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Récupération des fonds détournés : La Suisse déterminée à coopérer avec l’Algérie

La visite officielle du ministre suisse de la Justice et de la Police, Beat Jans, en Algérie a permis de soulever le dossier sensible de la récupération des fonds détournés.

Reçu lundi par le ministre de la Justice et Garde des Sceaux, Lotfi Boudjemaa, le responsable suisse a réaffirmé l’engagement ferme de son pays à intensifier cette collaboration stratégique, déclarant sans ambiguïté que « la Suisse est déterminée à coopérer avec l’Algérie dans ce domaine ».

Cette rencontre au sommet s’inscrit dans une dynamique positive qui caractérise désormais les relations algéro-suisses, témoignant d’une volonté commune de lutter efficacement contre la criminalité financière transfrontalière. Le ministre de la Justice a souligné que les discussions ont permis d’explorer « les perspectives de renforcement de la coopération bilatérale, notamment en matière de justice pénale relative au recouvrement des fonds détournés », ajoutant qu' »une coopération très positive » a été enregistrée dans ce domaine crucial. Cette collaboration revêt une importance particulière pour l’Algérie qui s’efforce de récupérer les capitaux illicitement transférés à l’étranger, notamment vers les places financières européennes. Depuis la chute du président Abdelaziz Bouteflika en avril 2019, des enquêtes sur la grande corruption ont été lancées et qui ont abouti à la condamnation de plusieurs hommes politiques et oligarques à de lourdes peines de prison. Dans le même temps, elle a lancé une opération visant à récupérer l’argent transféré illégalement à l’étranger par les personnes condamnées par la justice, une traque qui concerne une trentaine de pays. La Suisse, qui figure parmi les pays de destination de ces fonds, se dit prête à coopérer avec l’Algérie pour les récupérer. L’Algérie a d’ores et déjà présenté à la Suisse au moins deux dossiers de récupération des fonds détournés, le premier concernant l’ancien ministre de l’Industrie et des mines Abdeslam Bouchouareb et le second l’ex-ministre de l’Énergie Chakib Khelil. L’engagement suisse dans cette démarche témoigne d’une évolution positive de la position des centres financiers internationaux face aux demandes de coopération judiciaire en matière de criminalité économique et financière.

Coopération policière

Au-delà de la question des fonds détournés, la visite de Beat Jans a également été marquée par la signature d’un accord de coopération bilatérale entre les services de police des deux pays, coprésidée par le ministre algérien de l’Intérieur Brahim Merad. Cet accord ambitieux, paraphé par le Directeur général de la Sûreté nationale Ali Badaoui et la Directrice de la police suisse Eva Wildi, établit un cadre opérationnel pour combattre les différentes formes de criminalité transnationale, économique et financière, ainsi que les crimes liés à la migration clandestine, à la traite des êtres humains et au trafic de drogues.

L’accord prévoit également un renforcement significatif de la coopération dans le domaine de la cybersécurité, secteur devenu crucial dans la lutte contre la criminalité moderne. Les échanges d’expertise et les programmes de formation conjoints entre les forces de police des deux pays constituent un autre pilier de cette collaboration renforcée, permettant une mise à niveau continue des compétences et des techniques d’investigation. Le ministre algérien de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire a précisé que cette coopération s’appuie sur l’arsenal juridique récemment renforcé de l’Algérie avec « de nouvelles lois adaptées sur la lutte contre la criminalité transnationale, la cybercriminalité, la traite des êtres humains, la migration clandestine et tous types de délinquance ». Cette modernisation législative offre désormais un cadre juridique solide pour une collaboration efficace avec les partenaires internationaux, particulièrement dans des domaines aussi sensibles que la récupération d’avoirs criminels.

La formation prochaine d’un groupe de travail conjoint, annoncée par Brahim Merad, constituera l’instrument opérationnel chargé de concrétiser les clauses de l’accord. Cette structure permanente permettra un suivi régulier des dossiers en cours et facilitera la coordination des actions entre les services compétents des deux pays. Elle incarnera la volonté commune de dépasser le stade des déclarations d’intention pour entrer dans une phase véritablement opérationnelle de la coopération sécuritaire.

Le ministre suisse a salué les efforts de l’Algérie dans la lutte contre les crimes transfrontaliers, reconnaissant la qualité du partenariat établi dans les domaines de la justice, de la police et de la lutte contre la migration clandestine. Beat Jans a estimé que sa visite « permettra de renforcer la coopération bilatérale, afin de relever les défis communs », soulignant que les deux pays partagent « des liens diplomatiques et historiques forts » qui constituent un socle solide pour cette collaboration approfondie. Hocine Fadheli

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