L’inflation se stabilise à des niveaux historiquement bas
L’Algérie traverse une période de stabilité relative sur le front de l’évolution des prix, avec un indice national des prix à la consommation qui affiche une progression modérée de 0,3% en juin par rapport au mois précédent. Cette évolution, mesurée à travers un échantillon représentatif de 17 villes et villages, témoigne d’une maîtrise remarquable de l’inflation dans un contexte économique mondial marqué par de fortes tensions inflationnistes. À Alger, baromètre économique du pays, l’indice des prix enregistre une hausse encore plus contenue de 0,2% en variation mensuelle. Cette performance contraste saisissamment avec la dynamique observée un an plus tôt, lorsque l’inflation mensuelle atteignait 1,3% en juin 2024. Cette décélération spectaculaire illustre l’efficacité des politiques économiques mises en œuvre par les autorités. L’analyse sectorielle révèle que les biens alimentaires demeurent le principal facteur d’évolution des prix, avec une progression de 0,4% au niveau national et de 0,2% à Alger. Cette hausse modérée succède à deux mois consécutifs de baisse, marquant ainsi un retournement de tendance après les diminutions de 1,6% en avril et 5,9% en mai. Les produits agricoles frais constituent l’épicentre de cette dynamique, avec une augmentation de 0,5%. Cette catégorie présente toutefois des évolutions contrastées : tandis que les prix de la viande de poulet bondit de 12,4% et les fruits s’envolent de 23,2%, d’autres segments connaissent des corrections significatives. La viande et les abats de mouton reculent de 4,5%, les poissons chutent de 11,4%, et les œufs diminuent de 2,1%.
Les produits alimentaires industriels affichent quant à eux une légère déflation de 0,1%, contribuant à modérer la pression inflationniste globale. En perspective annuelle, l’Algérie présente des indicateurs particulièrement favorables. La variation des prix à la consommation entre juin 2025 et juin 2024 s’établit à seulement 0,1%, un niveau quasi-nul qui positionne le pays parmi les économies les plus stables en matière de prix. Le rythme d’inflation annuel glissant, calculé sur la période juillet 2024-juin 2025 comparativement à juillet 2023-juin 2024, atteint 3,6%. Bien que supérieur aux standards des économies développées, ce taux demeure dans une fourchette acceptable pour une économie émergente et représente une amélioration notable par rapport aux périodes précédentes.
Cette performance s’avère d’autant plus remarquable que les biens alimentaires, traditionnellement volatils, affichent une déflation de 4,8% en rythme annuel. Les produits agricoles frais enregistrent un recul de 7,1%, porté notamment par la baisse de 9,6% de la viande de mouton et de 11,2% des légumes. Les produits alimentaires industriels contribuent également à cette tendance baissière avec une diminution de 2,1%, le café accusant une chute spectaculaire de 25,1%.
L’évolution des secteurs non alimentaires présente un tableau nuancé. Les produits manufacturés enregistrent une hausse contenue de 0,1% en variation mensuelle, témoignant d’une relative stabilité des coûts de production et de la demande intérieure. En perspective annuelle, ces produits affichent toutefois une progression plus marquée de 7,0%, reflétant les ajustements structurels de l’économie nationale. Le secteur des services se distingue par une remarquable stabilité, avec une variation mensuelle nulle et même une légère déflation de 1,3% en rythme annuel.
Cette maîtrise de l’inflation constitue un atout majeur pour l’économie nationale, favorisant le pouvoir d’achat des ménages et la compétitivité des entreprises. L’indice corrigé des variations saisonnières, qui affiche une hausse de 0,4% en juin, confirme la tendance sous-jacente de modération des prix. Néanmoins, la volatilité persistante de certains produits agricoles, particulièrement les fruits et la viande de poulet, souligne la nécessité de poursuivre les efforts de structuration des filières agricoles et d’amélioration des circuits de distribution.
Amar Malki
