Projet de film sur l’Émir Abdelkader: Allier rigueur historique et esthétisme universaliste
La figure de l’Émir Abdelkader, l’une des plus emblématiques de l’histoire nationale sera bientôt portée sur grand écran. La troisième réunion consultative organisée lundi à la Bibliothèque nationale d’Alger autour du projet de film sur l’Emir Abdelkader a réuni un aréopage d’experts déterminés à concilier exigence artistique et fidélité historique pour ce qui s’annonce comme une production cinématographique d’envergure internationale.
L’institution publique « Al Djazairi », qui dirige le projet, a rassemblé des professeurs de diverses disciplines historiques issus de dix universités algériennes, ainsi que trois chercheurs des universités de Laghouat et de Biskra. Cette mobilisation académique témoigne de l’ambition du projet et de la volonté de ses concepteurs de ne rien laisser au hasard dans la reconstitution de la vie du héros national. Djamel Yahiaoui, président du comité consultatif, a souligné l’importance de la contribution des universités et des experts pour « définir les grandes lignes de ce scénario ». Son intervention révèle les enjeux multiples de cette production : « la nécessité de donner une dimension universelle à ce film qui devra ainsi s’adresser non seulement au public algérien, mais également aux citoyens du monde entier, tout en tenant compte de la dimension nationale dans une trame dense, dotée d’un impact visuel d’une grande puissance ». Cette approche ambitieuse n’échappe pas aux défis inhérents à tout projet de cette ampleur. Salim Aggar, chargé de gestion de l’Institution « Al Djazairi », reconnaît que la production du film « n’était pas une tâche facile », tout en précisant que ce long métrage « constituera une référence culturelle de la dimension du film La Bataille d’Alger ». Cette comparaison avec le chef-d’œuvre de Pontecorvo n’est pas anodine et révèle les ambitions cinématographiques du projet. Aggar insiste également sur le fait que « le scénario ne pourrait être séparé de sources historiques précises », posant ainsi les fondements méthodologiques du travail à venir.
Le critique de cinéma Ahmed Bedjaoui apporte une perspective esthétique essentielle en insistant sur l’importance d’être à l’écoute des experts du domaine. Selon lui, le film devra porter « une empreinte algérienne mêlée à l’esprit de l’universalité », formule qui résume parfaitement l’équilibre délicat que devront trouver les créateurs entre authenticité locale et rayonnement international. Les recommandations issues de cette troisième réunion dessinent les contours d’une démarche rigoureuse. Les participants ont insisté sur la nécessité de fournir au scénariste « un maximum d’informations précises et vérifiées » englobant diverses perspectives et analyses historiques. L’approche préconisée devra adopter une esthétique respectueuse du récit cinématographique sans compromettre la véracité des faits historiques, défi permanent du cinéma historique.
L’ambition éducative et culturelle du projet transparaît dans la volonté de mettre en exergue le rôle de l’Emir dans l’édification de l’État algérien et l’établissement des institutions. Les experts recommandent également « d’envisager l’accompagnement du film d’œuvres parallèles, série télévisée, documentaire à plusieurs épisodes », suggérant une approche transmédiatique moderne.
Sur le plan narratif, les intervenants préconisent de « s’éloigner du récit chronologique traditionnel en faveur d’une structure dramatique qui respecte une intrigue captivante ». Cette approche devra s’appuyer sur une sélection intelligente des étapes et événements, consolidant le caractère national avec une ouverture mondiale à travers l’utilisation de symboles de souveraineté et la présentation de l’Emir Abdelkader comme « un leader humanitaire au charisme universel ».
Ce projet ambitieux, porté par le Comité consultatif installé en février 2025, illustre la volonté de l’Algérie de faire rayonner son patrimoine historique à travers le septième art, conjuguant expertise académique et vision artistique pour donner vie à une figure légendaire de l’histoire universelle.
Mohand Seghir
