La ministre de l’Environnement appelle à valoriser les algues collectées : Transformer les déchets en opportunité économique
Face à la prolifération d’une algue brune d’origine asiatique qui s’étend le long du littoral algérien, l’Algérie adopte une approche révolutionnaire : transformer ce défi environnemental en véritable aubaine économique.
Alors que quatorze wilayas côtières mobilisent leurs moyens pour nettoyer les plages jusqu’au 16 août, le gouvernement mise sur l’économie circulaire pour valoriser cette biomasse marine. Cette invasion d’algues, phénomène naturel amplifié par le réchauffement des eaux méditerranéennes, touche désormais l’ensemble du littoral algérien, des plages d’Alger aux côtes de Béjaïa. Mais ce qui aurait pu constituer un simple problème de salubrité publique se mue progressivement en opportunité d’innovation. Les analyses menées par les services compétents ont démontré que ces algues ne représentent aucune menace ni pour l’écosystème marin ni pour la santé publique, ouvrant ainsi la voie à leur exploitation commerciale. La ministre de l’Environnement et de la Qualité de la vie, Nadjiba Djilali, a donné le ton lors de sa visite d’inspection aux plages de Bologhine et Sidi Fredj. « Le traitement efficace de ce phénomène requiert de passer de la lutte à la valorisation environnementale », a-t-elle déclaré, accompagnée du wali d’Alger Mohamed Abdennour Rabehi et du président de l’Assemblée populaire de wilaya El-Habib Benboulaid. Cette approche pragmatique s’inscrit dans une vision plus large de développement durable où chaque déchet devient une ressource potentielle. L’ambition affichée dépasse largement le simple ramassage. Mme Djilali a souligné « l’importance d’exploiter ces algues dans la recherche scientifique et l’innovation, notamment dans les domaines de l’Agriculture, de la biotechnologie, des industries pharmaceutiques et de la production des engrais organiques ». Cette perspective transforme radicalement la problématique : les algues deviennent matière première pour des secteurs à forte valeur ajoutée, créant de nouveaux débouchés économiques tout en résolvant un problème environnemental.
L’expérience pilote lancée à Bologhine illustre concrètement cette démarche. Les algues sont désormais collectées à l’aide de grues spécialisées, conditionnées dans des sacs adaptés avant d’être transportées vers des centres de traitement. Cette logistique sophistiquée vise à « transformer cette biomasse en ressources à valeur ajoutée, à même de soutenir l’investissement environnemental et l’innovation locale en matière de traitement des déchets marins », selon les responsables du projet. Les applications potentielles s’avèrent multiples et prometteuses. Les algues marines contiennent des composés bioactifs recherchés par l’industrie pharmaceutique, des nutriments essentiels pour l’agriculture biologique et des propriétés exploitables en biotechnologie. Leur transformation en engrais organiques répond également aux besoins croissants d’une agriculture durable, créant une chaîne de valeur complète de la collecte à la commercialisation.
Cette campagne nationale mobilise un écosystème d’acteurs impressionnant. L’Agence nationale des Déchets, le Commissariat national du littoral et le Conservatoire national des formations à l’environnement coordonnent leurs efforts avec les autorités locales et la société civile. Cette synergie institutionnelle garantit une approche cohérente et durable, dépassant les simples mesures d’urgence pour construire une véritable filière économique.
La ministre a d’ailleurs salué « les efforts déployés par les instances compétentes et la société civile pour sensibiliser les citoyens à l’importance de la propreté de la mer et à leur contribution à l’élimination des algues et au nettoyage des plages ». L’initiative s’appuie sur le nouveau cadre réglementaire relatif à la gestion des déchets, qui facilite la valorisation de ces matières organiques. Cette évolution législative accompagne la transition vers une économie circulaire où les déchets d’aujourd’hui deviennent les ressources de demain.
Lyna Larbi