Droits de douane: Trump menace les BRICS, Pékin appelle à éviter la confrontation
Donald Trump a intensifié sa guerre commerciale en menaçant dimanche d’imposer 10% de droits de douane supplémentaires aux pays qui s’alignent sur les BRICS, provoquant une réaction mesurée mais ferme de Pékin qui a appelé à éviter la confrontation tout en réaffirmant que les guerres commerciales ne font pas de gagnants. Cette escalade intervient alors que le groupe des onze pays émergents, réuni à Rio de Janeiro, avait exprimé ses sérieuses préoccupations face aux mesures douanières unilatérales américaines.
Sur la plateforme Truth Social, le président américain a été catégorique dans ses menaces. « Tout pays s’alignant sur les politiques antiaméricaines des BRICS se verra appliquer un droit de douane supplémentaire de 10%. Il n’y aura pas d’exception à cette politique », a-t-il écrit sans fournir de précisions sur les critères d’évaluation de cet alignement. Cette déclaration s’accompagne de l’annonce de l’envoi imminent de quinze lettres menaçantes aux partenaires commerciaux récalcitrants, marquant une nouvelle étape dans l’offensive protectionniste de l’administration Trump.
La réaction chinoise, exprimée par Mao Ning, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, a privilégié la diplomatie tout en maintenant une position de principe. « En ce qui concerne l’imposition de droits de douane, la Chine a toujours affirmé sa position selon laquelle les guerres commerciales et tarifaires ne font pas de gagnants et que le protectionnisme ne permet pas d’avancer », a-t-elle déclaré. Pékin a présenté les BRICS comme « une importante plateforme pour la coopération entre marchés émergents et pays en développement » qui « prône l’ouverture, l’inclusion et la coopération gagnant-gagnant » et « ne se livre pas à la confrontation des camps et ne vise aucun pays ».
Cette tension survient dans un contexte particulier pour les BRICS, dont le sommet annuel de Rio de Janeiro a été marqué par des absences significatives. Pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir en 2012, le président chinois Xi Jinping n’a pas participé physiquement au rendez-vous. Vladimir Poutine, visé par un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale, a également participé en visioconférence, célébrant néanmoins « l’autorité et l’influence » des BRICS.
Malgré ces absences, les dirigeants présents ont adopté une déclaration commune exprimant leurs « sérieuses préoccupations » face à l’augmentation des mesures douanières et non douanières unilatérales qui faussent le commerce. Sans nommer explicitement les États-Unis ou Donald Trump, ils ont alerté sur le fait que de telles mesures « affectent les perspectives de développement économique mondial ». Le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, hôte du sommet, a déploré un « effondrement sans précédent du multilatéralisme », illustrant les tensions croissantes entre les approches économiques américaine et celle prônée par les pays émergents.
Les BRICS, créés initialement pour rééquilibrer l’ordre mondial au bénéfice du « Sud global » face à l’Occident, ont considérablement élargi leur influence depuis 2023 avec l’intégration de l’Arabie saoudite, de l’Égypte, des Émirats arabes unis, de l’Éthiopie, de l’Iran et de l’Indonésie. Ce groupe représente désormais près de la moitié de la population mondiale et 40% du PIB planétaire, constituant un contrepoids économique majeur face aux politiques protectionnistes américaines.
La menace trumpienne intervient alors que de nombreux pays, dont la Chine, sont engagés dans des négociations délicates avec Washington sur les questions commerciales. L’administration américaine a fixé des délais serrés pour la conclusion d’accords, menaçant de rétablir les niveaux élevés de taxes sur les importations fixés en avril pour les pays récalcitrants. Cette stratégie de pression maximale reflète la volonté de Trump de redéfinir les relations commerciales mondiales selon les intérêts américains, quitte à provoquer une fragmentation accrue du système commercial international et à alimenter les tensions géopolitiques avec les principales puissances émergentes. R.I.
