Nucléaire israélien : L’Algérie brise un tabou
L’Algérie a ouvertement dénoncé devant le Conseil de sécurité de l’ONU l’impunité nucléaire de l’entité sioniste, brisant ainsi un tabou longtemps maintenu par la communauté internationale.
Par la voix de son représentant permanent auprès des Nations unies, Amar Bendjama, Alger a directement mis en cause la crédibilité du système mondial de non-prolifération nucléaire face aux « violations flagrantes » israéliennes contre l’Iran. Cette prise de position courageuse de la diplomatie algérienne intervient dans un contexte de tensions extrêmes au Moyen-Orient, où les agressions répétées de l’entité sioniste contre les installations nucléaires civiles iraniennes ont franchi une ligne rouge selon de nombreux observateurs. L’intervention de l’ambassadeur Bendjama lors de la réunion du Conseil de sécurité consacrée aux « menaces contre la paix et la sécurité internationales » marque une rupture diplomatique significative dans le traitement de la question nucléaire israélienne.
« Les agressions perpétrées par l’entité sioniste contre l’Iran sont injustifiées et constituent une violation flagrante de la charte des Nations unies », a déclaré sans détour l’ambassadeur algérien, rappelant que ces attaques avaient ciblé « des installations nucléaires soumises aux garanties de l’AIEA ». Cette dénonciation directe tranche avec la retenue habituelle des représentants diplomatiques sur cette question sensible, l’Algérie assumant pleinement son rôle de porte-voix des pays non-alignés face à l’hégémonie occidentale.
L’argumentaire développé par Bendjama révèle une stratégie diplomatique particulièrement fine, s’appuyant sur les contradictions flagrantes du système international. Il a ainsi souligné le paradoxe d’un système de non-prolifération qui tolère les attaques contre des installations nucléaires civiles surveillées par l’AIEA tout en fermant les yeux sur le programme nucléaire militaire israélien, jamais soumis à aucun contrôle international. « Si ces garanties et la présence d’inspecteurs internationaux sur le sol iranien n’assurent pas la protection de ces installations, c’est donc la crédibilité même du système mondial de non-prolifération qui est aujourd’hui en jeu », a-t-il averti avec une lucidité remarquable.
Le diplomate algérien a particulièrement insisté sur l’hypocrisie des responsables internationaux, les interpellant directement : « Si les responsables de la protection de ce système sont incapables de condamner ces violations, ils doivent s’interroger sur leurs objectifs réels et s’ils s’acquittent vraiment de leurs responsabilités ». Cette mise en cause frontale des instances internationales illustre la détermination de l’Algérie à ne plus accepter les doubles standards qui caractérisent le traitement de la question nucléaire au Moyen-Orient.
L’ambassadeur a également mobilisé les déclarations du directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, qui avait affirmé sur CNN que l’agence n’avait « aucune preuve sur l’existence d’efforts systématiques pour passer à la fabrication d’arme nucléaire » en Iran. Cette citation, qualifiée de « digne de toute notre attention » par Bendjama, démontre l’absurdité des accusations portées contre l’Iran alors que l’entité sioniste développe depuis des décennies un arsenal nucléaire dans l’opacité totale.
La position algérienne s’inscrit dans une démarche de justice internationale et de respect du droit, Bendjama soulignant que « nous devons résister à toute tentative visant à justifier ce qui constitue en vrai un acte d’agression contre un État souverain, membre des Nations unies ». Il a clairement rejeté tout « narratif illusoire » tentant de légitimer ces violations flagrantes du droit international.
L’intervention de l’ambassadeur algérien a également mis en lumière les précédents historiques, rappelant la résolution 487 adoptée par le Conseil de sécurité en 1981 suite à l’agression israélienne contre la centrale d’Osirak en Irak. « Cette résolution n’a jamais été appliquée, d’autant que les installations nucléaires de l’entité sioniste n’ont jamais été soumises aux garanties de l’AIEA et que l’Irak n’a reçu aucune indemnité », a-t-il dénoncé, démontrant comment « l’impunité et l’immunité entraînent de graves conséquences ».
L’Algérie a également dénoncé le système des « deux poids, deux mesures » qui caractérise l’application du droit international humanitaire, Bendjama rappelant avec force les chiffres tragiques de Ghaza : « Les responsables de l’effondrement du système de santé à Ghaza et du meurtre de 1.580 membres du personnel médical, de 18.000 enfants, de plus 10.000 femmes, de 225 journalistes et de 467 membres du personnel humanitaire, ne peuvent prétendre, en toute crédibilité, le respect du droit international humanitaire ».
Malgré cette dénonciation ferme, la diplomatie algérienne maintient sa ligne traditionnelle de privilégier la voie diplomatique, Bendjama soulignant que « les négociations entre les trois pays européens et l’Iran, ainsi que celles entre les États-Unis et l’Iran, facilitées par le Sultanat d’Oman, demeurent une option constructive et viable ». L’ambassadeur a conclu son intervention par un avertissement sans équivoque : « Ce à quoi nous assistons aujourd’hui est loin d’être un simple acte d’agression isolé mais plutôt un défi aux fondements mêmes du système juridique international ». Il a exhorté le Conseil de sécurité à « s’acquitter de ses responsabilités et faire face à tous les actes menaçant la paix et la sécurité internationales », affirmant que « la passivité ne peut être une option ».
Hocine Fadheli