Patrimoine palestinien : « On ne peut pas passer sous silence » les destructions sionistes
L’Algérie se positionne en première ligne de la bataille pour la sauvegarde du patrimoine culturel arabe.
Alger a accueilli jeudi l’ouverture des premières sessions du patrimoine culturel dans le monde arabe, une initiative inédite de l’Organisation arabe pour l’éducation, la culture et les sciences (ALECSO) qui place la question patrimoniale au cœur des enjeux géopolitiques contemporains. Au Palais de la Culture « Moufdi Zakaria », la ministre de la Culture et des Arts, Malika Bendouda, a donné le ton de cette rencontre de deux jours en soulignant l’urgence d’une mobilisation collective. « La protection et la valorisation du patrimoine culturel arabe commun constituent une question centrale à dimension stratégique », a-t-elle déclaré lors de son allocution d’ouverture, se félicitant du choix de l’Algérie comme première étape de ce programme pionnier. Cette initiative intervient dans un contexte particulièrement tendu où les conflits armés menacent directement l’héritage culturel des nations arabes. Le thème retenu pour ces sessions d’Alger, consacré au patrimoine culturel dans le contexte des conflits armés, « nous confronte à des défis majeurs et à une responsabilité stratégique à tous les niveaux », a précisé la ministre. Elle a rappelé que « les conflits armés menacent non seulement la vie des peuples, mais ciblent également la mémoire et l’identité culturelle des nations ». La situation en Palestine a occupé une place centrale dans les débats. Malika Bendouda n’a pas hésité à dénoncer frontalement la destruction du patrimoine palestinien : « On ne peut pas passer sous silence l’agression sioniste systématique contre le patrimoine culturel palestinien, les sites historiques et les monuments archéologiques ayant subi une destruction totale dans une tentative d’effacement de l’identité palestinienne. » L’Algérie réaffirme ainsi « son engagement constant à se solidariser avec la Palestine et à considérer la protection de son patrimoine comme un devoir moral, national et humain exigeant la mobilisation de toutes les énergies arabes et internationales ». Cette rencontre s’inscrit dans une dynamique plus large de coopération culturelle arabe. L’Algérie s’apprête à accueillir plusieurs événements majeurs dans les prochains mois : le colloque des opéras dans le monde arabe les 14 et 15 octobre, le colloque arabe sur le patrimoine immatériel inscrit sur la liste de l’UNESCO les 26-27 novembre, ainsi que le forum des découvertes archéologiques prévu en décembre. « L’Algérie poursuit sa contribution active aux dossiers arabes communs sous la supervision de l’ALECSO, notamment à travers sa conduite du dossier relatif aux jeux traditionnels arabes et sa participation effective au dossier de la poterie traditionnelle », a souligné la ministre.
Les sessions d’Alger ont également été l’occasion d’honorer l’expertise algérienne en matière patrimoniale. L’ALECSO a rendu hommage au professeur Mounir Bouchenaki, expert international algérien reconnu mondialement. Malika Bendouda l’a qualifié de « grande figure scientifique arabe de haut niveau, qui a non seulement consacré ses efforts au patrimoine algérien, mais aussi étendu ses contributions à l’ensemble du paysage culturel arabe ». Pour Hamid Al-Noufali, directeur du Département de la Culture à l’ALECSO, ces sessions marquent « la première étape de ce programme arabe important », créant « un espace de dialogue destiné à l’échange d’expériences et d’expertises et au renforcement de l’action arabe commune en matière de protection du patrimoine ». Il a insisté sur l’urgence de cette mobilisation face aux « violations et même aux crimes commis contre le patrimoine arabe dans de nombreux pays en raison des guerres et des conflits ». Cette initiative réunit des experts du patrimoine venus d’Algérie, de Tunisie, d’Égypte et de Libye, témoignant d’une volonté partagée de transformer la sauvegarde patrimoniale en véritable stratégie de résistance culturelle. En choisissant l’Algérie pour lancer ce programme, l’ALECSO reconnaît le « rôle pionnier » du pays dans la protection et la promotion du patrimoine culturel aux niveaux arabe et international.
Mohand Seghir
