Culture

Le groupe Milwest anime la troisième soirée du festival : Sidi Bel-Abbès célèbre l’authenticité du Raï 

Le Raï demeure un art vivant, capable d’évoluer tout en conservant ses racines bédouines.

La ville de Sidi Bel-Abbès vibre au rythme du Raï depuis le 7 août. La 14e édition du Festival culturel national de la Chanson Raï bat son plein, offrant une vitrine exceptionnelle à ce patrimoine musical algérien reconnu par l’UNESCO. Cette manifestation culturelle d’envergure, placée sous l’égide du ministère de la Culture et des Arts et de la wilaya de Sidi Bel-Abbès, rassemble artistes, chercheurs et passionnés autour d’un objectif commun : préserver et transmettre l’essence authentique du Raï. Le commissaire du festival, Houssem Harzallah, n’a cessé d’insister sur la nécessité de réorienter cet art pour qu’il serve les causes contemporaines de la jeunesse, encourageant une production artistique significative qui élève le goût esthétique tout en reflétant la réalité sociale actuelle. Samedi soir, le théâtre en plein air « Saïm Lakhdar » a été le témoin d’une performance remarquable de la formation « Milwest », groupe de huit jeunes talents qui ont su captiver l’audience par leur approche novatrice du Raï. Cette formation a brillamment illustré la capacité de ce genre musical à se réinventer sans perdre son âme, proposant un spectacle qui mêle habilement les rythmes rapides contemporains aux mélodies traditionnelles raiouies. Leur prestation, saluée par les applaudissements nourris d’un public conquis, démontre que le Raï demeure un art vivant, capable d’évoluer tout en conservant ses racines bédouines. Les membres du groupe ont souligné leur volonté de faire voyager l’auditeur entre le passé et le présent du Raï, offrant une vision moderne d’un patrimoine séculaire.

Cette édition se distingue également par sa dimension académique et mémorielle. Une journée d’étude organisée en marge du festival a réuni universitaires, chercheurs et artistes autour d’une réflexion profonde sur l’évolution du Raï authentique. Des spécialistes comme Mohamed Mir, expert du Raï et de la culture populaire, le critique culturel et romancier Achour Bouziane, ainsi que le chercheur Mohamed Kali ont retracé les parcours des pionniers de ce genre musical. Leurs interventions ont mis en lumière les styles distinctifs d’interprétation et d’écriture qui ont façonné l’identité du Raï, de ses origines bédouines à ses expressions modernes. Des figures légendaires comme Cheikh Naâam et Cheikh Mimoun ont participé à ces échanges, incarnant la continuité générationnelle de cet art populaire.Parallèlement aux spectacles, une exposition d’arts plastiques rend hommage à Ahmed Zergui, icône disparue du Raï. Intitulée « Ahmed Zergui, une voix éternelle dans la mémoire nationale », cette exposition installée dans le hall du théâtre présente la biographie de l’artiste à travers des tableaux, des photographies d’archives et des documents rares. Elle révèle les liens étroits qu’entretenait ce chanteur emblématique avec les réalités sociales et politiques de l’Algérie, illustrant comment ses œuvres ont su exprimer avec sincérité les préoccupations populaires. Cette initiative vise particulièrement les jeunes générations et les chercheurs désireux de mieux comprendre l’une des voix majeures ayant contribué à asseoir la place du Raï sur la scène artistique nationale.

L’impact de cette manifestation dépasse le simple divertissement. Elle constitue un véritable laboratoire de réflexion sur l’avenir du Raï, questionnant sa capacité à demeurer pertinent dans un contexte culturel en mutation. Les débats organisés lors de la journée d’étude à la bibliothèque principale « moudjahid défunt Mohamed El Kebbati » ont abordé des thématiques essentielles : comment préserver l’authenticité tout en permettant l’innovation, comment transmettre ce patrimoine aux nouvelles générations, comment maintenir la dimension sociale et contestataire qui a toujours caractérisé le Raï. Ces questions résonnent particulièrement dans une Algérie contemporaine où les jeunes cherchent leurs repères identitaires.

Le festival s’est achevé dimanche par un hommage spécial à Ahmed Zergui, bouclant ainsi une édition qui aura su conjuguer célébration du passé et projection vers l’avenir. 

Mohand Seghir

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