Opep+ : Vers une nouvelle hausse de la production de pétrole
L’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (Opep+) s’apprête à approuver une nouvelle augmentation de la production pétrolière d’au moins 137.000 barils par jour lors de sa réunion du 5 octobre prochain, révèlent trois sources proches des négociations citées par Reuters. Cette décision, qui interviendrait pour le mois de novembre, s’inscrit dans la stratégie de reconquête de parts de marché menée par l’alliance depuis avril dernier, encouragée par la remontée des cours du brut au-dessus de 70 dollars. Depuis le printemps 2025, l’Opep+ a radicalement inversé sa politique de restriction de l’offre, abandonnant sa stratégie de soutien aux prix par la limitation de la production pour privilégier la défense de ses positions concurrentielles sur le marché mondial. L’Opep+, qui contrôle environ la moitié de la production pétrolière mondiale en regroupant l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, la Russie et d’autres pays alliés, a déjà relevé ses quotas de plus de 2,5 millions de barils par jour depuis avril, soit environ 2,4% de la demande mondiale, marquant un tournant stratégique majeur dans sa politique énergétique. L’évolution des cours pétroliers offre désormais à l’Opep+ une marge de manœuvre suffisante pour poursuivre cette politique d’augmentation graduelle de l’offre sans compromettre les revenus des pays membres. Les prix du pétrole, qui avaient dépassé 80 dollars le baril en début d’année, évoluent depuis avril dans une fourchette relativement stable de 60 à 70 dollars le baril. Vendredi, les cours ont atteint leur plus haut niveau depuis le 1er août, franchissant le seuil symbolique de 70 dollars le baril, soutenus par les attaques de drones ukrainiens contre l’infrastructure énergétique russe qui ont perturbé les activités de raffinage et les expéditions de l’un des plus grands exportateurs mondiaux de pétrole.
Huit pays membres de l’Opep+ se réuniront en ligne le 5 octobre pour décider des niveaux de production de novembre. Cette réunion restreinte devrait permettre à l’organisation et ses alliés de poursuivre sa politique dans le but d’ajuster rapidement sa politique d’offre en fonction de l’évolution des conditions de marché et des considérations géostratégiques.
Selon les sources consultées par Reuters, l’augmentation prévue pour novembre s’élèverait à au moins 137.000 barils par jour, équivalant à la hausse d’octobre, bien qu’aucune décision finale n’ait encore été arrêtée. Cette progression mesurée s’inscrit dans le démantèlement progressif des réductions de production qui avaient atteint à leur apogée 5,85 millions de barils par jour, structurées en trois volets distincts : des coupes volontaires de 2,2 millions de barils par jour, une réduction de 1,65 million de barils par jour par huit membres spécifiques, et une diminution supplémentaire de 2 millions de barils par jour appliquée par l’ensemble du groupe.
Les huit producteurs ont démantelé complètement le premier volet de ces réductions, soit 2,2 millions de barils par jour, en septembre. Pour octobre, ils ont commencé à supprimer le deuxième niveau de 1,65 million de barils par jour avec une augmentation initiale de la production de 137.000 barils quotidiens. Par ailleurs, l’Opep+ a accordé aux Émirats arabes unis l’autorisation d’augmenter leur production de 300.000 barils par jour entre avril et septembre. Les analystes soulignent toutefois que les hausses effectives de l’Opep+ restent inférieures aux montants annoncés, la plupart des membres produisant déjà à pleine capacité. Le contexte géopolitique ajoute une dimension supplémentaire aux calculs de l’Opep+, notamment avec les perturbations affectant la Russie. Selon le quotidien Izvestia, une pénurie d’essence touche plus de dix régions russes, illustrant l’impact des tensions géopolitiques sur les infrastructures énergétiques. Le troisième volet des réductions de l’Opep+, représentant 2 millions de barils par jour à l’échelle du groupe, demeure en vigueur jusqu’à la fin 2026.
Samira Ghrib
