Sommet des mouvements de libération : Le Makhzen et sa corruption au banc des accusés
Le sommet des mouvements de libération qui s’est tient à Johannesburg les 26, 27 et 28 juillet a constitué une nouvelle démonstration éclatante du soutien africain à la cause sahraouie.
Organisé par le Congrès national africain (ANC) sud-africain, cet événement de haut niveau a rassemblé les dirigeants des principales formations politiques et mouvements de libération d’Afrique australe et équatoriale. Le président sud-africain Cyril Ramaphosa, également leader de l’ANC, a réitéré avec force l’engagement de son pays aux côtés du peuple sahraoui dans sa quête légitime d’autodétermination. Cette prise de position s’inscrit dans la continuité de la diplomatie sud-africaine traditionnelle de soutien aux peuples opprimés, héritée de l’époque de la lutte contre l’apartheid. Le secrétaire général de l’ANC, Fikile Mbalula, a prononcé un discours particulièrement marquant lors de la séance d’ouverture, établissant un parallèle saisissant entre les luttes palestinienne et sahraouie. Citant les paroles prophétiques de Nelson Mandela selon lesquelles « notre liberté est incomplète sans la liberté des Palestiniens », Mbalula a étendu cette vision à la cause sahraouie, affirmant que « la liberté de l’Afrique ne sera pas complète sans la liberté du peuple sahraoui ». Dans une charge particulièrement virulente, le dirigeant de l’ANC a qualifié la République arabe sahraouie démocratique de « dernière colonie du continent » et dénoncé l’occupation marocaine comme une violation flagrante de l’unité et de la souveraineté africaines. Il a également fustigé « la politique de corruption » du Maroc envers certains pays africains, accusant Rabat de « mépris et de dédain » envers les décisions de l’Organisation de l’unité africaine et de son successeur, l’Union africaine.
La présidente namibienne Netumbo Nandi-Ndaitwah, également à la tête du parti SWAPO, a réaffirmé l’engagement total de son pays aux côtés des peuples sahraoui et palestinien. « En tant que mouvements de libération ayant obtenu notre indépendance, nous n’oublierons jamais, pas même un instant, la situation de nos frères et sœurs du Sahara occidental et de Palestine », a-t-elle déclaré avec émotion. La dirigeante namibienne a lancé un appel pressant à la communauté internationale pour qu’elle redouble d’efforts afin de mettre fin à l’occupation et permettre à ces deux peuples de jouir de leurs droits légitimes à l’indépendance, à la liberté et à la souveraineté nationale. Les présidents du Zimbabwe, du Mozambique ainsi que le représentant tanzanien ont également exprimé leur soutien au droit du peuple sahraoui à l’autodétermination lors de leurs interventions respectives. Cette unanimité reflète la persistance d’un consensus africain sur la question sahraouie, malgré les pressions diplomatiques et économiques exercées par le Maroc sur plusieurs capitales du continent.
Le ministre des Affaires étrangères sahraoui, Mohamed Yeslem Beissat, qui représentait la République sahraouie et le Front Polisario à ce sommet, a délivré un message de détermination inébranlable. Lors de son intervention samedi, il a souligné que « les anciennes puissances coloniales qui ont colonisé les peuples africains sont toujours celles qui soutiennent le nouveau colonialisme au Sahara occidental ». Le chef de la diplomatie sahraouie s’est montré confiant quant à l’issue finale du conflit, affirmant que « le peuple sahraoui triomphera parce qu’il se bat, parce qu’il est uni et parce que la justice est de son côté ». En marge des travaux officiels, le ministre Beissat a multiplié les rencontres bilatérales avec les délégations participantes, les informant des derniers développements de la question sahraouie et explorant les voies de renforcement des relations avec le Front Polisario.
La déclaration finale du sommet a consacré un paragraphe spécifique à la question du Sahara occidental et au droit de son peuple à l’autodétermination. Ce document, signé par les six mouvements représentant les partis au pouvoir et les mouvements de libération d’Afrique équatoriale et australe, constitue un nouveau camouflet diplomatique pour le Maroc. Cette rencontre informelle a permis d’approfondir les échanges et de consolider les liens de solidarité entre les différents mouvements présents. Pour les observateurs diplomatiques, ce sommet confirme l’isolement croissant du Maroc au sein de l’Afrique, où le soutien à la cause sahraouie demeure majoritaire malgré les manoeuvres déployés par Rabat.
Lyes Saïdi