Visite du président zimbabwéen en Algérie : Un partenariat économique renforcé et une convergence politique totale
Le président de la République du Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa, a achevé dimanche une visite officielle de deux jours en Algérie qui aura marqué une étape importante dans les relations bilatérales. Cette rencontre diplomatique au sommet, couronnée par la signature de plusieurs accords et mémorandums d’entente, illustre la volonté commune des deux nations de hisser leur coopération à un niveau supérieur, tant sur le plan économique que politique. Pour le président de la République Abdelmadjid Tebboune, cette visite revêt une importance stratégique particulière dans le contexte géopolitique actuel, où l’Algérie cherche à renforcer ses partenariats africains et à diversifier ses relations internationales. « Nous partageons une même fierté et un même héritage, liés à la lutte de libération africaine, qui nous incitent à renforcer nos relations historiques », a déclaré le Président Tebboune lors de la déclaration conjointe à la presse, soulignant ainsi les fondements historiques qui unissent les deux pays depuis leurs luttes respectives pour l’indépendance. L’accent mis par le président de la République sur la dimension économique de cette coopération traduit une volonté claire de transformer les relations politiques solides en partenariats économiques concrets et durables. Au cœur des discussions entre les deux chefs d’État, la question du renforcement de la coopération économique a occupé une place centrale. Tebboune a notamment annoncé la « création d’un Conseil d’affaires conjoint et d’encourager les opérateurs économiques à explorer les opportunités d’investissement dans les deux pays », une initiative qui s’inscrit dans la stratégie algérienne de diversification économique et d’ouverture vers l’Afrique. Cette approche pragmatique s’est concrétisée par l’organisation d’une rencontre de travail réunissant des hommes d’affaires algériens et zimbabwéens, facilitant ainsi les échanges directs entre les acteurs économiques des deux pays. Le président de la République a également saisi cette occasion pour inviter son homologue zimbabwéen à « participer à la 4e édition de la Foire commerciale intra-africaine, prévue en septembre prochain à Alger », démontrant ainsi la volonté de l’Algérie de se positionner comme un hub commercial continental. Les visites effectuées par Mnangagwa au Pôle scientifique et technologique de Sidi Abdallah, à l’entreprise nationale des matériels agricoles et de pêche (ENMAP) et au siège du Groupe pharmaceutique Saidal témoignent de l’intérêt du Zimbabwe pour l’expertise algérienne dans des secteurs stratégiques comme l’agriculture et la pharmacie.
Palestine et Sahara occidental au cœur des discussions
Sur le plan politique et diplomatique, la visite a permis de confirmer « la convergence totale des positions entre l’Algérie et le Zimbabwe, notamment sur la promotion des solutions pacifiques aux conflits en Afrique, le nécessaire respect de la souveraineté des Etats, le rejet des ingérences étrangères et l’impératif de privilégier les solutions africaines aux problèmes africains », selon les termes du Président Tebboune. Cette convergence de vues s’est particulièrement manifestée sur les dossiers sensibles de la Palestine et du Sahara occidental, deux causes qui tiennent à cœur à la diplomatie algérienne. Concernant la Palestine, Tebboune a réaffirmé que les deux pays ont « réitéré notre condamnation des crimes commis contre le peuple palestinien frère et réaffirmé notre soutien à son droit légitime à l’établissement de son Etat indépendant ». Sur la question sahraouie, il a précisé que « nous avons renouvelé notre soutien aux efforts des Nations Unies visant à permettre au peuple sahraoui d’exercer son droit à l’autodétermination », une position que partage pleinement le Zimbabwe. De son côté, Mnangagwa a exprimé la solidarité « inébranlable et constante » de son pays avec le peuple sahraoui dans « sa lutte juste pour l’autodétermination » et réaffirmé son « soutien au dialogue visant à mettre fin au conflit en Palestine et à assumer la responsabilité vis-à-vis de la situation dramatique endurée par les habitants de Ghaza ». Dans sa dimension sécuritaire, cette visite a également permis à Tebboune de réaffirmer, en sa qualité de Coordonnateur de l’Union africaine en matière de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, « l’engagement de l’Algérie à poursuivre son rôle d’appui aux efforts de l’Union africaine en faveur de la paix et de la sécurité et dans la lutte contre le terrorisme, le crime organisé et la migration clandestine ». Cette dimension continentale de l’action algérienne s’inscrit dans une stratégie plus large visant à positionner l’Algérie comme un acteur majeur de la stabilité régionale et africaine. Le président zimbabwéen, pour sa part, a salué l’Algérie comme un « pays ami avec lequel le Zimbabwe entretient des relations fortes et enracinées en matière de solidarité et de lutte contre le colonialisme », rappelant le soutien historique de l’Algérie à l’indépendance du Zimbabwe. Il a également souligné le « caractère révolutionnaire » de ces relations qui découlent de « l’esprit de solidarité et de lutte continue contre le colonialisme et l’impérialisme », établissant ainsi un parallèle entre les deux expériences de libération nationale.
Cette visite s’inscrit également dans une logique de coopération Sud-Sud et de renforcement des liens intra-africains, conformément aux orientations stratégiques de la politique étrangère algérienne. Mnangagwa a d’ailleurs déclaré qu' »à l’heure de la dynamique géopolitique, du développement du commerce et des progrès technologiques, le Zimbabwe a besoin de coopérer et de nouer des partenariats avec des pays avec lesquels il partage les mêmes valeurs et les mêmes ambitions ». Cette approche commune permettra aux deux pays de « concrétiser leur volonté commune d’œuvrer à réformer l’ordre mondial, de contribuer à mettre fin à la prolifération des armes et des conflits, ainsi que de lutter contre le terrorisme », selon le président zimbabwéen. Les accords signés lors de cette visite, que Tebboune a qualifiés d' »avancée précieuse qui vient renforcer la coopération bilatérale et les cadres juridiques qui permettront d’établir le partenariat que nous appelons de nos vœux », ouvrent ainsi de nouvelles perspectives pour une coopération multisectorielle entre l’Algérie et le Zimbabwe, deux nations unies par une histoire commune de résistance et une vision partagée de l’avenir africain.Salim Amokrane