Annaba : Les taxieurs inter-wilaya en grève
La décision de délocalisation des taxis de transport inter-wilayas vers la nouvelle gare routière a suscité la grogne des taxieurs qui ont décidé d’engager un mouvement de contestation. Cette mesure de la direction des transports de la wilaya d’Annaba, portant le transfert des taxis assurant la desserte entre Annaba et les autres wilayas du pays, a été à l’origine d’un large mouvement de protestation.
Après la grève des professionnels de la wilaya d’El Tarf activant sur les lignes des communes de cette wilaya, ce sont les transporteurs de la wilaya d’Annaba, desservant les wilayas de l’est, du centre, de l’ouest ainsi que le sud du pays, qui ont eu recours la même action. Le motif de ce mouvement de grève réside dans la contestation, voire le refus de cette décision que les grévistes jugent pénalisante. Les transporteurs grévistes estiment que la décision du transfert des taxis inter-wilayas, implantés depuis des décennies au niveau de la station de Sidi Brahim vers la gare routière « Mohamed Mounib Sandid », « est injuste ». Cette nouvelle localisation se trouve à près de 5 kilomètres du centre-ville, créant des difficultés de déplacement tant pour les voyageurs que pour les transporteurs contraints de faire un grand détour. Cette situation affecte particulièrement les taxieurs assurant les dessertes vers les communes de la wilaya d’El Tarf, notamment Dréan, Bébés et Ben M’Hidi. À l’arrêt depuis dimanche, les taxieurs à destination d’El Tarf et des autres wilayas, stationnés à la gare routière « TCA », refusent de travailler tant que certaines de leurs doléances ne sont pas satisfaites. Pour faire parvenir leurs revendications, ces professionnels du service public ont organisé un sit-in devant la direction des Transports d’Annaba.
Suite à cette action, une rencontre de concertation s’est tenue entre le directeur des Transports, le chef du service du transport terrestre, les services de sécurité, le directeur de la gare routière ainsi que les représentants des chauffeurs de taxi inter-wilayas. À l’issue de cette réunion, plusieurs mesures ont été décidées, notamment la création d’un point d’arrêt pour les taxis collectifs sur le boulevard Mohamed Khemisti, en face de l’ancienne station des taxis inter-wilayas en direction d’Echatt. Il a également été retenu la mise en place d’un règlement intérieur pour le fonctionnement de la nouvelle station, afin d’organiser les différents aspects signalés par les transporteurs. La répartition des couloirs de circulation sera revue en concertation avec les représentants du secteur et la direction de la gare routière. Les exploitants desservant les lignes Echatt et Ben M’hidi devront se conformer strictement au trajet autorisé.
Par ailleurs, la station sera équipée de panneaux d’information et d’orientation pour faciliter les déplacements des voyageurs, et le premier emplacement à l’intérieur de la structure sera désormais réservé aux taxis urbains. Les autorités ont affirmé leur volonté de poursuivre l’application rigoureuse des mesures répressives à l’encontre du transport clandestin. Selon un représentant de la section syndicale des taxieurs à Annaba, la nouvelle station présente plusieurs défaillances. Avec une seule entrée et une seule sortie au lieu d’accès séparés, l’espace étroit génère des embouteillages. Contrairement à l’ancienne station de Sidi Brahim, il est impossible d’avoir une double file pour desservir tour à tour une même destination. S’ajoute à cela le manque de commodités comme les commerces. Les taxieurs reprochent une mise en service précipitée, souhaitant que cette station entre en fonction en septembre 2025. En attendant, ce sont les usagers qui souffrent et peinent à rejoindre la ville pour leurs déplacements.
Le transfert de la station de Sidi Brahim vers la gare routière s’inscrit dans la politique des autorités locales de la wilaya visant la réorganisation du secteur du transport et l’éradication définitive de l’anarchie qui caractérise l’ensemble du chef-lieu de la wilaya. Cette situation permet aux transporteurs d’imposer leur diktat aux usagers et d’échapper à tout contrôle. Concernant la station de Sidi Brahim, selon certaines indiscrétions, elle est destinée à servir de station interurbaine. Une telle démarche aura pour impact de débarrasser le centre-ville des aspects disgracieux que procurent la station Kouche Noureddine et celle de la RMACA.
Sofia Chahine