À la UneMonde

Crise humanitaire totale à Ghaza : L’ONU tire la sonnette d’alarme

Les Nations unies multiplient les avertissements face à l’aggravation dramatique de la situation humanitaire dans la bande de Ghaza, où l’escalade des violences et le blocus sioniste imposé ont plongé deux millions de Palestiniens dans un cauchemar quotidien.

Philippe Lazzarini, Commissaire général de l’UNRWA, a dénoncé samedi une « impunité totale » dont bénéficie l’entité sioniste et qui a « transformé la vie des Ghazaouis en un enfer », pointant du doigt l’absence de volonté politique internationale pour mettre fin à cette tragédie. La famine artificielle qui frappe l’enclave constitue selon les organisations onusiennes la manifestation la plus cruelle de cette crise. Au cours des dernières 24 heures seulement, cinq Palestiniens, dont trois enfants, ont succombé à la malnutrition, portant le nombre total de victimes de la famine à 387 personnes, parmi lesquelles 138 mineurs. Ces décès auraient pu être évités selon Lazzarini, qui rappelle que l’UNRWA dispose actuellement de suffisamment de vivres et d’aide humanitaire, bloqués en Jordanie et en Égypte, pour couvrir les besoins essentiels de toute la population Ghazaouie pendant trois mois. L’UNICEF a lancé dimanche un avertissement particulièrement alarmant, prédisant une propagation imminente de la famine vers le centre de Ghaza « en quelques semaines si une action urgente n’est pas prise ». Tess Ingram, porte-parole de l’organisation, a souligné que les familles ne parviennent plus à nourrir leurs enfants dans une situation devenue « catastrophique ». La malnutrition chez les enfants de moins de cinq ans a déjà doublé entre mars et juin. Parallèlement à cette famine programmée, les bombardements intensifs se poursuivent quotidiennement. Dimanche, au moins 14 Palestiniens ont été tués dans des frappes israéliennes, incluant deux enfants dans le bombardement d’une tente abritant des déplacés dans le quartier d’Al-Rimal, quatre civils dans un immeuble résidentiel du quartier Sheikh Radwan, et huit personnes dans l’école Al-Farabi transformée en refuge. Depuis le 2 mars dernier, toutes les voies d’accès ont été fermées, empêchant l’acheminement de la majorité des aides alimentaires et médicales.

Les témoignages des directeurs d’hôpitaux confirment à l’UNICEF une augmentation dramatique du nombre d’enfants souffrant de fractures, de brûlures et de blessures graves. Les Palestiniens du nord et de l’est de Ghaza, vivant « sous la menace constante » d’une escalade des bombardements, fuient vers l’ouest en direction de la mer, où prolifèrent désormais les camps de tentes le long du littoral. Ceux qui envisagent de se déplacer vers le sud réalisent que la situation y est similaire, marquée par la pénurie alimentaire, l’absence d’eau potable et les bombardements incessants. Depuis le 7 octobre 2023, le bilan officiel s’élève à 64.368 martyrs et 162.776 blessés, selon les autorités sanitaires palestiniennes. Au cours des dernières 24 heures, 87 corps et 409 blessés sont arrivés dans les hôpitaux, tandis que de nombreuses victimes demeurent encore ensevelies sous les décombres. Un décompte macabre révèle que 31 Palestiniens ont été tués et 132 blessés alors qu’ils attendaient l’aide humanitaire, portant le bilan global de ces attaques contre les civils affamés à 2.416 morts et 17.709 blessés.

Face à cette situation, le chef de l’UNRWA a renouvelé depuis Le Caire son appel à un cessez-le-feu immédiat permettant l’acheminement d’une aide humanitaire d’urgence à grande échelle. « Tout ce qu’il faut pour changer de cap, c’est de la volonté politique, ouvrir les passages et nous laisser travailler », a-t-il martelé, dénonçant l’inaction de la communauté internationale face à une tragédie qui pourrait être stoppée immédiatement. Les personnels de santé, les humanitaires et les journalistes alertent depuis des mois sur l’imminence de cette famine, « mais rien n’a changé », déplore l’UNICEF, soulignant que les Palestiniens « vivent dans une situation d’impuissance » face à l’absence de pression internationale suffisante pour modifier cette réalité meurtrière.

Lyes Saïdi

admin

admin

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *