Sensibilisation à l’économie de l’eau :AGIRE mobilise
Plus de 16 000 citoyens sensibilisés en six mois : l’Agence nationale de gestion intégrée des ressources en eau (AGIRE) déploie une stratégie de communication inédite qui transforme radicalement l’approche de la préservation hydrique, de l’école primaire aux mosquées, en passant par les institutions scientifiques. Cette mobilisation exceptionnelle traduit une prise de conscience institutionnelle face aux défis croissants de la rareté hydrique et du changement climatique. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 14 549 élèves touchés par 260 classes d’eau organisées à travers les cinq agences de bassin hydrographique du pays, complétées par 53 sorties éducatives qui ont permis à 1 422 écoliers de découvrir concrètement les infrastructures hydrauliques nationales, des stations d’épuration aux barrages en passant par les stations de pompage. Cette approche pédagogique immersive vise à ancrer durablement les réflexes d’économie d’eau chez les générations futures, véritables ambassadrices du changement comportemental nécessaire.
L’innovation majeure de cette campagne réside dans sa dimension spirituelle et communautaire. Le partenariat noué avec le ministère des Affaires religieuses et des Wakfs a permis une pénétration inégalée du message écologique dans le tissu social algérien. Durant le mois de Ramadhan, période de forte consommation d’eau, l’ensemble des mosquées des 58 wilayas ont relayé des messages sur la valeur sacrée de l’eau et le devoir religieux de sa préservation, diffusés avant les prières de Tarawih et du vendredi. Cette approche révolutionnaire s’appuie sur une lecture moderne des textes sacrés, puisant dans les versets coraniques et les enseignements prophétiques pour légitimer religieusement les pratiques d’économie hydrique.
La formation des relais religieux constitue un autre pilier de cette stratégie. Les journées d’information organisées notamment à l’École nationale Dar El Imam à Alger sous le slogan « La préservation de l’eau est un devoir religieux et une prise de conscience sociétale » ont permis d’équiper imams et mourchidates d’arguments théologiques solides pour intégrer naturellement les messages écologiques dans leurs prêches. L’efficacité de cette approche se vérifie sur le terrain. En mars dernier, 33 mosquées réparties sur 20 wilayas ont accueilli des campagnes locales combinant cours religieux, prêches thématiques et stands d’information, créant un environnement propice à l’assimilation du message. L’engagement des femmes au foyer, traditionnellement gestionnaires de la consommation domestique d’eau, a été particulièrement ciblé dans les wilayas de Ouargla et Béchar, où 571 bénéficiaires ont participé à des ateliers spécialisés organisés dans des mosquées et écoles coraniques. Cette stratégie multi-cibles s’enrichit d’une dimension intergénérationnelle remarquable. L’exemple de l’école coranique Cheikh Mohamed Ben Mohamed Mahdjoubi de la mosquée Abi Dhar El Ghifari à Ouargla, où 40 enfants ont suivi un cours d’eau dispensé par l’Agence de bassin hydrographique du Sahara, illustre parfaitement cette approche holistique qui associe formation religieuse et éducation environnementale. Ces jeunes deviennent ainsi des vecteurs de changement au sein de leurs familles, démultipliant l’impact des messages de sensibilisation.
La campagne a atteint son apogée lors de l’Aïd El-Adha, moment crucial où la consommation d’eau explose traditionnellement. La journée d’information réunissant imams et mourchidates des 58 wilayas a permis de coordonner un message national cohérent appelant à une utilisation rationnelle de l’eau pendant cette période sensible. Cette synchronisation nationale démontre la maturité organisationnelle de l’AGIRE et sa capacité à orchestrer des campagnes d’envergure.
Au-delà de la sensibilisation grand public, l’agence a maintenu un niveau d’exigence scientifique élevé en organisant plusieurs journées techniques réunissant l’ensemble des parties prenantes du secteur hydrique : acteurs institutionnels, chercheurs, universitaires, représentants agricoles et industriels. Ces rencontres ont permis d’approfondir des thématiques cruciales comme la réutilisation des eaux usées, la recharge artificielle des nappes phréatiques et les technologies d’économie d’eau, créant une synergie entre approche populaire et expertise technique.
Lyna Larbi