276 millions de dinars débloqués pour le palais de Meriem Azza : Un joyau architectural bientôt restauré
Perché sur les hauteurs boisées de Skikda, dominant majestueusement la corniche Stora et la Méditerranée, le palais de Meriem Azza s’apprête à retrouver sa splendeur d’antan grâce à un ambitieux programme de restauration doté de 276 millions de dinars. Cette enveloppe exceptionnelle, annoncée par la directrice locale de la culture et des arts Sabiha Tahrat, témoigne de la place centrale qu’occupe désormais la sauvegarde du patrimoine dans les priorités nationales.
Construit en 1913 par l’architecte Charles Montaland, cet édifice aussi connu sous le nom de palais de Ben Gana constitue l’une des merveilles architecturales les plus remarquables de la région. Son style unique, mêlant harmonieusement les décorations arabes et andalouses, en fait un témoin privilégié de cette époque charnière où se croisaient les influences culturelles méditerranéennes. Le choix de son emplacement, sur ce site forestier offrant une vue imprenable sur la baie de Skikda, révèle la vision esthétique de ses concepteurs qui ont su marier architecture et paysage naturel.
Mais le temps et les éléments ont eu raison de cette beauté architecturale. Les toits, les murs et surtout les précieuses fresques qui ornent l’intérieur ont subi des dégradations importantes, nécessitant une intervention d’urgence pour préserver ce patrimoine irremplaçable. « Cet édifice historique présente des éléments architecturaux d’une grande valeur qui constituent un pan de l’identité algérienne », souligne Sabiha Tahrat, rappelant que la restauration de ce palais s’inscrit pleinement « dans le cadre des efforts de préservation du patrimoine culturel national ».
Le projet de réhabilitation, d’une durée prévue de 24 mois, ne se contente pas d’une simple remise en état. L’ambition est plus vaste : transformer ce lieu chargé d’histoire en un véritable centre d’interprétation à caractère muséal. Cette transformation répond à une vision moderne de la valorisation patrimoniale, où les monuments historiques ne sont plus seulement conservés mais deviennent des espaces vivants de transmission culturelle et touristique.
Cette approche s’inscrit parfaitement dans la politique nationale de valorisation du patrimoine initiée ces dernières années par les pouvoirs publics. L’Algérie a pris conscience que son extraordinaire richesse patrimoniale, héritée de millénaires d’histoire, constitue un atout majeur pour son développement culturel et économique. Le classement du palais de Meriem Azza comme monument historique national illustre cette prise de conscience et la volonté de préserver les témoins de toutes les époques qui ont façonné l’identité algérienne.
L’importance de ce projet dépasse largement le cadre local. Comme le précise la directrice de la culture, « le palais de Meriem Azza est un des importants monuments culturels de la wilaya de Skikda et sa restauration revêt un caractère prioritaire pour la préservation de l’identité culturelle et la promotion du tourisme culturel ». Cette double dimension, patrimoniale et économique, reflète la stratégie nationale qui vise à faire du patrimoine un levier de développement territorial.
Le futur centre d’interprétation permettra aux visiteurs de découvrir non seulement l’histoire de ce palais singulier, mais aussi celle de toute une région marquée par la diversité de ses influences culturelles. Les fresques restaurées, les décors arabes et andalous retrouveront leur éclat originel, offrant aux générations futures un témoignage authentique de cet art de vivre méditerranéen qui caractérise l’Algérie du Nord.
Cette renaissance du palais de Meriem Azza s’inscrit dans un mouvement plus large de redécouverte et de mise en valeur du patrimoine algérien. Partout dans le pays, des chantiers similaires voient le jour, témoignant d’une politique cohérente de sauvegarde qui reconnaît enfin à sa juste valeur la richesse patrimoniale nationale. Chaque monument restauré devient un maillon supplémentaire dans la chaîne de transmission de la mémoire collective.
L’investissement consenti pour ce palais, l’un des plus importants de ces dernières années pour un monument de cette région, démontre que l’État a fait de la préservation patrimoniale une priorité budgétaire réelle. Au-delà de la dimension symbolique, c’est un signal fort envoyé aux acteurs du tourisme culturel et aux populations locales : le patrimoine n’est plus un fardeau du passé mais un atout pour l’avenir.
Mohand Seghir