Pétrole: L’OPEP maintient ses prévisions de demande
L’Organisation des pays exportateurs de pétrole affiche un optimisme mesuré face aux turbulences géopolitiques actuelles, maintenant ses prévisions de croissance de la demande mondiale de pétrole pour 2025 et 2026 dans son rapport mensuel publié mardi. L’organisation estime que l’économie mondiale pourrait afficher de meilleures performances que prévu au second semestre de l’année, malgré les conflits commerciaux persistants et l’approche de l’échéance du 1er août fixée par l’administration américaine pour conclure des accords commerciaux. Cette perspective encourageante s’appuie sur des indicateurs économiques robustes observés dans plusieurs régions clés, notamment l’Inde, la Chine et le Brésil qui surpassent les attentes, tandis que les États-Unis et la zone euro connaissent un rebond continu par rapport à l’année précédente. L’OPEP maintient sa prévision de croissance de la demande pétrolière à 1,3 million de barils par jour pour 2025 comme pour 2026, établissant la demande totale respectivement à 105,1 millions de barils par jour et 106,4 millions de barils par jour. Ces projections demeurent inchangées par rapport aux rapports de mai et juin, après une révision à la baisse en avril qui avait ramené les prévisions de 1,4 à 1,3 million de barils par jour, principalement en raison des annonces de droits de douane américains. L’organisation souligne que l’économie mondiale continue de montrer des dynamiques sous-jacentes saines, avec une consommation privée solide et des ventes au détail résilientes soutenant la croissance dans les principales économies.
Le rapport anticipe néanmoins que des accords commerciaux raisonnables seront conclus avec la plupart des partenaires commerciaux des États-Unis, ce qui contribuerait à atténuer l’incertitude économique actuelle. Cette perspective optimiste faciliterait les plans de l’OPEP+ d’augmenter progressivement sa production pour regagner des parts de marché après des années de réductions destinées à soutenir les cours. L’alliance regroupant l’OPEP, la Russie et d’autres alliés a d’ailleurs décidé le 5 juillet d’augmenter sa production de 548 000 barils par jour en août, accélérant ainsi les hausses de production.
Du côté de la demande, l’OPEP estime qu’en 2025 comme en 2026, l’essentiel de la croissance sera tirée par les pays non membres de l’OCDE, pour environ 1,2 million de barils par jour, notamment en Inde et en Chine, contre seulement 0,1 million de barils par jour pour les pays membres de l’OCDE qui réunit essentiellement des pays développés. Cette répartition géographique reflète la dynamique économique mondiale actuelle, où les économies émergentes continuent d’afficher une croissance plus soutenue que les pays développés. L’organisation note également que l’absorption mondiale de pétrole brut par les raffineries a enregistré une hausse marquée de 2,1 millions de barils par jour en juin par rapport à mai, les raffineurs reprenant leurs activités après les opérations de maintenance.
Les prévisions de l’OPEP se situent dans la fourchette haute des estimations du secteur, l’organisation anticipant une transition énergétique plus lente que d’autres prévisionnistes. L’Agence internationale de l’énergie a d’ailleurs révisé à la baisse ses prévisions de demande la semaine dernière, tout en précisant que le marché pourrait être plus tendu qu’il n’y paraît, les raffineries intensifiant leurs traitements pour répondre à la demande estivale de carburants de transport. Les cours du pétrole sont restés relativement stables malgré une hausse de production OPEP+ plus importante que prévu et l’ultimatum de 50 jours fixé par le président américain Donald Trump à la Russie pour mettre fin à la guerre en Ukraine, trouvant un soutien dans la hausse saisonnière de la demande.
Concernant l’offre, la production des pays hors OPEP devrait croître de 0,8 million de barils par jour en 2025 et de 0,7 million en 2026, tirée par le quartet États-Unis, Brésil, Canada et Argentine, soit une production estimée respectivement de 54 millions de barils par jour et de 54,7 millions de barils par jour. Le rapport révèle également qu’en juin, l’OPEP+ a produit 41,56 millions de barils par jour, en hausse de 349 000 barils par jour par rapport à mai, bien que cette augmentation soit légèrement inférieure aux 411 000 barils par jour prévus par les quotas du groupe.
Sabrina Aziouez