732 cas d’intoxication recensés l’été dernier: Un plan national contre la malbouffe lancé
Face à l’ampleur des intoxications alimentaires et à la dégradation des habitudes nutritionnelles des Algériens, le ministre de la Santé, Abdelhak Saihi, a annoncé dimanche le lancement prochain d’un plan national de l’alimentation destiné à définir les normes d’une alimentation saine. Cette initiative gouvernementale intervient après un bilan alarmant : 732 cas d’intoxication alimentaire ont été recensés l’année dernière, principalement dus à la consommation d’aliments avariés et au manque d’hygiène durant la saison précédente.
« Le secteur se concentre sur le lancement d’un plan national de nutrition en coopération avec d’autres ministères, en définissant des critères et des cadres relatifs aux aliments recommandés », a déclaré le ministre lors d’une journée thématique consacrée aux « mesures prises pour assurer une saison estivale saine et sûre ». Cette stratégie multisectorielle répond à une préoccupation croissante des autorités sanitaires face à l’évolution des comportements alimentaires de la population algérienne.
L’urgence de cette démarche s’explique par la tendance préoccupante des citoyens à consommer massivement des produits alimentaires industriels. Les experts établissent désormais un lien direct entre cette consommation et l’apparition de pathologies diverses, notamment les maladies non transmissibles qui constituent un fléau de santé publique. « La consommation de produits alimentaires industriels et les maladies qui en découlent ont amené le ministère à lancer une action commune, en coordination avec les ministères du Commerce, de l’Agriculture, de l’Environnement et d’autres ministères, dans le cadre d’un plan national de l’alimentation », a précisé Abdelhak Saihi.
Cette approche intersectorielle, baptisée « Une seule santé », vise à réduire significativement le taux de consommation de sucre, de matières grasses néfastes et de sel tout en encourageant les citoyens à pratiquer une activité physique régulière. L’objectif final demeure la prévention des maladies, particulièrement les cancers dont l’incidence ne cesse d’augmenter dans la population algérienne. La dimension éducative occupe une place centrale dans ce dispositif. Le ministère de la Santé collaborera étroitement avec le ministère de l’Éducation nationale pour « l’élaboration d’un programme national destiné aux élèves et aux enfants dans l’objectif de préserver leur santé ». Cette approche précoce vise à inculquer dès le plus jeune âge les bonnes pratiques nutritionnelles, créant ainsi une génération mieux informée des enjeux de santé liés à l’alimentation.
Le ministre a également attiré l’attention sur les risques liés à la consommation d’eau non contrôlée, particulièrement fréquente durant la saison estivale. Il a mis en garde contre les intoxications résultant de la consommation d’eau non potable et la prolifération de germes dans certains puits et environnements aquatiques qui échappent au contrôle du ministère de tutelle. Le Dr Kamel Kadri, spécialiste en médecine interne à l’hôpital de Birtraria, a complété cette approche préventive en prodiguant une série de conseils et recommandations destinés à « préserver la santé du citoyen, notamment durant la saison estivale, en adoptant une alimentation saine et variée ». Ces recommandations s’avèrent essentielles dans un contexte où les températures élevées favorisent la prolifération bactérienne et augmentent les risques d’intoxications alimentaires.
Ce plan national s’inscrit dans une démarche globale de modernisation du système de santé algérien, qui privilégie désormais la prévention et l’éducation sanitaire.
Lyna Larbi