BTPH : 200 milliards de dinars investis par l’État chaque année

Face aux défis colossaux du secteur de la construction en Algérie, où l’État investit annuellement près de 200 milliards de dinars dans des projets stratégiques d’habitat, de santé, d’éducation et d’infrastructures, une nouvelle spécialité émerge comme solution d’avenir. La maîtrise d’ouvrage, considérée par les experts comme un « pilier clé » du secteur du bâtiment, fait l’objet d’une attention particulière des autorités qui y voient un levier essentiel pour optimiser l’efficacité des projets et renforcer la compétitivité nationale. La question a d’ailleurs été  samedi au coeur d’une journée d’étude organisée à Alger par l’École supérieure des métiers du bâtiment, filiale de la Banque nationale de l’habitat, réunissant experts, professionnels et décideurs autour du thème « Maîtrise d’ouvrage et responsabilité des maîtres d’ouvrage : investir dans les compétences de demain ». Le directeur général de la BNH, Ahmed Belayat, a marqué cette rencontre par une annonce majeure : la validation par le ministère de l’Enseignement supérieur des programmes de licence en maîtrise d’ouvrage et en gestion des projets immobiliers. « Il s’agit d’une formation inédite en Algérie », a-t-il souligné, précisant que l’ESMB, agréée en 2024, a mis en place tous les outils pédagogiques nécessaires au lancement de ces formations révolutionnaires.

L’expertise en maîtrise d’ouvrage répond à un besoin criant identifié sur le terrain par les professionnels du secteur. Comme l’explique l’architecte experte Zineb Amrani, le maître d’ouvrage constitue « un acteur clé » dans la chaîne de construction, assumant le rôle de coordinateur entre tous les partenaires du projet : maîtres d’œuvre, entreprises, institutions, propriétaires fonciers et utilisateurs finaux. Le directeur général de l’ESMB, Youcef Houmadi, insiste particulièrement sur la polyvalence de cette formation qui couvre non seulement les nouvelles constructions mais également la réhabilitation du patrimoine bâti ancien et des structures endommagées par les séismes, problématique particulièrement sensible en Algérie. Le parrainage est un investissement sûr. Une fois diplômés, les titulaires de la licence professionnelle sont directement opérationnels », assure-t-il, encourageant vivement les entreprises du secteur à s’impliquer dans cette démarche formatrice. L’École supérieure des métiers du bâtiment a profité de cette journée d’étude pour lancer un appel pressant aux entreprises et institutions du secteur. L’objectif : créer un véritable écosystème de formation par le parrainage de jeunes bacheliers intéressés par ces métiers d’avenir. Les entreprises peuvent ainsi former leurs futurs cadres selon leurs besoins spécifiques tout en contribuant à l’émergence d’une génération de professionnels hautement qualifiés.

Les échanges de cette journée d’étude ont particulièrement mis l’accent sur la nécessité de confronter les approches théoriques aux réalités concrètes du terrain algérien. Cette dimension pratique s’avère cruciale dans un pays où les projets de construction doivent composer avec des contraintes géographiques, climatiques et sismiques spécifiques. La formation en maîtrise d’ouvrage intègre donc ces particularités nationales pour préparer des professionnels parfaitement adaptés aux défis locaux. L’initiative de l’ESMB s’inscrit dans une démarche plus large de modernisation du secteur de la construction en Algérie. En dotant le pays de maîtres d’ouvrage compétents, l’objectif dépasse la simple optimisation des projets individuels pour viser une transformation structurelle du secteur. Cette approche stratégique pourrait permettre à l’Algérie de mieux valoriser ses investissements publics massifs et d’améliorer significativement la qualité de ses infrastructures. Ahmed Belayat résume parfaitement cette ambition : « Il s’agit d’un investissement stratégique pour préparer les compétences de demain et consolider la compétitivité nationale ».

Chokri Hafed