Nouvelles règles de circulation routière : Des mesures drastiques pour stopper l’hécatombe
Le Gouvernement vient d’officialiser une réforme majeure du code de la route qui va bouleverser les habitudes des conducteurs.
Le décret exécutif n°25-169 du 22 juin 2025 modifiant et complétant le décret exécutif n° 04-381 du 28 novembre 2004 fixant les règles de la circulation routière, introduit des changements radicaux, notamment l’obligation d’équiper les motos puissantes d’un système ABS et l’immatriculation obligatoire des cyclomoteurs. La mesure la plus spectaculaire concerne les motocyclettes de forte puissance. Désormais, tout véhicule à deux roues « au-delà de la puissance maximale nette supérieure à 73,6 kilowatts, le véhicule doit être équipé d’un système de freinage antiblocage (ABS) ». Cette disposition, qui vise les motos les plus puissantes, répond à la recrudescence des accidents mortels impliquant ces véhicules, particulièrement prisés par les jeunes conducteurs. L’ABS, système qui empêche le blocage des roues lors d’un freinage d’urgence, devient donc obligatoire pour toutes les motos dépassant 100 chevaux.
Fini la carte grise
La refonte du système d’immatriculation constitue l’autre révolution majeure de cette réforme. Fini la « carte grise » : elle est désormais remplacée par la « carte d’immatriculation » dans tout le corpus législatif. Plus symbolique encore, les cyclomoteurs, ces petits deux-roues jusqu’alors exempts de nombreuses contraintes, entrent désormais dans le régime commun. Le texte stipule que « l’immatriculation des cyclomoteurs se fait selon les mêmes règles que celles prévues pour les véhicules automobiles » et que « les conducteurs de ces cyclomoteurs sont tenus de présenter la carte d’immatriculation du véhicule à toute réquisition des agents habilités ». Cette mesure vise à mieux contrôler ces engins souvent utilisés sans respect des règles de circulation, particulièrement en milieu urbain.
Le nouveau décret durcit également les procédures administratives. Désormais, « tout véhicule à moteur, toute remorque dont le poids total autorisé en charge est supérieur à 500 kg, toute semi-remorque doit, avant sa première mise en circulation faire l’objet d’un contrôle de conformité par l’administration chargée des mines ». Cette disposition renforce le contrôle technique préalable à la mise en circulation, élargissant notamment le champ d’application aux remorques de plus de 500 kg.
L’âge minimal pour conduire certaines catégories de véhicules a été revu à la hausse. Le permis de conduire de catégorie A1, qui autorise la conduite des « motocyclettes à deux roues ou plus dont la cylindrée est supérieure à 50 centimètres cubes et n’excède pas 125 centimètres cubes », reste accessible dès 16 ans. En revanche, pour les catégories plus lourdes, l’âge minimal passe à « vingt-trois ans pour les catégories B(E), C1 et C1(E) » et « vingt-cinq ans pour les catégories C, C(E), D et D(E) ».
Changements pour le permis
La durée de validité des permis de conduire fait également l’objet d’une refonte. Le texte précise que la validité est fixée à « cinq ans pour les catégories C1, C1(E), C, C(E), D et D(E) » et « dix ans pour les catégories A1, A, B, B(E) et F ». Pour les conducteurs âgés, la fréquence de renouvellement s’intensifie : « tous les deux ans pour les conducteurs âgés de soixante-cinq ans et plus » pour les catégories lourdes. Ces nouvelles dispositions interviennent face à un bilan alarmant qui justifie l’urgence des mesures adoptées. Les statistiques de 2024 révèlent en effet une hécatombe sur les routes algériennes : 3 740 morts et 35 556 blessés, soit une augmentation de 15% des accidents par rapport à 2023. Selon la Délégation Nationale à la Sécurité Routière, « le facteur humain reste la principale cause des accidents de la route en Algérie, étant responsable de 96,36% des cas ». Ces chiffres dramatiques expliquent la fermeté des nouvelles mesures, qui visent à responsabiliser davantage les usagers de la route et à renforcer les contrôles pour inverser cette tendance meurtrière.
Lyna Larbi