Culture

Patrimoine : Deux nouveaux joyaux rejoignent la liste des biens culturels classés

Le ministère de la Culture et des Arts vient d’officialiser le classement de deux monuments historiques d’exception qui enrichissent considérablement le patrimoine culturel national. Deux arrêtés ministériels datés du 14 juillet dernier et publiées dans la livraison du Journal officiel la plus récente, officialisent le classement de deux sites et témoignent de la volonté continue des autorités de préserver et valoriser l’héritage architectural et historique du pays. La Casbah de Badjouda, située dans la wilaya d’In Salah, et l’édifice abritant l’ancienne station expérimentale d’aquaculture de Bousmail, dans la wilaya de Tipaza, rejoignent ainsi officiellement la liste des biens culturels protégés.

La Casbah de Badjouda représente un témoignage exceptionnel de l’architecture défensive saharienne du 18e siècle. Cette forteresse, érigée dans la région orientale du Tidikelt, illustre parfaitement l’ingéniosité architecturale des communautés locales face aux défis sécuritaires de l’époque. Sa conception répond à une double fonction stratégique : assurer la protection des habitants et sécuriser les provisions indispensables à la survie dans cet environnement désertique hostile. L’architecture de cette casbah s’inscrit dans la tradition constructive du Sud-Ouest saharien algérien, caractérisée par sa forme géométrique carrée et ses quatre tours d’angle qui permettaient une surveillance panoramique du territoire environnant. L’utilisation exclusive de matériaux locaux comme le toub, terre séchée au soleil, le tibchite et les troncs de palmiers, démontre une parfaite adaptation aux contraintes climatiques et aux ressources disponibles dans cette région reculée du Sahara.

Le second monument classé témoigne d’une tout autre époque et d’une vocation scientifique remarquable. L’édifice de Bousmail, anciennement appelé Castiglionne durant la période coloniale, abrite depuis 1921 le centre national de recherche et de développement de la pêche et de l’aquaculture. Cette infrastructure pionnière constitue un jalon majeur dans l’histoire de la recherche marine en Algérie, ayant hébergé les toutes premières installations scientifiques dédiées à l’étude de la faune aquatique méditerranéenne. Ses aquariums et bassins expérimentaux, ainsi que sa salle d’exposition consacrée aux collections d’espèces marines, ont contribué pendant plus d’un siècle au développement des connaissances halieutiques nationales. Ce patrimoine scientifique et architectural unique illustre l’évolution des préoccupations environnementales et la continuité de la recherche marine algérienne. Ces deux classements s’inscrivent dans le cadre juridique de la loi de 1998 relative à la protection du patrimoine culturel et font suite aux recommandations de la commission nationale des biens culturels émises en avril 2025. Les implications de ces décisions sont considérables puisqu’elles imposent désormais un régime de protection strict pour ces monuments. Toute intervention architecturale, qu’il s’agisse de restauration, d’aménagement ou de construction dans le périmètre de protection, devra obligatoirement recevoir l’autorisation préalable du ministère de la Culture. Cette mesure garantit la préservation de l’intégrité architecturale et historique de ces sites exceptionnels.

La diversité géographique et chronologique de ces nouveaux classements reflète la richesse patrimoniale algérienne, depuis les fortifications sahariennes du dix-huitième siècle jusqu’aux infrastructures scientifiques du vingtième siècle. Cette démarche de sauvegarde s’avère d’autant plus cruciale que ces monuments, témoins de savoir-faire traditionnels et d’innovations techniques, constituent des références irremplaçables pour les générations futures et contribuent à renforcer l’identité culturelle nationale tout en ouvrant des perspectives touristiques et éducatives prometteuses.

M.S.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *