Culture

Révolution numérique dans le secteur du livre : « Fahrassa » simplifie l’édition 

L’écosystème éditorial s’adapte à l’ère de la numérisation. 

Une révolution en marche est mise en avant avec l’inauguration lundi à la Bibliothèque nationale d’Algérie des portes ouvertes consacrées à la plateforme numérique « Fahrassa », spécialement conçue pour accompagner les éditeurs dans leurs démarches administratives et professionnelles.  Cette initiative, organisée sous l’égide du ministère de la Culture et des Arts en collaboration avec le Syndicat national des éditeurs de livres (SNEL) et l’Organisation nationale des éditeurs de livres (ONEL), marque un tournant technologique majeur pour le secteur du livre en Algérie. Créée en mai 2023 puis actualisée deux ans plus tard, « Fahrassa » incarne l’ambition des autorités algériennes de moderniser et simplifier les processus éditoriaux grâce au numérique. Cette plateforme révolutionnaire permet désormais aux éditeurs d’effectuer à distance des démarches autrefois chronophages, notamment le « dépôt légal à distance d’un manuscrit et l’obtention, sans déplacement, de son International Standard Book Number (ISBN) », comme l’a précisé Mounir Bahadi, directeur général de la Bibliothèque nationale d’Algérie. Ces « nouvelles facilitations devenues possibles grâce à la numérisation » transforment radicalement les habitudes professionnelles du secteur éditorial.

L’événement de trois jours a réuni dès la première journée une vingtaine d’éditeurs venus de différentes régions du pays, témoignant de l’intérêt national suscité par cette innovation technologique. Un exposé technique détaillé a permis de présenter les étapes d’utilisation de cette plateforme actualisée, mettant en lumière les efforts considérables consentis dans la numérisation des services de la Bibliothèque nationale et le renforcement de ses liens avec les professionnels de l’édition. Cette démarche s’inscrit dans une volonté plus large de concertation permanente entre l’institution publique et les acteurs privés du secteur.

Au-delà des aspects purement techniques, ces journées d’information ont constitué un forum d’échanges privilégié pour aborder les défis structurels de l’édition algérienne. Les discussions ont porté sur diverses problématiques terrain, depuis les relations complexes entre auteurs, imprimeurs et éditeurs jusqu’aux manuscrits déposés mais jamais publiés, en passant par les spécificités de la publication au compte d’auteur. La question délicate des maisons d’édition dont la dissolution pour des raisons particulières donne naissance à de nouvelles structures éditoriales a également été évoquée, révélant la dynamique de recomposition permanente du paysage éditorial national.

Mounir Bahadi a profité de cette rencontre pour rappeler aux professionnels présents les exigences de la loi 15-13 du 15 juillet 2015, particulièrement son article 8 qui stipule l’obligation du respect absolu de l’éthique professionnelle dans l’exercice éditorial. Cette réglementation confère même au « simple citoyen-lecteur le droit d’intervenir auprès des autorités officielles pour signaler le contenu de tout manuscrit contraire aux principes, aux valeurs et aux symboles de la Nation », soulignant l’importance accordée à la responsabilité sociale des éditeurs dans la préservation de l’identité culturelle algérienne.

Une perspective particulièrement innovante a émergé des échanges : la possibilité de « trouver un cadre légal entre les éditeurs et les théâtres en Algérie pour l’édition systématique de livres contenant les textes de pièces théâtrales retenues par les différentes commissions de lecture ». Cette proposition ouvre des horizons inédits pour la valorisation du patrimoine dramaturgique national et pourrait considérablement enrichir le catalogue éditorial algérien tout en préservant la mémoire théâtrale du pays.

Cette initiative s’inscrit dans une stratégie globale de modernisation du secteur culturel algérien, où le numérique devient un levier essentiel de développement et de démocratisation. En simplifiant les procédures administratives, « Fahrassa » contribue à lever les obstacles qui freinaient traditionnellement l’émergence de nouveaux éditeurs, particulièrement ceux établis dans les régions éloignées de la capitale. Cette décentralisation virtuelle des services pourrait favoriser l’éclosion d’un tissu éditorial plus dense et géographiquement diversifié. Les deux journées suivantes de ces portes ouvertes promettent d’approfondir ces réflexions et d’affiner les modalités d’utilisation de cette plateforme révolutionnaire qui repositionne l’Algérie à l’avant-garde de la modernisation éditoriale au Maghreb.

Mohand Seghir

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