Al Solb El Hadjar : Tosyali et AQS à la rescousse
Les deux nouveaux acteurs de la sidérurgie algérienne, Tosyali et AQS, viennent en aide au fleuron de l’industrie métallurgique africaine pour lui porter assistance, suite à l’arrêt de la zone chaude provoqué par l’épuisement du stock de coke.
La direction générale de l’entreprise sidérurgique Al Solb El Hadjar à Annaba a fait appel, selon des sources proches du directoire de cette entité économique, aux sidérurgistes Tosyali et AQS (Algerian Qatari Steel) afin de se procurer des semi-produits (brames et billettes) destinés à alimenter les laminoirs. Selon les mêmes sources, cette démarche a été entreprise afin d’éviter l’arrêt total des unités de production, dont la conséquence serait la paralysie générale du complexe. Une décision qualifiée de courageuse par ces sources qui estiment que toutes les solutions sont bonnes pourvu que le complexe continue de fonctionner. Par ailleurs, selon les précisions apportées par nos sources, l’aide devant être fournie par la société Tosyali d’Oran et Algerian Qatari Steel de Bellara dans la wilaya de Jijel devrait permettre de relancer, ne serait-ce que partiellement, la production au sein d’une entreprise dont la viabilité économique demeure fortement critique.
Pour d’autres observateurs, le recours aux produits de Tosyali et AQS reste une solution dont on craint qu’elle ne creuse davantage le déficit. Pour les professionnels du secteur de l’industrie sidérurgique, les semi-produits sont achetés à des prix élevés et non concurrentiels, d’autant plus que l’opération est financée par un crédit bancaire assorti d’intérêts. En conclusion, cette manœuvre pourrait ne pas générer les bénéfices escomptés à terme et risque d’alourdir encore plus les dettes cumulées du complexe. Cette préoccupation en suscite une autre : la situation de 5 000 sidérurgistes qui n’ont pas manqué d’afficher un mécontentement grandissant. Cette situation s’explique par l’absence totale de communication et surtout de perspectives claires. Notamment pour les travailleurs de la zone chaude, qui redoutent une réaffectation vers les laminoirs avec une surcharge de travail pour une durée indéterminée, sans explication ni garantie.
Rappelons dans ce contexte, que le haut fourneau n°2 est à l’arrêt depuis juillet dernier en raison de l’épuisement des stocks de coke. La rupture d’approvisionnement en coke est devenue un problème récurrent pour le complexe Al Solb El Hadjar d’Annaba, dont l’arrêt de la zone chaude provoque systématiquement l’interruption de la production. Cette situation n’est malheureusement pas inédite, plusieurs arrêts similaires ayant été enregistrés ces derniers mois, notamment fin décembre 2024 avec un arrêt qui avait duré plus de deux mois et provoqué une vive agitation parmi les travailleurs. Les anciens dirigeants d’Al Solb avaient justifié les précédentes ruptures de stock par « les fluctuations dans l’approvisionnement dues à la dépendance vis-à-vis du marché international et à l’incapacité des fournisseurs de respecter les délais fixés ». Ces retards récurrents dans l’arrivée de la matière première avaient déjà contraint le complexe à suspendre temporairement le fonctionnement du haut fourneau n°2, entraînant l’arrêt de la production dans d’autres unités.
Cette situation ravive les tension et suscite l’inquiétude des travailleurs, d’autant plus que le collectif du bureau syndical, dont le mandat touche à sa fin, fait face à une avalanche de critiques pour son absence de réaction. Il en va de même pour la direction générale d’Al Solb El Hadjar qui, retranchée dans le silence, n’a apporté aucune information sur cette situation de crise, alors que l’inquiétude des travailleurs grandit en l’absence d’assurance ou de proposition alternative.
Pourtant, les pouvoirs publics ont déployé énormément d’efforts, de volonté et surtout de fonds pour redresser la barre. Ce fleuron de la sidérurgie nationale n’a cessé d’enchaîner les épisodes de crise sous la gestion d’une succession de dirigeants, dont la plupart font l’objet de poursuites judiciaires pour dilapidation de deniers publics ou mauvaise gestion. Le placement en détention de l’ex-PDG de l’ex-Sider El Hadjar, Lotfi Kamel Manaa, constitue un autre épisode qui illustre la situation critique que traverse Al Solb El Hadjar. Entre dettes, dépendance aux importations, absence de vision et malaise social, le complexe El Hadjar semble pris dans une spirale inquiétante. Seule une refonte structurelle accompagnée d’une stratégie industrielle claire et rigoureuse pourrait permettre de redonner un nouvel élan à cette unité industrielle majeure.
Sofia Chahine