Suède-Algérie (4-3) : Le constat lucide de Petkovic après un thriller nordique
Le Friends Arena de Stockholm a été le théâtre d’un véritable feu d’artifice ce mardi soir, où l’Algérie s’est inclinée 4-3 face à la Suède dans un match qui restera gravé dans les mémoires. Loin du simple galop d’essai, cette rencontre a révélé tous les paradoxes d’une équipe algérienne capable du meilleur comme du pire, laissant Vladimir Petkovic face à un constat amer mais riche d’enseignements.
Dès les premières minutes, les Fennecs avaient pourtant donné le ton d’une soirée qui s’annonçait prometteuse. Dominant techniquement, appliqués dans leurs circuits de balle, les hommes de Petkovic semblaient maîtriser leur sujet. Mais c’était sans compter sur leur capacité à se saborder collectivement, transformant un début de match maîtrisé en cauchemar défensif. Ken Sema, ailier de Watford passé totalement inaperçu ces derniers mois, s’est mué en bourreau des Verts avec un triplé qui restera comme l’une des performances individuelles marquantes de cette année internationale.
« Les quinze premières minutes, on était bien, mais on n’a pas su concrétiser. Les Suédois ont super bien joué, mais on est responsables de cette défaite. On n’a pas assez joué en équipe après le premier but », a reconnu Vladimir Petkovic en conférence de presse, assumant pleinement ses responsabilités. Le sélectionneur helvético-bosnien n’a pas cherché les excuses, pointant directement du doigt le relâchement de ses joueurs après l’ouverture du score adverse. Une lucidité qui tranche avec les discours convenus habituellement tenus après ce type de rencontre.
Car pour Petkovic, il ne s’agissait nullement d’un simple match de préparation sans enjeu. « Ce n’était pas un match amical. Je ne peux pas être content puisqu’on a perdu. Je pourrai être content si on apprend de ce match où il y a eu beaucoup de choses », a-t-il martelé, refusant de minimiser l’importance de cette défaite. Une première en un an pour les Fennecs, qui avaient habitué leur public à une série de résultats positifs impressionnante.
La première période restera comme un condensé de tout ce qu’il ne faut pas faire en équipe nationale. Après avoir montré de belles choses techniquement, l’Algérie s’est littéralement écroulée défensivement, offrant des autoroutes à des attaquants suédois pourtant privés de leurs stars habituelles. Isak, Gyökeres, Elanga : tous absents, laissant la place à une génération montante qui n’a pas tremblé face aux Fennecs. « On a provoqué les premiers buts avec des erreurs, et les deux derniers buts, c’était sur des balles arrêtées. Clairement, on n’a pas été bons en première mi-temps sur le plan défensif », a admis le technicien bosniaque.
Mais c’est paradoxalement cette débâcle qui a provoqué la plus belle réaction des Fennecs. La seconde période a vu une tout autre équipe algérienne descendre sur la pelouse, portée par les entrants Bentaleb, Benzia et Bounedjah, ainsi que Gouiri qui a pris le couloir gauche en seconde période. L’intensité était là, les circuits offensifs retrouvés, la révolte palpable. « En deuxième mi-temps, on pouvait entrer avec une bonne attitude. Dommage, le penalty a chamboulé les plans et amené des dégâts. Mais je suis très fier du fait que l’équipe a réagi de cette façon », s’est félicité Petkovic, trouvant dans cette réaction les germes d’un avenir plus serein.
Un adversaire algérien qui « a surpris »
Jon Dahl Tomasson, le sélectionneur suédois, n’a d’ailleurs pas caché son admiration pour l’adversaire du soir. « Un très beau match face à une très belle équipe qui a tout gagné en Afrique », a déclaré l’ancien attaquant danois, reconnaissant la valeur d’un adversaire qui l’a surpris par sa capacité de réaction. « On ne s’attendait pas à marquer autant surtout que nous avons une jeune équipe avec peu de caps », a-t-il confié, soulignant le caractère spectaculaire d’une rencontre qui aura tenu toutes ses promesses.
Pour Petkovic, cette soirée stockholmoise aura au moins eu le mérite de révéler « les deux visages » de son équipe. « Celui de la fragilité, mais aussi de la confiance et de la force. On a, peut-être, même eu des occasions meilleures que ce que le résultat montre », a analysé le technicien, qui préfère retenir les aspects positifs d’une prestation en dents de scie. Sa gestion des changements, critiquée pour sa tardivité, trouve aujourd’hui une justification dans l’impact immédiat des entrants sur la physionomie du match.
« Aucune défaite ne fait du bien, mais la réaction fait qu’on peut redémarrer sur quelque chose de positif après la première défaite en un an », a conclu Petkovic, refusant de sombrer dans le catastrophisme. Un optimisme de façade qui cache mal les interrogations légitimes sur la capacité de cette équipe à maintenir son niveau pendant quatre-vingt-dix minutes. La route vers les prochaines échéances sera longue, mais cette soirée suédoise aura au moins eu le mérite de rappeler que rien n’est jamais acquis au plus haut niveau, même face aux équipes en reconstruction.
Moncef Dahleb