Transition énergétique : L’Algérie mise sur les compétences de sa diaspora
Mohamed Arkab, ministre d’État, ministre de l’Énergie, des Mines et des Énergies renouvelables, a reçu lundi le chercheur algérien Abderrahmane Abane, inventeur de la révolutionnaire « valise solaire » qui s’apprête à conquérir les marchés européens. Une rencontre qui illustre la volonté des autorités de valoriser les innovations nationales dans le secteur énergétique.
Lors de cette rencontre, le chercheur a présenté un exposé détaillé sur son innovation consistant en une valise intelligente équipée de panneaux solaires miniaturisés permettant de recharger différents appareils électroniques et de répondre à certains usages quotidiens, particulièrement dans les zones reculées. Arkab a salué cette invention, soulignant que « le secteur de l’énergie, des mines et des énergies renouvelables, conformément aux orientations du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, accorde une importance particulière à l’encouragement des compétences nationales et à l’accompagnement des chercheurs créatifs afin de transformer leurs idées en projets pratiques qui renforcent la sécurité énergétique nationale et contribuent à la diversification des sources d’énergie ». Le ministre d’État a également confirmé que « l’innovation dans le domaine des énergies propres s’harmonise avec la stratégie nationale de développement des capacités de production d’électricité à partir de sources renouvelables », indiquant que de tels projets reflètent l’esprit créatif de la jeunesse algérienne et soutiennent le processus de transition énergétique durable. La rencontre s’est conclue par « la confirmation de l’engagement du secteur à accompagner les compétences nationales et à les connecter avec les institutions et organismes spécialisés, afin de fournir le soutien nécessaire pour concrétiser leurs inventions au service du citoyen et du développement national ».
Cette reconnaissance officielle intervient alors que l’invention d’Abane connaît déjà un succès commercial prometteur. En octobre 2024, le chercheur avait révélé que sa valise solaire allait être produite par une entreprise allemande qui enregistrait « des commandes de toute l’Europe ». Docteur à l’université de Valenciennes et chercheur à la Polytechnique de Mons (Umons), ce natif de Ténès détenteur de 12 brevets scientifiques expliquait alors que cette valise « est bourrée d’électronique, se charge très vite et elle est mobile. Elle se dirige automatiquement vers le soleil. Elle peut être installée dans plusieurs infrastructures. Les Allemands ont des commandes de toute l’Europe, mais ça reste une innovation algérienne ». L’origine de cette invention remonte au traumatisme du tremblement de terre de Chlef qui avait profondément marqué le chercheur. « Je travaille sur cette valise solaire depuis le tremblement de terre à Chlef. C’était une catastrophe, la ville a été rasée, il y a eu beaucoup de morts. La Croix-Rouge et le Croissant Rouge m’ont dit : Il faut faire quelque chose », se souvenait-il. Cette motivation humanitaire avait donné naissance à un kit révolutionnaire composé d’un panneau solaire pliable et d’un accumulateur réduit capable de fournir l’énergie pour toute une maison.
L’utilité de cette valise solaire dépasse le simple usage domestique. Elle s’avère particulièrement précieuse pour le pompage de l’eau et l’irrigation des forêts, et peut même venir en aide aux personnes dialysées dans les zones isolées. Un premier essai concluant avait été effectué dans la wilaya de Chlef, chez des nomades qui avaient demandé de l’électricité pour faire chauffer de l’eau, puis assurer la climatisation et la ventilation dans leurs tentes. Il s’agit de valises pliables de panneaux solaires très facilement transportables pour diverses fonctions : camping, activités extérieures et situations d’urgence humanitaire.
Samira Ghrib
