Un bond spectaculaire de 8 400% des importations de panneaux solaires
L’Algérie accélère sa transition énergétique
L’Algérie accélère la mise en œuvre de sa stratégie de diversification énergétique. La concrétisation du plan de développement de la production d’énergies renouvelables a induit un bond spectaculaire des importations de panneaux solaires qui atteignent des niveaux historiques au premier semestre 2025. Cette progression fulgurante témoigne de la volonté politique de réduire la dépendance quasi-totale du pays au gaz naturel qui représente actuellement 99% de son mix électrique.
Les dernières données obtenues par l’Unité de recherche énergétique basée à Washington révèlent que la capacité des panneaux solaires importés de Chine par l’Algérie a bondi à 850 mégawatts durant la période allant de janvier à juin 2025, comparativement à seulement 10 mégawatts pour la période correspondante de l’année précédente, soit une augmentation vertigineuse de 8 400%. Cette performance exceptionnelle s’inscrit dans le cadre d’un mouvement stratégique remarquable que connaît le pays depuis l’année dernière vers la mise en œuvre de projets d’énergie solaire, conformément aux objectifs de diversification du bouquet de production électrique. L’ambitieux plan mis en place prévoit d’augmenter la part des énergies renouvelables en ajoutant 15 000 mégawatts à la capacité opérationnelle d’ici 2035. Cet objectif représente un défi considérable pour un pays dont l’économie repose traditionnellement sur les hydrocarbures, mais qui aspire désormais à devenir un acteur régional majeur dans le domaine des énergies propres.
L’analyse mensuelle des importations révèle des variations significatives qui reflètent la planification progressive des projets solaires. Le mois de janvier 2025 a enregistré le pic le plus élevé avec 390 mégawatts importés, établissant un record historique pour le pays. Février a marqué le point le plus bas avec seulement 10 mégawatts, identique aux importations de la même période l’année précédente. Mars a vu une reprise avec 60 mégawatts, suivie d’une accélération en avril avec 160 mégawatts et mai avec 140 mégawatts, avant de redescendre à 90 mégawatts en juin. Cette fluctuation mensuelle illustre la nature cyclique des grands projets d’infrastructure et la synchronisation nécessaire entre les besoins de construction et les livraisons d’équipements.
Sur une base trimestrielle, la répartition des importations montre une concentration plus importante au premier trimestre avec 460 mégawatts contre 390 mégawatts au deuxième trimestre, ce dernier chiffre équivalant exactement aux seules importations du mois de janvier. La capacité actuelle de production d’énergie solaire en Algérie devrait connaître une augmentation substantielle avec la mise en service des quatre nouvelles centrales en cours de construction, qui viendront s’ajouter à la capacité totale actuelle d’énergies renouvelables de 601 mégawatts.
L’activité remarquable de l’Algérie dans les projets d’énergies renouvelables s’est poursuivie intensément au cours du premier semestre 2025, avec la pose de la première pierre d’une nouvelle centrale solaire d’une capacité de 80 mégawatts, s’inscrivant dans le programme supervisé par la compagnie Sonelgaz d’une puissance de 3 gigawatts d’énergies renouvelables. L’achèvement de cette nouvelle installation, située sur une superficie de 160 hectares, est prévu en deux phases, avec la livraison de la première étape programmée entre décembre 2025 et janvier 2026. La compagnie nationale Sonelgaz avait signé en 2024 des accords pour la construction de 20 centrales solaires, réparties en deux appels d’offres distincts. Le premier lot comprenait 15 centrales d’une capacité de 2 gigawatts, tandis que le second portait sur 5 installations pour une puissance totale de 1 gigawatt. En mars 2024, l’Algérie avait posé la première pierre de sa première centrale solaire d’une capacité de 200 mégawatts, suivie en avril par le lancement de la deuxième centrale de 150 mégawatts, de la troisième d’une puissance de 220 mégawatts, et l’inauguration de la quatrième installation de 80 mégawatts.
Cette dynamique s’est renforcée avec le lancement par le ministère de l’Énergie, des Mines et des Énergies renouvelables du projet TaqatHy 2 en avril 2025, bénéficiant d’un financement conjoint de l’Union européenne et de l’Allemagne d’un montant de 28 millions d’euros, soit 31,91 millions de dollars, avec une échéance d’exécution fixée à 2029. Les données du Centre de recherche sur l’énergie propre Ember confirment que cette progression spectaculaire des importations de panneaux solaires constitue un indicateur fiable de l’accélération des investissements dans les infrastructures d’énergies renouvelables.
Samira Ghrib