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L’agression israélienne contre l’Iran fait flamber les cours du pétrole : Vers un baril à 100 dollars ? 

Les marchés pétroliers ont connu une véritable secousse ce vendredi, suite à l’attaque israélienne d’envergure contre des sites stratégiques iraniens. Cette agression, qui a visé des installations nucléaires et des centres de production de missiles balistiques, a provoqué une flambée immédiate des cours du brut, ravivant les craintes d’une crise énergétique mondiale. Le baril de Brent de la mer du Nord a bondi de 6,36% pour atteindre 73,76 dollars, tandis que le WTI américain s’est apprécié de 6,6% à 72,53 dollars. Plus tôt dans la journée, le Brent avait même grimpé de 14%, frôlant les 79 dollars, marquant l’un de ses plus forts mouvements depuis le début du conflit en Ukraine en 2022.

Cette volatilité reflète l’inquiétude des investisseurs face à une possible escalade régionale qui pourrait compromettre l’approvisionnement énergétique mondial. 

Le détroit d’Ormuz, épée de Damoclès 

Au cœur des préoccupations géostratégiques se trouve le détroit d’Ormuz, véritable artère vitale du commerce pétrolier mondial. Cette voie maritime étroite, contrôlée au nord par l’Iran et au sud par le Sultanat d’Oman, constitue le point de passage obligé pour près de 21% de la consommation mondiale de pétrole, soit environ 21 millions de barils par jour.

Les menaces iraniennes de fermeture de ce goulet stratégique ne sont pas nouvelles, mais elles prennent une dimension particulière dans le contexte actuel. Selon un membre du Parlement iranien cité par Reuters, Téhéran envisage « sérieusement » cette option, ce qui constituerait un « cauchemar absolu » pour l’économie mondiale, selon les termes d’Arne Lohmann Rasmussen, analyste chez Global Risk Management.

Une fermeture, même temporaire, du détroit provoquerait une flambée des prix du pétrole potentiellement au-delà de 130 à 150 dollars le baril, avec des répercussions particulièrement lourdes pour les économies asiatiques. La Chine, qui absorbe 95% des exportations pétrolières iraniennes, serait en première ligne, ainsi que le Japon, la Corée du Sud et l’Inde.

L’OPEP rassure

Face à la nervosité des marchés, l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole a tenté de rassurer. Le Secrétaire Général de l’OPEP, Haitham Al Ghais, s’est montré critique envers les déclarations de l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) concernant l’utilisation potentielle des stocks d’urgence de pétrole.Selon lui, les conditions actuelles du marché ne nécessitent pas de mesures d’urgence, et les commentaires alarmistes de l’AIE « déclenchent de fausses alarmes » et créent « un sentiment de peur sur le marché ». L’OPEP a rappelé des évaluations similaires faites en 2022, qui avaient selon elle conduit à « une volatilité accrue du marché » et à des « libérations prématurées de stocks » finalement inutiles. L’organisation insiste sur le fait que les marchés pétroliers demeurent « bien approvisionnés » et que toute décision concernant les stocks d’urgence devrait être « fondée sur des données vérifiées et des analyses solides ».

Cette position de l’OPEP vise à calmer les spéculations et à éviter une panique qui pourrait artificiellement gonfler les prix. 

Des scénarios aux conséquences variables

Les institutions financières internationales adoptent pour leur part des positions nuancées face à cette crise. Goldman Sachs et Citi estiment que les flux d’approvisionnement ne devraient pas être durablement affectés, sauf en cas d’aggravation majeure du conflit. Ces banques soulignent que l’Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis disposent d’infrastructures permettant de contourner le détroit d’Ormuz, avec une capacité d’environ 3,5 millions de barils par jour.

Toutefois, cette capacité reste largement insuffisante pour compenser un éventuel blocage complet du détroit. L’Iran dispose également depuis 2021 d’un oléoduc permettant d’exporter depuis le port de Jask, contournant Ormuz, mais son utilisation demeure marginale.

Les analystes d’ING soulignent que « l’incertitude géopolitique s’est nettement intensifiée et justifie une réévaluation du risque de perturbation de l’offre ». Dans les scénarios les plus pessimistes, certains experts n’excluent pas un baril dépassant les 100 dollars en cas de perturbation prolongée.

Pour rappel, l’escalade actuelle entre s’inscrit dans un contexte régional déjà tendu, marqué par dix-huit mois d’agression génocidaire sioniste à Ghaza et des tensions persistantes autour du programme nucléaire iranien. La menace de fermeture du détroit d’Ormuz, bien que considérée comme peu probable par certains analystes, demeure l’un des principaux facteurs de risque pour les marchés énergétiques.

Dans l’immédiat, les marchés financiers restent sous tension, les investisseurs intégrant désormais une prime de risque géopolitique accrue dans leurs évaluations. Les cours du pétrole continueront probablement de fluctuer au gré des développements diplomatiques et militaires dans la région.

Samira Ghrib

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