CAN-2025 (Dames): Les Vertes à l’heure de vérité
Les Vertes n’ont besoin que d’un point pour décrocher leur première qualification en quarts de finale de la Coupe d’Afrique des Nations.
L’équipe nationale féminine de football s’apprête à vivre un moment historique ce dimanche à 20h00 au stade de Casablanca. Face au Nigeria, ogre du football féminin africain, les protégées de Farid Benstiti n’ont besoin que d’un point pour décrocher leur première qualification en quarts de finale de la Coupe d’Afrique des Nations, un exploit qui marquerait une rupture avec trente années de désillusions continentales. Deuxièmes du groupe B avec quatre unités, les Algériennes occupent une position enviable mais périlleuse à deux journées du terme de la phase de groupes. Leur parcours jusqu’ici illustre parfaitement les progrès accomplis sous la houlette du sélectionneur national. La victoire inaugurale face au Botswana (1-0) avait donné le ton d’une équipe décomplexée, capable de gérer la pression d’un retour sur la scène continentale après une absence de six longues années. Le match nul concédé jeudi face à la Tunisie (0-0) a confirmé cette maturité tactique, même si les Vertes peuvent nourrir des regrets tant elles ont dominé leurs voisines maghrébines.
Cette rencontre tuniso-algérienne a révélé une équipe d’Algérie métamorphosée, maîtresse du tempo avec 70% de possession de balle et plusieurs occasions franches non concrétisées. Les coéquipières de Marine Dafeur ont montré un visage séduisant, alternant pressing haut et construction patiente, preuve que le travail mené en amont porte ses fruits. Cette prestation rassurante contraste avec les cinq précédentes participations où les Vertes n’avaient jamais franchi le cap du premier tour, échouant systématiquement en 2004, 2006, 2010, 2014 et 2018.
L’adversaire de dimanche n’a rien d’un faire-valoir. Le Nigeria, avec ses onze titres continentaux sur quatorze éditions disputées, représente l’aristocratie du football féminin africain. Les Super Falcons, déjà qualifiées après leurs deux victoires face à la Tunisie (3-0) et au Botswana (1-0), abordent ce dernier match de poule avec la sérénité du leader incontesté. Leurs six points et leur différence de buts positive de quatre unités (+4) témoignent d’une supériorité qui ne souffre d’aucune contestation dans ce groupe B.
Les précédents entre les deux sélections plaident en faveur des Nigérianes. Les dernières confrontations, disputées en octobre 2024 à Lagos lors d’une double confrontation amicale, avaient tourné à l’avantage des Super Falcons (2-0 puis 4-1). Ces résultats, bien que défavorables, avaient permis aux Algériennes de jauger leur niveau face à l’élite africaine et d’identifier les axes d’amélioration nécessaires. Farid Benstiti, lucide sur les forces en présence, refuse de se réfugier derrière les statistiques : « Nous ne sommes pas dans les calculs, on est plus dans le fait que notre équipe doit progresser, et comment faire pour passer ce premier tour face à une grosse équipe du Nigeria. »
Cette philosophie pragmatique reflète l’état d’esprit d’une sélection qui a su tirer les leçons du passé. L’effectif de vingt-six joueuses retenu pour cette CAN décalée à 2025 mélange expérience et jeunesse, avec un noyau dur qui a vécu les échecs précédents et une nouvelle génération porteuse d’espoirs. La qualification obtenue en décembre 2023 face au Burundi (5-1 puis 1-0) avait déjà montré les ambitions retrouvées d’une équipe nationale longtemps à la traîne sur la scène continentale.
La configuration du groupe offre aux Algériennes un boulevard vers les quarts de finale. Avec la Tunisie troisième à seulement un point et le Botswana virtuellement éliminé, les calculs semblent simples : un nul suffit pour valider le ticket. Mais le football féminin africain a montré à maintes reprises que les surprises restent possibles, d’autant que les Nigérianes, malgré leur qualification acquise, voudront terminer en beauté devant leurs nombreux supporters.
L’enjeu dépasse largement le cadre sportif. Une qualification algérienne marquerait une étape symbolique dans le développement du football féminin national, longtemps parent pauvre des instances dirigeantes. Les investissements consentis ces dernières années, tant sur le plan infrastructurel que dans la formation des joueuses, trouveraient enfin leur récompense. Ce dimanche, les Vertes ont rendez-vous avec l’histoire, conscientes qu’une simple égalité les propulserait vers un territoire inexploré : les quarts de finale d’une Coupe d’Afrique des Nations.
Moncef Dahleb