Les Journées Créatives Africaines CANEX 2025 : Une constellation d’étoiles africaines ouvre le bal
L’Algérie accueille du 4 au 10 septembre 2025 la quatrième édition de la Foire Commerciale Intra-Africaine (IATF 2025), événement économique majeur du continent africain qui s’enrichit cette année d’un volet culturel exceptionnel. Les Journées Créatives Africaines « CANEX Weekend 2025 » déploient un programme artistique ambitieux.
L’Opéra d’Alger Boualem Bessaih a vibré ainsi vendredi soir aux rythmes d’un concert grandiose réunissant des artistes de renommée internationale venues de plusieurs pays du continent. Cette soirée musicale de près de quatre heures, supervisée par le ministre de la Culture et des Arts Zoheir Ballalou en présence de Benedict Oramah, président de la Banque africaine d’import-export « Afreximbank », a démontré la richesse et la diversité des expressions artistiques africaines. Le ministre a souligné que cette manifestation culturelle « exprime la place importante de la culture dans l’économie et le développement durable, la culture constituant un axe stratégique pour les échanges commerciaux africains au même titre que d’autres domaines comme l’édition et le livre, l’automobile, les médicaments, l’agriculture et autres secteurs ». La soirée s’est distinguée par un moment symbolique particulièrement marquant lorsque le ministre de la Culture et des Arts, accompagné de la légendaire artiste sud-africaine Yvonne Chaka Chaka, surnommée « la Princesse d’Afrique » et vice-présidente de la Confédération internationale des sociétés d’auteurs et compositeurs (CISAC), ainsi que de représentants de l’Office national des droits d’auteur et droits voisins (ONDA), ont remis un certificat de « protection des droits d’auteur » à Benedict Oramah. Cette distinction, accordée pour la première fois lors d’un événement continental de cette ampleur, matérialise l’engagement de la Banque africaine d’import-export dans le respect et la promotion des droits des créateurs, tout en adressant un message puissant affirmant que la protection des droits d’auteur constitue un pilier fondamental pour le développement des industries créatives africaines. Cette cérémonie de remise de certificat revêt une signification particulière dans le contexte actuel de développement des économies créatives sur le continent. Elle illustre parfaitement la convergence entre les enjeux économiques et culturels que portent les organisateurs de l’IATF2025, démontrant que la croissance économique africaine ne peut se concevoir sans une protection adéquate de la propriété intellectuelle des artistes et créateurs.
La programmation musicale a mis en vedette des talents exceptionnels, notamment le phénomène nigérian Wizkid, figure emblématique de l’afrobeats contemporain, accompagné d’Innoss B du Congo, du duo artistique DB N Kogo et Moussa Kays, ainsi que des voix prometteuses du Kenya et Jefferson de Grenade. Cette constellation d’artistes a offert un spectacle fusionnant tradition et modernité, illustrant l’évolution dynamique des musiques africaines qui séduisent désormais un public international. La soirée s’est enrichie de la prestation du groupe algérien « El Basta », qui a revisité le patrimoine musical traditionnel algérien dans des arrangements contemporains, avant l’apothéose finale avec Mouh Milano et ses créations orientées vers un public jeune.
Parallèlement à ces festivités musicales, la programmation CANEX 2025 déploie une palette artistique diversifiée qui témoigne de la vitalité créative du continent. La salle Atlas de Bab El Oued a accueilli « Earth », spectacle chorégraphique époustouflant conçu par l’association culturelle « El Moudja » de Mostaganem sous la direction artistique de Khaled Bourinat. Cette création de 35 minutes, servie par une quinzaine de comédiens majoritairement composée d’enfants, déroule une fresque historique célébrant le patrimoine commun africain à travers plusieurs tableaux chorégraphiques soutenus par des illustrations audiovisuelles. Le spectacle revisite les grandes étapes de l’histoire algérienne depuis l’époque numide jusqu’à l’indépendance, tout en mettant en valeur les contributions de différentes civilisations africaines, notamment égyptienne, à la richesse culturelle continentale.
L’exposition collective « Empreintes Africaines » au pavillon Gourara de la SAFEX constitue un autre temps fort de ces journées créatives. Dix-huit plasticiens de différentes générations, représentant l’Algérie et divers pays africains, présentent des œuvres qui explorent la richesse du patrimoine matériel et immatériel du continent. Cette exposition réunit des créateurs reconnus comme Chinelo Oramah du Nigeria, Ali Boukhalfa d’Algérie, Gladys Kalichini de Zambie, Zineb Al Shia Mansour de Mauritanie, Rashid Diab du Soudan, Mohamed Abou El Naga d’Égypte, Leila Shili de Tunisie et Mandisa Buthelezi d’Afrique du Sud. Leurs créations, déclinées dans des styles et techniques variés, offrent aux visiteurs les clés pour percer les mystères des traditions populaires et déchiffrer les messages esthétiques portés par le continent africain. Les organisateurs précisent que « Empreintes africaines » n’est pas seulement un titre mais « l’expression d’un profond sentiment d’appartenance au continent africain » et évoque « un continent qui a fait face à des défis et des crises tout au long de l’histoire, mais qui s’est toujours relevé grâce à la résilience de ses peuples et à la créativité de ses artistes ». Cette exposition représente également « un dialogue ouvert entre les expériences et les visions, entre la mémoire et l’ambition, affirmant que l’art est un langage commun entre les peuples et un moyen de montrer sa capacité à éclairer les chemins de la vie ».
Cette programmation culturelle, organisée avec la contribution du Festival culturel international de l’Art contemporain et de l’Agence algérienne pour le Rayonnement culturel sous l’égide du ministère de la Culture et des Arts, s’inscrit dans une vision stratégique plus large. Benedict Oramah a souligné l’importance de ces Journées créatives africaines organisées en Algérie, les qualifiant d' »événement culturel majeur à l’échelle africaine » qui comprendra également des projections cinématographiques, des spectacles musicaux, des expositions d’arts plastiques, des démonstrations d’arts culinaires, des présentations littéraires et des arts visuels, complétées par des sessions de formation et des ateliers spécialisés. En positionnant la culture comme vecteur d’intégration économique, l’Algérie démontre que les échanges commerciaux intra-africains ne peuvent se limiter aux seules considérations mercantiles mais doivent s’appuyer sur une connaissance mutuelle et une valorisation des diversités créatives. Cette stratégie répond aux objectifs du programme CANEX qui vise à promouvoir les industries culturelles et créatives algériennes et africaines tout en encourageant l’émergence de nouveaux talents dans les différents domaines artistiques. Le ministre Ballalou a d’ailleurs souligné que ce succès « reflète le rapprochement artistique et la similarité des éléments du patrimoine artistique vibrant de créativité », ajoutant que « l’Algérie, locomotive de l’Afrique, rassemble à travers l’espace de cette foire l’Afrique culturellement et économiquement dans tous les arts et industries culturelles et créatives, pour renforcer les perspectives d’échanges et de coopération culturelle inter-africaine ».
Mohand Seghir
