Béjaïa : Une récolte céréalière prometteuse
La wilaya de Béjaïa, traditionnellement réputée pour son patrimoine arboricole exceptionnel, se distingue aussi avec une campagne céréalière 2024-2025 qui s’annonce particulièrement fructueuse. Les services agricoles locaux tablent sur une récolte de 81.000 quintaux de céréales. Cette performance remarquable dans un territoire non traditionnellement céréalier illustre la réussite d’une politique de diversification agricole menée depuis plusieurs années. Laid Khaled, directeur des productions à la Direction des services agricoles, ne cache pas son optimisme en déclarant que « ça va être une bonne saison ». Cette confiance s’appuie sur des données concrètes recueillies en ce début de campagne moisson-battage, où les premiers résultats dépassent les espérances. Sur une surface initiale de 539 hectares récoltée, près de 10.000 quintaux ont déjà été engrangés, répartis entre 7.120 quintaux de blé dur, 7.341 quintaux de blé tendre et 3.435 quintaux d’orge. Ces chiffres révèlent un rendement moyen encourageant de 17,5 quintaux à l’hectare, performance honorable pour une région qui n’a pas la réputation céréalière des Hautes Plaines. Plus remarquable encore, certaines exploitations atteignent des niveaux de productivité exceptionnels pour la région. Le responsable souligne avec fierté que « certains exploitants ont obtenu 50 quintaux à l’hectare et que d’autres notamment dans les régions d’Amizour, El-Kseur et Draâ-Elgaid ambitionnent d’atteindre des performances de 60 quintaux à l’hectare, voire plus ». Ces rendements, qui rivaliseraient avec ceux des meilleures terres céréalières du pays, démontrent le potentiel insoupçonné de certains terroirs béjaouïs lorsqu’ils bénéficient d’un accompagnement technique approprié. Cette réussite ne doit rien au hasard mais résulte d’une convergence de facteurs favorables soigneusement orchestrés par les pouvoirs publics. Laid Khaled identifie clairement les raisons de cette performance en citant « les conditions climatiques favorables, les facteurs incitatifs dont a bénéficié la filière, notamment des subventions aux intrants, un appui logistique conséquent et un accès facile aux crédits ». Cette approche intégrée, qui combine soutien financier et accompagnement technique, illustre l’évolution des politiques agricoles vers une approche plus professionnelle et mieux ciblée. L’infrastructure de stockage constitue un autre pilier de cette stratégie de développement céréalier. La wilaya renforce significativement ses capacités avec la mise en service imminente d’un centre de stockage à Seddouk d’une capacité d’un million de quintaux, complété par un centre de stockage de proximité de 50.000 quintaux. Ces investissements lourds témoignent de la volonté des autorités de créer les conditions d’une filière céréalière pérenne, capable de valoriser au mieux la production locale tout en évitant les pertes post-récolte. La diversification agricole prend une dimension stratégique avec la reconversion d’une partie des terres céréalières vers la production d’oléagineuses. Cette année, 270 hectares habituellement consacrés aux céréales ont été affectés à la production de colza et de tournesol, destinés à alimenter les usines locales de transformation oléicole. Cette démarche s’inscrit dans une logique de circuits courts et de substitution aux importations, répondant aux besoins des transformateurs locaux tout en créant de nouvelles opportunités de revenus pour les agriculteurs.
L’engouement croissant des agriculteurs pour les céréales se traduit par une extension continue des surfaces emblavées, désormais stabilisées à plus de 5.000 hectares annuels. Cette progression témoigne de la confiance retrouvée des producteurs dans cette filière, longtemps délaissée au profit de cultures plus traditionnelles ou plus rémunératrices. Elle révèle également l’efficacité des mesures incitatives mises en place par les pouvoirs publics pour diversifier la production agricole nationale. Cette mutation agricole de Béjaïa s’inscrit dans le cadre plus large de la politique de sécurité alimentaire nationale, qui vise à réduire la dépendance aux importations en mobilisant tous les potentiels productifs du territoire.
R.R.