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16e congrès du Front Polisario : La lutte, seule option pour les Sahraouis

Les travaux du 16econgrès du Front Polisario ont débuté vendredi à Dakhla dans les camps de réfugiés sahraouis sous le slogan « Intensifier la lutte pour chasser l’occupant et parachever la souveraineté ». L’événement auquel participent 2000 congressistes est prévu de s’étaler jusqu’au 17 janvier.

Selon les observateurs, ce congrès qui intervient dans un contexte de reprise de la guerre contre l’occupant marocain devrait appuyer les choix politiques et militaires de la direction actuelle, surtout que pour la majorité des jeunes cadres du Front Polisario l’indépendance du peuple sahraoui est une option non négociable. Face à la politique du pire pour laquelle a opté le Maroc, les Sahraouis n’ont d’autre alternative que d’arracher leur liberté par les armes. Ils sont habités par une grande détermination.

Le Secrétaire général (SG) du ministère sahraoui de l’Information, Hamdi Miara, a affirmé, à ce propos, juste avant le début des travaux du congrès que «la guerre demeure actuellement la seule option pour les Sahraouis». M. Hamdi a précisé que «quels que soient les résultats concernant l’élection du Secrétaire général et des membres du Secrétariat national du Front Polisario, la position sahraouie est claire et les Sahraouis sont unanimes et convaincus que le peuple sahraoui est entré dans une autre étape de sa lutte de libération après la reprise de la lutte armée et que la guerre au Sahara occidental est actuellement la seule option pour le recouvrement de la souveraineté». Il a ajouté que «l’option de la lutte armée ne signifie nullement que les Sahraouis n’ont pas déployé d’efforts pour rétablir la paix».

Les participants sont entrés dans le vif du sujet aussitôt après l’ouverture des travaux du 16e congrès du Front Polisario. Le secrétaire général du Front Polisario, Brahim Ghali, a ainsi présenté lors d’une séance qui s’est tenue en soirée les rapports moral et financier. Dans sa présentation, M. Ghali a mis en avant les principaux acquis réalisés par la cause sahraouie durant la période entre le 15e et le 16e  congrès sur tous les plans, affirmant que « la cause sahraouie a réussi durant cette période à réaliser un bond qualitatif et historique dans la consécration de la place et de la justesse de la cause lors de tous les événements internationaux ».Le SG du Polisario a mis l’accent par ailleurs sur la conjoncture internationale durant laquelle se tient le Congrès sur tous les plans, partant de la pandémie du covid-19 et ses retombées sociales et économiques sur le monde. En dépit des conjonctures exceptionnelles marquant la reprise de la lutte armée le 13 novembre 2020 en raison de la violation de l’accord de cessez-le-feu par le Maroc et sa tentative de s’attaquer à des civils sahraouis à El Guerguerat, a-t-il dit, « un bond qualitatif a été réalisé à tous les niveaux ». Le chef du Front Polisario est revenu en outre sur les efforts ayant consisté à moderniser et à doter de moyens matériels et humains disponibles l’institution militaire pour l’adapter aux exigences imposées par la conjoncture. Brahim Ghali a évoqué aussi d’autres fronts extrêmement importants, à savoir « les fronts de la terre occupée et l’impératif de la renforcer et de la doter des moyens nécessaires lui permettant d’alimenter la résistance, outre le front médiatique et diplomatique ».

Un combat et des acquis

Le point fait par Brahim Ghali n’est pas exagéré du tout. Beaucoup d’observateurs reconnaissent que la question sahraouie a connu, au cours de l’année 2022, des succès diplomatiques et juridiques importants sur la scène internationale, mais aussi un élan de solidarité sans précédent avec le peuple sahraoui, malgré les efforts du Maroc d’occulter et d’étouffer une vérité existentielle d’un peuple en lutte pour son indépendance. Deux ans après la reprise de la guerre suite à la violation par le Maroc   du cessez le feu convenu avec le Front Polisario en 1991, dans ce territoire non autonome, les instances internationales n’ont eu de cesse d’exprimer leur profonde préoccupation quant à la situation instable au Sahara occidental occupé, appelant au respect de la légalité internationale et des résolutions de l’ONU et de l’Union africaine (UA). 

