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Des indemnisations d’un milliard de dollars réclamés à Saipem par le Trésor public / Sonatrach II : Khelil au cœur du scandale

Très attendu, le procès dans l’affaire Sonatrach II s’est ouvert, hier au Tribunal de Sidi M’hamed, après plusieurs reports. Un procès qui a vu défiler pas moins d’une quarantaine de cadres de la Compagnie nationale des hydrocarbures, notamment l’ex-P-DG de la Sonatrach, Mohamed Meziane, mais également de l’administration des Douanes algériennes.  Un procès qui a d’ailleurs été marqué par l’absence de l’ancien ministre de l’Énergie, Chakib Khelil, actuellement en fuite et qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt international. Les auditions des accusés ont d’ailleurs mis en relief le rôle joué par l’ex-ministre dans cette affaire liée à l’attribution d’un contrat de réalisation d’une unité GNL à Arzew à la filiale du groupe italien Eni, Saipem.

Ce fût d’ailleurs le cas de Mohamed Meziane, se trouve dans un établissement pénitentiaire d’Oran après avoir été condamné dans une autre affaire, qui a nié les accusations portées à son encontre dans cette affaire. L’ancien P-DG de la Sonatrach, poursuivi pour passation de contrats en violation de la réglementation en vigueur, d’octroi de privilèges indus et d’abus de fonction a mis à l’index le rôle par l’ancien ministre de l’Energie, Chakib Khélil, qu’il accusé d’être intervenu pour privilégier le groupe italien au détriment de la société émiratie Petrofac, alors que cette dernière avait fait la meilleure offre.

Notons que les auditions ont également permis d’entendre des cadres de la Sonatrach et des douanes algériennes, ainsi que le représentant de Saipem et de plusieurs entreprises étrangères. 

Le procès a également été marqué par les plaidoiries des parties civiles. Notons dans ce contexte que le représentant du Trésor public a exigé une indemnisation de plus de 127 milliards de dinars soit l’équivalent de près d’un milliard de dollars aux entreprises poursuivies dans cette affaires au titre des dommages et intérêts, au regard des pertes occasionnées par cette affaire de corruption au Trésor public. Il a également réclamé une indemnité de 40 millions de dinars à chacun des prévenus poursuivis dans cette affaire. 

De son côté, la Sonatrach qui s’est constituée partie civile dans cette affaire a souligné les dommages « graves » qu’elle a subis dans cette affaire qui a affecté sa crédibilité et sa réputation, précisant que l’accord qu’elle a conclu avec Saipem « lui réserve le droit de réclamer des indemnisations « 

Les représentants de la partie civile ont déposé des requêtes écrites auprès du tribunal pour réclamer à l’administration des douanes une indemnisation d’un montant de 1 000 milliards de centimes pour le préjudice qui lui a été causé.  

Les prévenus sont poursuivis par le pôle pénal économique et financier spécialisé du Tribunal de Sidi M’hamed pour corruption, octroi d’indu-privilèges, abus de fonction et conclusion de contrats en violation de la réglementation en vigueur, conformément aux dispositions de la loi n° 06-01 relative à la prévention et à la lutte contre la corruption.Pour rappel, le scandale Sonatrach II lorsque la justice italienne ouvre une enquête sur des rétro-commissions de près de 200 millions d’euros versées par Saipem à Farid Bedjaoui considéré comme le financier de Chakib Khelil, dans le cadre de contrats que l’entreprise italienne a obtenu auprès de la Sonatrach. Une enquête qui s’était élargie à plusieurs pays, notamment au Canada où elle éclaboussé SNC Lavalin. En Algérie une information judiciaire avait été ouverte en 2012 et un mandat d’arrêt international avait été émis contre Chakib Khelil avant que la procédure ne soit annulée. Le dossier a été rouvert en 2019, après la chute du régime Bouteflika.  Notons que des mandats d’arrêt internationaux ont été délivrés contre Chakib Khalil dans l’ensemble des 8 affaires instruites au niveau du pôle économique et financier spécialisé du tribunal de Sidi M’hamed, parmi lesquels les affaires Sonatrach 1, 2, 3 et 4 et les dossiers SNC Lavalin et BRC. 

Chokri Hafed

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