Lutte contre le financement du terrorisme : Le ministère de l’Intérieur sensibilise les associations
L’Algérie renforce sa vigilance contre les détournements financiers susceptibles d’alimenter le terrorisme en organisant une vaste campagne de sensibilisation destinée aux associations opérant dans les zones sensibles du pays. Le ministère de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire a organisé lundi une journée de sensibilisation par visioconférence ciblant spécifiquement les associations des neuf wilayas frontalières, dans le cadre d’un plan national ambitieux visant à sécuriser le secteur associatif algérien contre les risques de détournement à des fins criminelles. Cette initiative s’inscrit dans la mise en œuvre des recommandations du Groupe d’action financière (GAFI), l’organisme international de référence en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, et témoigne de la volonté des autorités algériennes de renforcer leur arsenal préventif face aux menaces financières contemporaines.
La rencontre a mobilisé un panel d’experts de haut niveau comprenant des cadres du ministère de l’Intérieur, des représentants du Commandement de la Gendarmerie nationale, de la Direction générale de la Sûreté nationale et de l’Observatoire national de la société civile. L’objectif affiché était d’élever le niveau de conscience des associations quant aux risques de leur exploitation dans le financement du terrorisme et les crimes financiers, tout en renforçant leurs capacités en matière de gouvernance et de conformité aux lois pertinentes. Cette approche collaborative illustre la stratégie multisectorielle adoptée par l’Algérie pour faire face à des enjeux sécuritaires qui dépassent les frontières traditionnelles entre secteur public et société civile. Le ministère de l’Intérieur a d’ailleurs mené une récente évaluation des risques de financement du terrorisme à travers les assocations.
L’initiative prend tout son sens au regard de l’ampleur exceptionnelle du secteur associatif algérien, révélée cette évaluation des risques menée durant six mois par une équipe multisectorielle de janvier à juin 2025. Cette étude exhaustive dresse un panorama saisissant d’un écosystème associatif particulièrement dynamique, recensant pas moins de 41.807 associations répondant aux critères internationaux du GAFI. La diversité de ce tissu associatif se reflète dans sa répartition en six grandes catégories, dominées par les associations religieuses avec 20.034 structures, suivies des associations caritatives comptant 9.619 entités. Les associations culturelles représentent 8.198 organisations, tandis que les associations environnementales totalisent 3.615 structures, complétées par 335 fondations et 6 bureaux d’organisations non gouvernementales internationales.
Au-delà de leur nombre impressionnant, ces organisations brassent des montants financiers considérables qui justifient pleinement l’attention particulière des autorités. La valeur globale des ressources, dépenses et budgets de ces organisations à but non lucratif s’élève à plus de 18,5 milliards de dinars, soit l’équivalent de 142,8 millions de dollars américains.
Chokri Hafed