Startups : Des missions exploratoires internationales pour booster l’écosystème
Un programme ambitieux de missions exploratoires qui a permis, cet été, à plusieurs dizaines d’entrepreneurs algériens de découvrir les secrets des écosystèmes d’innovation les plus performants au monde. Orchestré par le ministère de l’Économie de la connaissance et des Startups et des Micro-entreprises, ce programme d’envergure a conduit 73 représentants de startups algériennes vers trois destinations stratégiques : les États-Unis, la Corée du Sud et la Chine, avec une quatrième mission prévue vers la Slovénie sur directive du président de la République. Cette initiative, reconduite pour la deuxième année consécutive sous la supervision de l’accélérateur public Algeria Venture, témoigne de la volonté des autorités de positionner le pays parmi les nations émergentes en matière d’innovation technologique et d’entrepreneuriat. Les missions, d’une durée de deux semaines chacune, ont offert aux participants une immersion totale dans des écosystèmes reconnus mondialement pour leur dynamisme et leur capacité à transformer les idées en succès commerciaux. La délégation américaine, composée de 24 entrepreneurs algériens, a eu l’opportunité unique de découvrir la Silicon Valley, berceau historique du concept de startup et laboratoire vivant de l’innovation technologique mondiale. Cette expérience s’est révélée transformatrice pour des entrepreneurs comme Islam Mahi, fondateur de la plateforme Socialo Scope dédiée à la gestion des réseaux sociaux, qui a présenté son projet à quatre reprises devant des investisseurs et experts américains. L’accueil enthousiaste réservé à son innovation lui a non seulement renforcé sa confiance mais aussi établi des connexions durables avec l’écosystème entrepreneurial américain. Dans une déclaration à l’APS, Islam Mahi a souligné l’approche américaine se distingue par sa mentalité d’indépendance, privilégiant l’entrepreneur avant le projet lui-même, particulièrement dans les phases initiales, avec un focus sur les réalisations plutôt que sur les profits immédiats. Parallèlement, la mission vers la Corée du Sud, également forte de 24 participants, a révélé un modèle différent mais tout aussi instructif. Farah Toumi, fondatrice d’Agro Tech Solutions spécialisée dans l’agriculture intelligente, souligne de son côté la particularité de l’écosystème coréen qui mise sur la planification stratégique, le développement de modèles économiques robustes et scalables, ainsi que sur des mécanismes innovants d’attraction des investissements. Sa participation au salon Agro Food Tech lui a permis d’exposer son projet et d’explorer des opportunités de collaboration avec des partenaires coréens, ouvrant la voie à des synergies prometteuses dans le secteur des technologies agricoles. C’est toutefois la mission chinoise, regroupant 25 startups, qui a peut-être généré le plus d’enseignements stratégiques. Abdelhamid Gendouz, directeur et fondateur d’Amana Tech, spécialisée dans la fintech, témoigne de la rapidité d’exécution chinoise et de la capacité remarquable à transformer les concepts en projets opérationnels dans des délais très courts. Cette efficacité repose sur une collaboration étroite entre gouvernement, universités et startups, créant un écosystème parfaitement intégré. Plus surprenant encore, la mission a révélé un intérêt réciproque : les investisseurs chinois ont manifesté un véritable engouement pour le marché algérien, perçu comme une porte d’entrée stratégique vers l’Afrique. Cette dimension bidirectionnelle transforme ces missions d’apprentissage en véritables opportunités de partenariats internationaux.
Amine Megara, représentant de TM Solutions et développeur de la plateforme Bonyan spécialisée dans les matériaux de construction et les transactions immobilières, confirme cette tendance en évoquant des discussions préliminaires mais prometteuses avec des partenaires chinois, notamment dans le domaine des technologies vertes. L’environnement économique chinois se caractérise par l’intégration de solutions innovantes à tous les niveaux, depuis la gestion de projet jusqu’aux mécanismes de prise de décision, en passant par le marketing. Son entreprise développe actuellement un projet d’intégration de l’intelligence artificielle à grande échelle, couvrant la relation client, le service après-vente, la gestion des ressources et même la prédiction des besoins futurs du marché.
Ces expériences convergent vers une conclusion encourageante : l’écosystème algérien des startups dispose d’un potentiel considérable, soutenu par un cadre institutionnel de plus en plus favorable et des talents humains remarquables. Les participants s’accordent à reconnaître que la clé du succès réside dans la combinaison de l’audace, de la flexibilité et de l’esprit d’apprentissage continu. L’ouverture aux expériences internationales s’avère cruciale pour transformer les mentalités et les méthodes de travail, tout en développant des réseaux professionnels stratégiques.
Cette initiative, qui s’inscrit dans une vision à long terme de développement de l’économie de la connaissance, démontre la détermination des autorités algériennes à positionner le pays sur la carte mondiale de l’innovation. Ces expériences nourrissent l’ambition légitime de voir émerger des champions algériens capables de rivaliser sur les marchés internationaux tout en apportant des solutions innovantes aux défis locaux et régionaux.
Amar Malki