Avoir posté une vidéo sur la préparation d’un défunt sur TikTok : Une infirmière suspendue et poursuivie en justice
Une infirmière de l’hôpital spécialisé Salim Zemirli d’El Harrach a été immédiatement suspendue de ses fonctions et fait l’objet de poursuites judiciaires après avoir diffusé vendredi soir sur son compte TikTok une vidéo montrant la préparation du corps d’une personne décédée en soins intensifs. Cette affaire, qui a provoqué une vive polémique sur les réseaux sociaux, illustre les dérives de l’usage des plateformes numériques et soulève des questions cruciales sur le respect de la dignité des défunts et l’éthique médicale.
L’incident s’est produit dans l’unité de soins intensifs de l’établissement hospitalier où l’infirmière a filmé en direct la manipulation du corps d’un patient décédé avant de publier ces images sur la plateforme. La vidéo, largement relayée dans la soirée du samedi 30 août, a immédiatement suscité l’indignation du public et déclenché une réaction ferme des autorités sanitaires. La rapidité de la réponse institutionnelle témoigne de la gravité accordée à cet acte considéré comme une violation flagrante des règles déontologiques et légales régissant la profession infirmière.
La direction de l’hôpital spécialisé Salim Zmirli d’El Harrach a réagi dans l’heure en publiant un communiqué exprimant ses regrets concernant cet incident. L’administration hospitalière a manifesté « son regret quant à ce cas survenu dans l’unité de soins intensifs où une infirmière a violé la vie privée d’une personne décédée en la filmant à l’intérieur de l’unité et en publiant les images sur les réseaux sociaux ». La direction a également précisé que l’établissement « condamne fermement ce comportement contraire à l’éthique, qui viole les normes et les lois régissant la profession infirmière, et constitue une grave violation de la dignité et des droits du patient, même après son décès ». Les mesures disciplinaires ont été prises immédiatement par l’administration hospitalière qui a confirmé que « la personne concernée a été immédiatement suspendue de ses fonctions en attendant le résultat des enquêtes administratives et judiciaires, conformément aux lois applicables qui criminalisent de tels actes ». Cette suspension conservatoire s’accompagne d’une procédure d’enquête interne qui permettra d’établir les circonstances exactes de cette violation et d’évaluer d’éventuelles défaillances dans l’encadrement du personnel soignant.
Le ministère de la Santé et de la Réforme hospitalière est monté au créneau samedi en publiant un communiqué condamnant fermement cet acte et annonçant des poursuites judiciaires contre son auteure. Le département d’Abdelhak Saïhi a exprimé « sa profonde réprobation face à de tels comportements, inhumains et totalement contraires à nos valeurs religieuses, humaines, ainsi qu’aux principes fondamentaux de la profession infirmière et de la noble mission du secteur de la santé ». La tutelle a également annoncé des sanctions exemplaires, précisant que « tout en condamnant fermement ces agissements individuels inacceptables, qui portent atteinte à la dignité du défunt et aux sentiments de sa famille, des mesures légales seront prises à l’encontre de l’infirmière en question, y compris des poursuites judiciaires ». Dans sa déclaration, le ministère a tenu à réaffirmer ses principes directeurs en matière de déontologie médicale. « Le ministère de la Santé réitère son engagement absolu à respecter la dignité des morts et à faire appliquer strictement les règles déontologiques et professionnelles dans le domaine de la santé. Aucun manquement ni comportement nuisant à l’image du secteur ne sera toléré », a conclu l’institution dans son communiqué, signifiant sa détermination à maintenir les standards éthiques dans l’ensemble des établissements de santé publique.
Cette affaire soulève des interrogations plus larges sur l’usage des réseaux sociaux par le personnel soignant et la nécessité de renforcer la formation en matière d’éthique professionnelle. Elle intervient dans un contexte où les plateformes numériques transforment les pratiques communicationnelles dans tous les secteurs, y compris celui de la santé, nécessitant une adaptation des règlements intérieurs et des codes de conduite pour prévenir de tels dérapages. L’incident révèle également la vulnérabilité des établissements hospitaliers face aux comportements individuels inappropriés qui peuvent ternir l’image de tout un secteur et traumatiser les familles des patients. L’affaire devrait faire jurisprudence dans le secteur de la santé publique et pourrait conduire à un durcissement des règles d’usage des téléphones portables et des réseaux sociaux dans les espaces hospitaliers. Les autorités sanitaires semblent déterminées à faire de cette sanction un exemple pour prévenir toute récidive et protéger la dignité des patients, vivants comme décédés, dans l’ensemble des structures de soins du pays.
Sofia Chahine