Sider El-Hadjar : L’Ex-PDG placé en détention
L’ex-président directeur général de Sider El-Hadjar, Lotfi Kamel Manaa, a été placé en détention provisoire jeudi par le magistrat instructeur du pôle pénal spécialisé dans la lutte contre les crimes financiers près le tribunal de Sidi M’hamed à Alger. Il est poursuivi aux côtés d’un responsable du service commercial et du dirigeant d’une entreprise privée dans une affaire de trafic de « laitiers sidérurgiques » vers la France. Selon les sources judiciaires, les trois prévenus sont impliqués dans la conclusion d’un contrat suspect de fourniture de produits dits « laitiers sidérurgiques », des matières minérales artificielles issues de la fonte ou de l’acier obtenues à près de 1500 degrés Celsius, au profit d’une société privée pour exportation vers la France. Cette affaire de corruption comprend également des accusations d’octroi de privilèges injustifiés et de participation au détournement de deniers publics. L’enquête suit encore son cours et pourrait révéler d’autres éléments compromettants dans les prochains jours. Ce nouveau scandale intervient dans un moment particulièrement critique pour le complexe sidérurgique, désormais rebaptisé Al Solb El-Hadjar, qui traverse « la crise la plus aiguë de son histoire ». Depuis plus d’un mois, la zone chaude du complexe est à l’arrêt complet en raison de l’épuisement des stocks de coke, cette matière première indispensable au fonctionnement des hauts fourneaux. Le haut fourneau numéro 2, la section Préparation des Matières et Agglomérés, les aciéries à oxygène 1 et 2, ainsi que l’aciérie électrique sont tous paralysés.
Cet arrêt révèle une situation financière extrêmement critique. Pour la première fois depuis sa création, le complexe ne dispose plus des moyens nécessaires pour importer le coke en quantité suffisante, malgré les fonds publics injectés pour son soutien. Cette défaillance dans la gestion a conduit à une trésorerie au bord de l’effondrement, soulevant de sérieuses interrogations sur l’utilisation des financements publics accordés à cette entreprise stratégique.
Face à cette situation délicate, la direction générale du complexe Al Solb tente de trouver des solutions d’urgence, mais au prix de lourdes conséquences financières. Ces mesures de dernière minute visent à apaiser la tension croissante parmi les sidérurgistes qui commencent à s’agiter face à l’incertitude. Le manque d’information et de communication de la part de la direction générale, qui « campe sur la zone du black-out », alimente l’appréhension des employés quant à l’avenir de leur outil de travail. Si la situation persistait, selon certaines indiscrétions, ce fleuron de l’industrie algérienne « risque de céder sous l’effet de ce qui s’apparente à une défaillance dans la gestion ».
Sofia Chahine