L’Algérie condamne l’escalade contre l’Iran et prône la voie diplomatique
Face à l’escalade militaire au Moyen-Orient marquée par les frappes américaines contre les installations nucléaires iraniennes, l’Algérie a pris une position ferme en faveur de la désescalade et du retour à la diplomatie. Alger, qui occupe actuellement un siège de membre non permanent au Conseil de sécurité de l’ONU, se positionne comme un acteur de stabilisation dans une région au bord de l’embrasement. Dans un communiqué publié dimanche, le ministère des Affaires étrangères a exprimé « sa vive préoccupation et son profond regret » suite aux bombardements américains contre les sites nucléaires iraniens de Fordow, Natanz et Ispahan. Cette réaction officielle souligne la gravité avec laquelle Alger perçoit cette nouvelle escalade dans une région déjà meurtrie par les conflits.
L’Algérie dénonce particulièrement le timing de cette agression, intervenant « dans un moment marqué par un consensus international sur la recherche de moyens pour apaiser les tensions dans la région ». Pour Alger, ces frappes constituent une rupture dangereuse avec les efforts diplomatiques internationaux qui « affirment depuis toujours la nécessité d’un cessez-le-feu, d’un retour à la table des négociations et d’un engagement sincère et de bonne foi à trouver une solution pacifique au dossier nucléaire iranien ». En qualifiant ces développements « d’une extrême gravité accentuant l’escalade », l’Algérie pointe du doigt la responsabilité américano-israélienne dans la dégradation de la situation régionale.
La diplomatie algérienne s’appuie sur une lecture historique pour justifier son opposition à l’option militaire. « La sensibilité et la gravité de la conjoncture imposent à tous de se référer aux leçons de l’histoire de la région, qui démontre, sans le moindre doute, que les voies militaires n’ont jamais permis de résoudre les problèmes auxquels elle a été confrontée », souligne le communiqué officiel. Alger préconise ainsi « le retour à l’approche la plus pacifique, la plus efficace et la moins coûteuse, l’approche politique pacifique, fondée sur les principes et les règles de la légalité internationale et la Charte des Nations Unies, qui peut épargner à la région davantage de tensions et de tragédies ».
L’Algérie met en garde contre les conséquences dramatiques de cette escalade, évoquant des « risques sans précédent aux conséquences imprévisibles » pour l’ensemble de la région.
Notons que dans ce contexte, le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf a mené une intense activité diplomatique en marge de la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’OCI à Istanbul, multipliant les contacts bilatéraux pour promouvoir une solution négociée à la crise iranienne et éviter l’embrasement régional. C’est dans ce cadre qu’il a rencontré son homologue iranien Abbas Araghchi, en marge de la 51e session du Conseil des ministres des Affaires étrangères de l’Organisation de la coopération islamique (OCI).
Cette rencontre bilatérale, consacrée aux « développements de l’agression qui se poursuit contre la République islamique d’Iran et ses répercussions sur la paix et la sécurité au Moyen-Orient », témoigne de l’activisme diplomatique algérien face à la crise. M. Attaf a « réitéré la position de l’Algérie et réaffirmé son engagement, en sa qualité de membre non permanent du Conseil de sécurité, à œuvrer pour la consécration de l’approche politique et pacifique fondée sur les dispositions et les règles de la légalité internationale et la Charte des Nations Unies ».
En invoquant constamment « la légalité internationale et la Charte des Nations Unies », l’Algérie défend une vision multilatéraliste des relations internationales face à l’unilatéralisme américain. Cette position s’inscrit dans la continuité de la politique étrangère algérienne, traditionnellement attachée au respect du droit international et à la souveraineté des États.
Hocine Fadheli