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L’Algérie face aux défis cybernétiques : Une stratégie souveraine en construction

L’Algérie, confrontée aux enjeux croissants de la cybersécurité dans un monde de plus en plus connecté, développe une approche stratégique pour faire face aux menaces du cyberespace. Cette démarche s’inscrit dans le cadre d’une transformation numérique ambitieuse qui place la souveraineté nationale au cœur des préoccupations sécuritaires.

Le cyberespace est devenu l’un des défis majeurs. L’intérêt croissant pour le cyberespace et le renforcement des mécanismes de sécurisation découle de sa transformation en théâtre et instrument simultané de guerre psychologique, constituant une forme moderne d’affrontement entre États et sociétés. Sa capacité d’influence sur les comportements individuels et les tendances de l’opinion publique en fait un enjeu stratégique de premier plan. Lors du deuxième Forum algéro-coréen sur la cybersécurité, le ministre de la Poste et des Télécommunications, Sid Ali Zerrouki, a souligné l’engagement de l’Algérie dans cette voie. « L’Algérie s’est engagée dans un processus de transformation numérique ambitieux, concrétisé par la généralisation de l’infrastructure de fibre optique à haut débit, la réduction de la fracture numérique et la préparation du lancement des services 5G », a-t-il déclaré.

Ces efforts, selon le ministre, « participent d’une stratégie nationale proactive et souveraine en matière de cybersécurité, inspirée de la vision éclairée du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune ». Cette stratégie répond aux directives présidentielles qui considèrent que « l’identification des menaces cybernétiques et la mise en place de mécanismes de surveillance et de monitoring efficaces, ainsi que la préparation stratégique en cas de danger, constituent aujourd’hui l’une des conditions préalables les plus importantes pour assurer une protection nécessaire et complète des installations vitales de manière sécurisée et continue ».

Le président Tebboune a précisé que cette approche « s’inscrit dans le cadre d’un système de prise en charge de la sécurité nationale, dans ses dimensions politiques, militaires, économiques, sociétales et même technologiques ».

Un partenariat stratégique avec la Corée du Sud

L’Algérie s’appuie sur l’expertise internationale, notamment celle de la Corée du Sud, reconnue comme leader dans les domaines des télécommunications et de la cybersécurité. Le ministre Zerrouki a salué « le niveau du partenariat avec la République de Corée », mettant en avant la volonté des deux pays de « développer une coopération concrète et fructueuse dans les domaines du transfert de connaissances, de l’innovation et du renforcement des capacités opérationnelles ».

L’ambassadeur de la République de Corée en Algérie, You Ki-Jun, a pour sa part salué la stratégie mise en place par l’Algérie en matière de cybersécurité, soulignant que son pays était « prêt à soutenir et même à s’inspirer de l’expérience de l’Algérie ». Il a rappelé que « au cours des trois dernières décennies, nos deux pays ont développé une relation fondée sur le respect mutuel, la confiance et des aspirations partagées » et que « ce qui avait commencé par une coopération économique et en matière de développement s’est transformé en un partenariat plus large ».

L’ambassadeur coréen a également souligné que « les cybermenaces, qui ne connaissent pas de frontières, exigent une réponse empreinte d’un esprit de coopération suivant une approche coordonnée ancrée sur les principes de responsabilité et d’intérêts mutuels ».

Les autorités algériennes sont conscientes de la complexité des défis cybernétiques. Le cyberespace tire sa dangerosité de la facilité avec laquelle les informations peuvent être falsifiées, les esprits manipulés et les contenus fabriqués de manière rapide et difficile à détecter instantanément. Cette réalité impose une vigilance constante et des moyens techniques sophistiqués.

Le Forum algéro-coréen sur la cybersécurité, organisé par le ministère de la Poste et des Télécommunications en collaboration avec l’Agence coréenne de coopération internationale (KOICA), illustre cette volonté de renforcement des capacités nationales. Cet événement, qui s’est déroulé en présence de la Haut-commissaire à la numérisation Meriem Benmouloud, témoigne de l’importance accordée par les plus hautes autorités à cette problématique. Ce deuxième forum s’inscrit dans le cadre du « processus de transformation numérique dynamique et accéléré que connaît l’Algérie ces dernières années, et qui exige de renforcer les capacités de sécurité dans le cyberespace ». Il incarne « un partenariat fructueux entre l’Algérie et la République de Corée, reflétant la volonté commune des deux pays de renforcer leur coopération à travers l’échange d’expertises, le renforcement des capacités et le suivi des évolutions technologiques dans le monde numérique ».

L’approche algérienne en matière de cybersécurité révèle une vision globale qui intègre les dimensions techniques, stratégiques et géopolitiques des enjeux numériques contemporains. Cette démarche vise à garantir la protection des infrastructures critiques tout en préservant la souveraineté nationale dans l’espace cyber.

Salim Amokrane

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