nouveau modèle de gouvernance du commerce extérieur, fondé sur une coordination renforcée entre les différents acteurs institutionnels. « La nécessité d’une coordination totale entre le ministère du Commerce extérieur et de la Promotion des exportations, les banques, la Banque centrale et les Douanes pour un contrôle intelligent, ciblé et efficace, qui préserve la production nationale et oriente l’importation selon le besoin national nécessaire », constitue l’un des piliers de cette nouvelle architecture.

Coopératives d’achats collectifs

Cette approche systémique vise à mettre fin aux dysfonctionnements qui ont caractérisé la gestion des importations, notamment les pratiques spéculatives et les importations de complaisance. Le président a ordonné « la définition de spécifications précises pour les importateurs et exportateurs dans les textes réglementaires des deux organismes avec l’organisation et la réglementation de l’importation ». Cette volonté de professionnalisation s’accompagne de l’introduction d’outils novateurs comme « la création de nouveaux mécanismes pour contrôler l’importation, notamment les coopératives d’achat collectif permettant de clarifier la vision dans les opérations d’importation ».

La protection de la production nationale occupe une place centrale dans cette nouvelle stratégie. Le communiqué souligne « la prise en compte de manière extrême de la spécificité et du volume de la production nationale, en la considérant comme un indicateur économique fondamental, avec une détermination très précise des ressources qui doivent être importées par nécessité économique vitale ». Cette priorité accordée au produit local s’inscrit dans une logique de substitution aux importations et de renforcement de l’autonomie économique nationale.

L’exigence de standards algériens constitue une autre innovation majeure de cette réforme. Le président a chargé le ministre du Commerce extérieur et de la Promotion des exportations « d’établir des critères purement algériens qui doivent être respectés par tous les opérateurs économiques importateurs, quels que soient les produits à importer ». Cette mesure vise à protéger le consommateur algérien tout en encourageant l’amélioration de la qualité des productions locales.

L’éducation et l’enfance autiste à l’ordre du jour

D’autres dossiers ont par ailleurs été examinés lors de cette réunion. Le volet éducatif n’a pas été négligé, avec des décisions importantes concernant la numérisation des écoles primaires. Le président a souligné que « ces moyens technologiques visent à alléger nos élèves du poids des cartables et de la difficulté du travail éducatif par les méthodes traditionnelles ». Fidèle à sa philosophie de préférence nationale, il a ordonné « de respecter un taux d’intégration algérienne d’au moins 70% dans les tablettes numériques destinées aux écoles primaires, avec la participation d’entreprises algériennes expérimentées et d’autres émergentes ».

Cette mesure s’inscrit dans une vision plus large de développement de l’écosystème technologique national. « L’opération de généralisation de la technologie des tablettes numériques dans les établissements éducatifs doit être une opportunité pratique pour le lancement des entreprises émergentes qui ont prouvé leur compétence dans cette spécialité afin qu’elles prennent leur place sur le marché, et mettre en évidence leur contribution au développement et à la croissance de l’économie nationale par les mains des enfants d’Algérie », précise le communiqué.

La question de l’autisme a également fait l’objet d’une attention particulière du président, qui a ordonné « la création d’un centre national et d’annexes régionales pour la prise en charge des enfants atteints d’autisme, où ils bénéficieront de l’enseignement et de la prise en charge optimale ». Cette décision humanitaire s’accompagne d’une préoccupation pédagogique, le chef de l’État ayant recommandé « de veiller dans les programmes pédagogiques à ce que cette catégorie ne soit pas affectée psychologiquement par l’éloignement de leurs parents pendant les périodes de prise en charge dans les centres ».

Samir Benisid

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