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Annaba : Démolition d’une construction illégale dans le Jardin méditerranéen

Une construction en béton armé érigée illégalement au cœur du jardin citadin méditerranéen d’Annaba a provoqué un tollé d’indignations chez les habitants et les responsables environnementaux de la wilaya. Cette bâtisse, apparue comme un champignon sur le front de mer de cette zone forestière protégée où toute construction en dur est formellement interdite, illustre les pressions exercées sur ce patrimoine naturel exceptionnel. La réaction des services de la direction de l’environnement face à cette violation manifeste n’a pas tardé, alertant immédiatement les plus hautes autorités locales sur la gravité de ce dépassement. Informé par les services environnementaux, le wali d’Annaba, Abdelkader Djellaoui, a réagi promptement en instruisant les services compétents de procéder dans les meilleurs délais à la démolition de la bâtisse réalisée en béton à l’intérieur du jardin. Cette décision s’appuie sur la loi numéro 80-12 du 23 juin 1984 portant régime général des forêts et interdisant toute construction dans le domaine forestier. Le responsable a également exigé l’ouverture d’une enquête judiciaire pour identifier les auteurs et complices de cette violation environnementale caractérisée.

Cette transgression du site du Jardin citadin méditerranéen par le béton armé semble constituer un test pour évaluer les réactions de la direction de l’environnement et du premier responsable de la wilaya face à une tentative de privatisation de ce bien public. Comment expliquer autrement la construction d’un prétendu projet de parc aquatique, incluant une bâtisse en dur de deux étages au sein d’un domaine forestier où toute construction permanente est strictement prohibée ? Cette bâtisse, par son architecture, s’éloigne d’ailleurs considérablement des standards d’un équipement aquatique.

La convoitise suscitée par ce terrain exceptionnel n’a pas laissé indifférents les notables d’Annaba et les élus de la wilaya, qui ont décidé de rompre le silence en dénonçant les atteintes au domaine forestier, la dilapidation et la destruction des biens publics auxquelles est confronté le jardin méditerranéen implanté au site balnéaire de Ras El Hamra. S’étendant sur 65 hectares, ce jardin est censé servir de poumon vert à la ville d’Annaba, particulièrement après la destruction de centaines d’hectares de couvert forestier dans les monts de Séraidi, destruction massive qui a fortement impacté la faune, la flore et l’ensemble de l’écosystème régional.

En souffrance depuis des années, ce jardin citadin qui domine un versant plongeant dans la Méditerranée peine à trouver la bonne volonté nécessaire pour valoriser les atouts paradisiaques dont il dispose. Aucun projet n’est parvenu à concrétiser les espérances placées dans cet espace naturel exceptionnel. Tous les projets situés à l’intérieur de ce parc avaient d’ailleurs été gelés par décision de l’ex-wali Djamel-Eddine Berrimi, suite à un rapport accablant de la direction de l’environnement dénonçant les violations commises par certains opérateurs. Cette décision était motivée par une gestion chaotique ayant mené à la dégradation d’un site exceptionnel.

Des concessions irrégulières avaient été attribuées à des projets comprenant des constructions en dur et des installations précaires, sans aucun respect pour l’environnement. La direction de l’environnement avait alors gelé toutes les concessions irrégulières et saisi la tutelle, ce domaine relevant exclusivement des prérogatives de l’Agence algérienne de promotion de l’investissement selon la loi en vigueur. Selon des sources de la direction environnementale, des correspondances adressées au wali d’Annaba et aux plus hautes instances du pays révèlent que la direction régionale de l’Agence nationale de développement du tourisme aurait octroyé de gré à gré des parcelles à l’intérieur du jardin citadin à une dizaine d’investisseurs, malgré le gel officiel de toute nouvelle attribution foncière. Baptisé en 2020 au nom du martyr Aziz Daâmach, cet espace côtier de détente qui a nécessité un investissement de plus de 56 milliards de centimes n’a malheureusement pas pu générer la valeur ajoutée escomptée pour l’industrie et l’économie touristique locale et nationale.

Sofia Chahine

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