Sahara occidental : L’ONU exprime ses préoccupations sur les violations des droits humains
Des rapporteurs spéciaux des Nations unies ont exprimé leur préoccupation quant aux conditions de détention sévères du défenseur sahraoui des droits humains El Hussein Amaadour et aux mauvais traitements subis par sa sœur Soukaina Amaadour lors de ses visites carcérales. Dans une communication conjointe adressée à l’occupant marocain, Mary Lawlor, Rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l’homme, Irene Khan, Rapporteuse spéciale sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression, Tlaleng Mofokeng, Rapporteuse spéciale sur le droit à la santé, et Margaret Satterthwaite, Rapporteuse spéciale sur l’indépendance des juges et des avocats, ont dénoncé le placement continuel d’El Hussein Amaadour dans une prison éloignée de son domicile familial ainsi que les conditions dégradantes imposées à sa sœur. Soukaina Amaadour a affirmé avoir été soumise à une fouille corporelle dégradante par deux employées de prison qui l’avaient menacée de refus de visite et l’avaient soumise à des insultes verbales à caractère raciste et diffamatoire. Les experts onusiens ont averti que ces faits allégués contreviendraient aux normes du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, auquel le Maroc a adhéré le 3 mai 1979, notamment aux articles 7 et 12 garantissant la protection contre les traitements inhumains ou dégradants et le droit à la santé. Ces violations contreviendraient également à l’ensemble des règles minimales des Nations unies pour le traitement des détenus, connues sous le nom de règles Nelson Mandela. El Hussein Amaadour, défenseur des droits humains et ancien leader d’un mouvement d’étudiants sahraouis à l’Université d’Agadir, a défendu les droits des étudiants et le droit à l’autodétermination pour le peuple du Sahara occidental. Les rapporteurs spéciaux demeurent inquiets face à ce qui constitue un cas de criminalisation des défenseurs des droits humains en raison de ses activités pacifiques. Son cas avait été inclus dans un rapport sur la détention de longue durée des défenseurs des droits de l’homme présenté à l’Assemblée générale en 2021. Le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire a jugé sa détention arbitraire et contraire au droit international des droits de l’homme dans un avis adopté en novembre 2024, demandant sa libération immédiate et son indemnisation.
Parallèlement, la Russie a souligné jeudi la nécessité de trouver une solution définitive à la question du Sahara occidental, conformément aux objectifs et principes de la Charte des Nations unies. Lors de consultations tenues à Moscou entre le vice-ministre des Affaires étrangères Sergueï Vershinine et l’envoyé personnel du Secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental Staffan de Mistura, la partie russe a mis en exergue la nécessité que la solution finale soit fondée sur les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité de l’ONU. Il a été souligné que mettre fin à ce conflit de près d’un demi-siècle, héritage du colonialisme, contribuerait à stabiliser la situation en Afrique du Nord et dans la région Sahara-Sahel. La Russie a également insisté sur la nécessité pour la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental de poursuivre son action et de maintenir son potentiel humain et ses ressources afin de continuer à avoir un effet stabilisateur sur la situation dans la région. Dans le même temps, l’exploitation illégale des ressources sahraouies par l’occupant marocain s’intensifie. L’Observatoire international de surveillance des ressources naturelles au Sahara occidental Western Sahara Resource Watch a dénoncé vendredi l’utilisation par le Maroc de l’énergie volée aux territoires sahraouis occupés pour alimenter en eau sa population. Deux usines de dessalement d’eau de mer au Maroc ont été directement reliées à des parcs éoliens situés dans le territoire occupé du Sahara occidental. La station de dessalement de Casablanca sera alimentée par le parc éolien d’Anzarane d’une capacité de 360 MW situé au Sahara occidental occupé, près de la moitié de sa production étant consacrée à l’alimentation en eau de Casablanca. La station de dessalement d’Agadir sera alimentée par un nouveau parc éolien de 150 MW situé à Laâyoune au Sahara occidental occupé. Face à la crise de l’eau aggravée par six années consécutives de sécheresse, le Maroc puise de plus en plus dans les ressources du Sahara occidental occupé pour alimenter ses projets de dessalement. Western Sahara Resource Watch qualifie ces projets de colonialisme vert, dénonçant l’exploitation des terres et des ressources sahraouies pour répondre aux besoins du Maroc. Sara Eyckmans de l’organisation affirme qu’alimenter l’infrastructure phare du Maroc en matière de sécurité hydrique avec de l’énergie produite sur des terres occupées, sans le consentement des Sahraouis, soulève des questions juridiques et éthiques majeures.
L.S.