L’élaboration d’un cahier des charges lancée : Asseoir une base industrielle dans l’électronique et l’électroménager
L’industrie électronique et électroménagère en Algérie, longtemps dominée par les importations, est aujourd’hui en pleine mutation. Le pays s’efforce de réduire sa dépendance et d’accélérer la production nationale dans un contexte de hausse des importations et de pression économique croissante.
À cet égard, le ministère de l’Industrie a lancé le processus d’élaboration d’un cahier des charges spécifique visant à structurer le secteur et à soutenir son développement. Cette démarche s’inscrit dans le cadre de « l’approche participative et consultative » adoptée par le ministère pour organiser et relancer les différentes activités industrielles du pays.
Le ministre de l’Industrie, le docteur Sifi Ghrib, a présidé jeudi dernier au siège de son département une réunion rassemblant les opérateurs économiques actifs dans le domaine de l’industrie électroménagère et électronique. Cette rencontre avait pour objectif principal de constituer « un groupe de travail chargé de l’élaboration d’un cahier des charges et d’un référentiel spécifique à cette activité stratégique ». La démarche témoigne de la volonté gouvernementale d’associer étroitement le secteur privé à la définition des orientations industrielles nationales, une collaboration essentielle pour répondre aux défis et transformer les ambitions du pays en réalisations concrètes.
L’objectif principal de cette démarche est de promouvoir une véritable industrie nationale dans les secteurs de l’électronique et de l’électroménager, selon un communiqué du ministère de l’Industrie. Le cahier des charges en préparation vise à définir les normes et exigences techniques pour les fabricants locaux, tout en prévoyant des mécanismes de soutien pour renforcer l’intégration des composants locaux et favoriser la compétitivité des produits algériens sur les marchés étrangers, notamment en Afrique.
Au cours de cette séance de travail, « le ministre a écouté les préoccupations des opérateurs économiques et des professionnels » du secteur, démontrant ainsi l’importance accordée au dialogue avec les acteurs de terrain. Cette approche consultative vise à garantir que le futur cahier des charges reflète fidèlement les réalités du marché et les besoins concrets des industriels. Le ministre a particulièrement « souligné la nécessité d’accélérer la finalisation de l’élaboration du cahier des charges dans les plus brefs délais ».
Cette urgence se justifie par les résultats déjà obtenus par certaines entreprises nationales qui démontrent le potentiel du secteur. L’Algérie possède déjà des exemples réussis de son potentiel industriel.
L’objectif affiché est de « mettre en place un cadre réglementaire clair et efficace pour soutenir et développer cette filière ». Cette régulation renforcée devrait permettre d’encadrer plus efficacement les activités du secteur tout en offrant aux opérateurs économiques la visibilité nécessaire pour leurs investissements à moyen et long terme. Le cadre réglementaire envisagé devrait également faciliter l’accès aux financements et aux différents dispositifs de soutien public.
Cette « initiative consultative lancée par le ministère depuis plus de deux mois » s’inscrit dans une vision ambitieuse de transformation industrielle. L’objectif principal consiste à « construire une industrie électronique et électroménagère nationale véritable », marquant ainsi une rupture avec la dépendance excessive aux importations qui caractérise actuellement ce secteur. Cette ambition de souveraineté industrielle s’appuie sur une stratégie en plusieurs volets, dont les premiers résultats encourageants laissent présager un développement prometteur.
Le premier axe stratégique vise à « renforcer l’écosystème de sous-traitance locale », favorisant ainsi l’émergence d’un tissu industriel intégré où les entreprises nationales pourront développer des partenariats durables. Cette approche devrait permettre de créer des synergies entre les différents acteurs de la filière et de développer progressivement l’expertise technique locale. La sous-traitance locale représente un levier essentiel pour le transfert de technologie et le développement des compétences nationales, comme l’illustrent les taux d’intégration locale déjà atteints par certaines entreprises.
Le deuxième objectif consiste à « réduire la facture d’importation », enjeu crucial pour l’équilibre de la balance commerciale du pays. Le secteur de l’électroménager et de l’électronique représente actuellement une part importante des importations nationales, générant une sortie significative de devises. Le développement d’une production locale permettrait non seulement de réduire cette dépendance mais aussi de créer de la valeur ajoutée sur le territoire national. Le troisième pilier de cette stratégie vise à « ouvrir de nouveaux horizons à l’exportation, notamment vers les marchés africains aux grandes potentialités ». L’Algérie entend ainsi tirer parti de sa position géographique stratégique et de ses liens historiques avec le continent africain pour développer de nouveaux débouchés commerciaux.
L’industrie électroménagère et électronique est considérée comme un « secteur stratégique » par les autorités, reconnaissance qui s’accompagne d’un engagement fort du ministère. Le ministre a d’ailleurs réaffirmé que son département » reste engagé à accompagner les opérateurs dans ce secteur stratégique », signalant ainsi la continuité de l’action publique dans ce domaine. Cet accompagnement se traduit par la volonté de « fournir les conditions appropriées pour développer leur activité et renforcer leur compétitivité aux niveaux national et international ».
Le cahier des charges en cours d’élaboration devrait précisément définir ces exigences qualitatives et techniques, offrant ainsi un cadre de référence pour l’ensemble des acteurs du secteur.
Samira Ghrib