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Métaux rares et stratégiques : Les Américains invités à investir dans le secteur minier algérien

L’Algérie et les États-Unis redessinent leur partenariat énergétique en plaçant, les hydrocarbures, les métaux rares et les mines au cœur d’une nouvelle stratégie géoéconomique. 

Le ministre d’État, ministre de l’Énergie, des Mines et des Énergies renouvelables Mohamed Arkab a reçu dimancheMassad Boulos, haut conseiller du président américain pour l’Afrique, les affaires arabes et le Moyen-Orient. Une rencontre qui marque un tournant dans les relations bilatérales. Cette audience, qui s’est déroulée au siège du ministère, en présence de la secrétaire d’État chargée des Mines Karima Bakir Tafer, du secrétaire d’État chargé des Énergies renouvelables Noureddine Yassaâ, ainsi que de l’ambassadrice des États-Unis en Algérie, illustre l’importance accordée par Washington à ce partenariat renouvelé. L’enjeu dépasse largement les considérations économiques classiques. Dans un contexte marquée par une compétition pour les terres rares, essentielles aux technologies vertes et à l’industrie de défense, les États-Unis cherchent activement à diversifier leurs sources d’approvisionnement. L’Algérie, avec son sous-sol riche en ressources minérales largement inexploitées, représente une opportunité stratégique majeure.

« L’entretien a porté sur l’état et les perspectives des relations algéro-américaines, marquées par une nouvelle dynamique à la lumière de l’engagement des deux parties à renforcer le dialogue stratégique et la coopération multidimensionnelle, notamment dans les domaines de l’énergie, des mines et des énergies renouvelables », précise le communiqué ministère. Mohamed Arkab a saisi cette opportunité pour mettre en avant les atouts du pays. Arkab « a réaffirmé la volonté de l’Algérie de développer ses ressources minières, invitant les entreprises américaines à saisir les opportunités d’investissement offertes dans ce secteur, notamment en ce qui a trait à l’exploitation et à la transformation des ressources minières, des métaux rares et stratégiques ». Cette invitation s’accompagne d’une exigence claire : « des partenariats reposant sur le transfert du savoir-faire, la formation et la valorisation locale des ressources ». Cette approche marque une évolution majeure de la stratégie algérienne. Contrairement aux décennies passées où le pays exportait principalement des matières premières brutes, Alger mise désormais sur la transformation locale et le développement d’une industrie minière intégrée. Les « nouveaux cadres juridiques sur l’investissement, les hydrocarbures et les mines en Algérie » mentionnés par le ministre constituent les fondements législatifs de cette ambition.

Les États-Unis y trouvent leur compte. Massad Boulos « a exprimé son grand intérêt à renforcer les relations de coopération avec l’Algérie, soulignant l’intérêt des entreprises américaines, notamment dans les domaines des hydrocarbures, des énergies renouvelables et d’exploitation des ressources minières, tant sur le plan national que continental ». Le secteur des hydrocarbures, pilier traditionnel de la coopération, reste central mais évolue. Arkab « a souligné l’importance des relations de coopération et de partenariat entre les sociétés algériennes et leurs homologues américaines dans le secteur des hydrocarbures, saluant la coopération existante entre le groupe Sonatrach et les compagnies Chevron et ExxonMobil ». Ces partenariats établis constituent une base solide pour étendre la coopération vers de nouveaux domaines. L’innovation technologique occupe une place privilégiée dans cette nouvelle donne. Le ministre a « salué le partenariat exemplaire entre le groupe Sonelgaz et General Electric, dans le cadre de la fabrication locale d’équipements énergétiques, à travers l’usine GEAT de Batna, la première du genre sur le continent ». Ce modèle de transfert technologique pourrait s’étendre aux secteurs minier et des énergies renouvelables. Les énergies renouvelables représentent un autre axe stratégique prometteur. « Les opportunités de coopération dans les domaines des énergies renouvelables, du développement de l’hydrogène, de l’énergie éolienne et du stockage énergétique, ainsi que la fabrication locale des équipements y afférents, ont été évoquées ».  

Cette coopération s’inscrit dans une stratégie algérienne plus large de diversification économique. Arkab « a passé en revue la stratégie de développement du secteur visant à encourager les investissements, à augmenter la production nationale de pétrole et de gaz, et à promouvoir les projets de transformation industrielle, en mettant l’accent sur les domaines de pétrochimie, les solutions technologiques et la réduction des émissions ».

Les enjeux financiers sont considérables. Le marché mondial des métaux rares, évalué à plus de 200 milliards de dollars, connaît une croissance exponentielle tirée par la transition énergétique et la révolution numérique. Pour l’Algérie, développer ce secteur pourrait générer des revenus substantiels et réduire sa dépendance aux hydrocarbures. « Cette rencontre confirme la profondeur et la solidité des relations algéro-américaines et traduit la volonté commune d’ancrer un partenariat stratégique global fondé sur la confiance et les intérêts mutuels, notamment dans les domaines prioritaires », conclut le communiqué. Une déclaration qui traduit une convergence d’intérêts géostratégiques qui pourrait redéfinir les équilibres énergétiques et miniers en Méditerranée et en Afrique, avec l’Algérie comme pivot d’une nouvelle géographie économique mondiale.

Sabrina Aziouez

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