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Accord d’association avec l’UE: Alger exige la réactivation du conseil d’association

Le ministre d’État, ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines, Ahmed Attaf, a reçu samedi un appel téléphonique de la vice-présidente de la Commission européenne, Haute représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Kaja Kallas.

Cet entretien téléphonique s’inscrit dans la continuité des efforts diplomatiques visant à redynamiser les relations algéro-européennes et à corriger les déséquilibres structurels qui caractérisent le partenariat actuel entre les deux parties. Les discussions entre les deux responsables ont porté, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères, sur « l’état et les perspectives des relations entre l’Algérie et l’Union européenne, aussi bien dans leur volet bilatéral relatif à l’accord d’association entre les deux parties, que dans le cadre multilatéral incluant les pays de la rive sud de la Méditerranée ». Au niveau bilatéral, M. Attaf a particulièrement insisté sur « la nécessité d’activer le principal mécanisme chargé de réglementer l’association algéro-européenne, à savoir le Conseil d’association, qui demeure le cadre idoine pour traiter toutes les questions d’intérêt commun, tant politiques qu’économiques ». Cette position réaffirme la volonté algérienne de voir fonctionner pleinement les mécanismes institutionnels prévus par l’accord d’association, un instrument qui fait l’objet de discussions approfondies entre les deux parties depuis plusieurs mois. Cette exigence s’inscrit dans une démarche plus large de révision de l’accord d’association, déséquilibré et inadapté aux réalités économiques actuelles. Les entretiens ont également abordé la dimension multilatérale de la coopération, les deux parties ayant échangé leurs vues sur le projet de Charte pour la Méditerranée, qui fait actuellement l’objet de concertations entre l’UE et les pays de la rive sud. Au terme de l’entretien téléphonique, « les deux parties sont convenues de poursuivre et d’intensifier les efforts visant à conférer l’équilibre requis au partenariat économique entre l’Algérie et l’UE, de manière à préserver les intérêts des deux parties et de contribuer au renforcement de la paix, de la sécurité et du développement durable dans l’espace euro-méditerranéen », conclut le communiqué. Il est utile de rappeler dans ce contexte que l’Algérie a exigé la révision de l’accord d’association sur de nouvelle bases en vue d’un partenariat plus équilibré. La position d’Alger trouve sa justification dans les transformations économiques profondes qu’a connues le pays depuis la signature de l’accord en 2005. Le président Abdelmadjid Tebboune avait souligné lors du Conseil des ministres du 26 janvier que « la révision de cet accord est dictée par des réalités économiques », rappelant qu’en 2005, « les exportations de l’Algérie reposaient essentiellement sur les hydrocarbures, alors qu’aujourd’hui, nos exportations hors hydrocarbures se sont diversifiées et élargies, notamment dans les secteurs de la production agricole, des minerais, du ciment et des produits alimentaires ». Les déséquilibres de l’accord actuel ont été particulièrement dénoncés par le ministre Ahmed Attaf, qui l’avait qualifié en décembre dernier de « boulet au pied de l’économie nationale ». Les chiffres qu’il avait présentés sont révélateurs : entre 2005 et 2023, alors que les échanges commerciaux ont atteint près de 1000 milliards de dollars pour les produits européens en Algérie, les investissements européens n’ont totalisé que 13 milliards de dollars, dont 12 milliards ont été rapatriés sous forme de dividendes, laissant à l’Algérie un bénéfice net d’à peine un milliard de dollars sur cette période. Cette situation explique l’urgence ressentie par les autorités de réviser un accord jugé défavorable et de mettre en place des mécanismes institutionnels plus efficaces pour défendre les intérêts nationaux. L’entretien téléphonique de samedi s’inscrit dans la continuité des rencontres entre M. Attaf et Mme Kallas, notamment celle qui s’était déroulée en mai dernier à Bruxelles en marge de la troisième réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Union africaine et de l’Union européenne. Cette rencontre avait marqué une étape importante dans le processus de redynamisation des relations algéro-européennes, avec des discussions approfondies sur la révision de l’accord d’association et la réactivation des mécanismes institutionnels. L’évolution de la position européenne intervient dans un contexte où l’ambassadeur de l’Union européenne en Algérie, Diego Mellado, avait affiché au mois de février la volonté claire de Bruxelles de donner un nouveau souffle à ce partenariat stratégique, soulignant que l’année 2025 constituerait « une bonne occasion de les approfondir et de les consolider sur la base d’un partenariat gagnant-gagnant ». Cette reconnaissance du besoin de révision fait écho aux demandes répétées de l’Algérie, qui plaide depuis longtemps pour un rééquilibrage de l’accord et une meilleure prise en compte de ses intérêts économiques et stratégiques dans le cadre du partenariat avec l’Union européenne. Le diplomate européen avait également reconnu qu’il « est possible d’attirer plus d’investissements européens en Algérie, de développer et de faciliter nos échanges commerciaux et d’intégrer nos économies », de même qu’il a admis la légitimité de la démarche algérienne visant à diversifier son économie, soulignant qu’elle s’alignait avec les objectifs de l’UE de consolidation de sa base industrielle. Il avait alors souligné l’ambition de l’UE de consolider son partenariat stratégique avec l’Algérie dans le cadre du pacte pour la Méditerranée. « Après 20 ans de mise en œuvre de l’accord d’association, et face aux nouvelles réalités géostratégiques, c’est le moment pour revisiter notre partenariat et regarder nos relations dans leur globalité, notamment dans le cadre du nouveau pacte pour la Méditerranée », avait-il déclaré. Salim Amokrane

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