Alors que le statut « distinct et séparé » du Sahara occidental a été clairement défini par les différentes Cours de justice (Afrique et UE), le Maroc continue de violer les droits du peuple sahraoui et d’imposer un « black-out », empêchant toutes les délégations étrangères d’accéder aux territoires   occupés pour relayer les faits. Néanmoins, le rétablissement des relations avec certains pays attachés au respect du droit à l’autodétermination, les arrêts des différentes Cours de justice ainsi que la participation du président sahraoui, Brahim Ghali, à nombre d’évènements internationaux, témoignent d’une impulsion donnée à la cause sahraouie.

Le succès diplomatique du Front Polisario a commencé à prendre forme en février dernier, lorsque le président sahraoui a participé, aux côtés de ses pairs africains et européens, aux travaux du 6e sommet Union européenne/Union africaine tenu à Bruxelles.  M. Ghali venait alors de participer pour la deuxième fois à ce genre de sommets, après celui de 2017 à Abidjan, compte tenu du statut de la   République sahraouie (RASD) comme membre fondateur de l’UA, jouissant de tous les droits et devoirs.  Il n’est pas sans rappeler que sa participation à la 8e Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD8), organisée à Tunis, avait suscité la colère du Makhzen qui, dépourvu de bon sens, a créé une crise politique risible avec la Tunisie, démontrant le sentiment d’un échec cinglant dans la réalisation de ses objectifs d’adhésion en 2017 à l’UA.

L’année 2022 a vu également la désignation du premier ambassadeur du Botswana et de l’Angola en République sahraouie depuis l’établissement des relations entre les pays concernés et de la première visite historique du vice-ministre des Affaires étrangères du Honduras, Torres Zelaya Gerardo, dans les Camps de réfugiés sahraouis. Le continent africain s’est aussi fait remarquer avec le Soudan du Sud qui a rétabli les relations diplomatiques avec la RASD, suspendues en 2018 et le Kenya qui a réaffirmé son soutien au droit incontestable et inaliénable  du peuple sahraoui à l’autodétermination à travers l’organisation d’un référendum libre et juste dirigé par l’ONU et l’UA.  Et en Amérique latine, le Pérou et la Colombie ont annoncé le rétablissement des relations diplomatiques avec la RASD, conformément aux principes et objectifs de la charte de l’ONU.

Le Maroc humilié sur la scène internationale

Sur le plan juridique, l’occupant marocain a reçu une claque de la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples avec un arrêt rendu le 22 septembre dernier, dans lequel elle a dénoncé l’occupation marocaine du  Sahara occidental, appelant tous les Etats membres de l’UA à trouver une solution permanente à cette occupation et assurer la jouissance du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. Ceci s’ajoute à la décision du Conseil d’Etat français, rendue à l’initiative de la Confédération paysanne, d’interdire l’importation des produits agricoles depuis le territoire sahraoui occupé, au motif que le Sahara occidental n’appartient pas au royaume du Maroc, comme statué par la   Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) en 2016 et 2018, soulignant que « présenter ces produits comme étant originaires du Maroc viole le droit de l’UE et les arrêts de la Cour ». Par ailleurs, la cause sahraouie jouit d’un grand soutien sur la scène internationale.  A l’ONU, lors de la session du Comité spécial de la décolonisation dit « Comité des 24 », plusieurs représentants de pays et d’organisations internationales ont réitéré leur soutien au respect du droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination, dénonçant les violences et violations des droits humains exercées par l’occupant marocain au Sahara occidental occupé. Ce sont là autant d’éléments qui prouvent la justesse du combat des Sahraouis et l’échec des tentatives du Makhzen de légitimer sa politique coloniale. A signaler que la cérémonie d’ouverture du 16e congrès du Front Polisario baptisé « Chahid M’hamed-Khaddad-Lahbib » s’est déroulée en présence d’une délégation de haut niveau de plusieurs pays frères et amis du peuple sahraoui. Quelque 300 personnalités d’Afrique, d’Amérique latine, d’Europe et d’Asie y ont pris part. 

Khider Larbi

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