Logitrans : 12 milliards de dinars pour l’acquisition de 400 nouveaux attelages

Le Groupe Logitrans s’apprête à investir 12 milliards de dinars dans l’acquisition de 400 nouveaux attelages destinés à renforcer l’approvisionnement du Grand Sud algérien en carburant, a annoncé ce lundi son président-directeur général, Salem Salhi, sur les ondes de la Radio algérienne. Cette opération d’envergure s’inscrit dans un vaste plan de modernisation de la logistique nationale et intervient à la suite d’une convention signée avec Naftal pour sécuriser l’acheminement du carburant vers les régions les plus reculées du pays. Intervenant dans l’émission « L’invité du jour » de la chaîne 3, Salem Salhi a détaillé cette décision stratégique prise après une réunion avec le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et des Transports, Said Sayoud. « Nous avons mobilisé 12 milliards de dinars pour l’acquisition de 400 attelages », a-t-il déclaré, précisant que ces équipements, composés de camions et de citernes, répondent à un besoin urgent. « Ces réunions ont débouché sur la nécessité de renforcer notre flotte avec nos propres moyens pour desservir le Grand Sud en carburant », a-t-il expliqué, soulignant l’importance de garantir un approvisionnement régulier et sécurisé vers les wilayas du Sud.

Créée en 2016 sur les cendres de l’ancienne Société nationale de transport routier fondée en 1967, Logitrans s’est imposée comme un acteur incontournable du transport de marchandises et de la logistique en Algérie. L’entreprise a su développer une expertise pointue pour répondre aux exigences d’un territoire immense et aux défis logistiques qu’il impose. « Nos camions parcourent plus de 1 400 kilomètres par jour », a précisé le PDG, évoquant les trajets vers Timimoun, Bordj Badji Mokhtar, Adrar ou encore Tindouf. Pour assurer le succès de ces opérations complexes vers le Sud, « nous avons mis en place une cellule de veille permanente », a-t-il ajouté, témoignant de l’organisation rigoureuse nécessaire à ces missions.

Grands projets structurants

Au-delà du transport de carburant, Logitrans joue un rôle crucial dans l’accompagnement des grands projets structurants du pays. Le groupe participe notamment au développement du programme Baladna et au projet de ligne ferroviaire stratégique reliant Gara Djebilet à Tindouf et Béchar sur plus de 950 kilomètres. « Nous avons eu le financement pour accompagner ces projets majeurs », a confirmé Salem Salhi, illustrant la confiance accordée à l’entreprise pour soutenir les infrastructures nationales. Dans le cadre de son expansion, Logitrans s’est également vu confier la gestion du poste frontalier de Tindouf, un site stratégique pour les échanges commerciaux avec l’Afrique de l’Ouest. « Nous avons signé une convention avec la wilaya de Tindouf le 17 septembre pour la gestion de ce poste stratégique qui permet d’ouvrir l’accès vers la Mauritanie, puis vers des pays comme le Sénégal », a indiqué le responsable. L’entreprise s’est engagée à « préserver cet édifice, assurer la remise en état des infrastructures existantes et prendre en charge les volets liés à l’assainissement, au gaz, à l’électricité, à l’eau potable ainsi qu’aux espaces verts », détaillant ainsi l’ampleur des responsabilités assumées. Cette ambition continentale se traduit par une présence accrue sur les marchés régionaux. « En 2025, nous avons réalisé plus de 100 expéditions, notamment vers la Mauritanie et la Tunisie », a souligné Salem Salhi. Présent à la quatrième édition de la Foire commerciale intra-africaine en 2025, le groupe affiche clairement ses ambitions panafricaines. « Nous sommes prêts à accompagner les opérateurs ayant signé des contrats avec leurs partenaires, pour assurer le transport sur le réseau national et international », a-t-il déclaré, positionnant Logitrans comme un facilitateur du commerce africain. Pour mener à bien ses missions, le groupe dispose de moyens logistiques considérables. « Nous avons nos propres moyens avec 1 300 attelages », a précisé le PDG, ajoutant que l’entreprise s’appuie également sur « 2 450 autres attelages affrétés ». Les filiales du groupe disposent quant à elles d’un parc de « 370 attelages en propre et 1 902 affrétés », assurant un maillage logistique complet du territoire national, de l’Est à l’Ouest et du Centre jusqu’au Grand Sud. Les résultats financiers témoignent de la dynamique de croissance de Logitrans. Après avoir transporté plus de 4 millions de tonnes de marchandises en 2023 sur 126 millions de kilomètres parcourus, l’entreprise a franchi la barre des 5 millions de tonnes en 2024. « Nous allons clôturer l’année 2025 avec un chiffre d’affaires de 10,5 milliards de dinars, contre 9,2 milliards en 2024, grâce aux investissements réalisés », a affirmé Salem Salhi. Ces performances reposent sur une politique d’investissement ambitieuse. « Logitrans a investi plus de 8 milliards de dinars dans l’acquisition de moyens de transport de marchandises, et plus de 6 milliards de dinars dans le développement d’infrastructures », a-t-il détaillé, mentionnant également la création d’unités spécialisées dans la maintenance et la sous-traitance. Cette croissance implique un effort important en matière de ressources humaines. « Oui, nous sommes dans l’obligation de recruter des chauffeurs et de les former, notamment en vue de l’arrivée des 400 nouveaux attelages. Nous nous préparons activement, notamment pour Hassi Messaoud et Béchar », a expliqué le responsable, conscient que le capital humain constitue un enjeu majeur pour l’avenir du groupe. Enfin, la transformation numérique figure parmi les priorités de Logitrans. « Conformément aux instructions du ministre, nous travaillons sur la GED – la gestion électronique des documents », a indiqué Salem Salhi. Des projets pilotes sont déjà en cours. « Des tests sont en cours avec Naftal pour numériser l’acheminement du carburant vers le Grand Sud, la facturation et le suivi des demandes », a-t-il précisé, annonçant que le système sera « opérationnel très prochainement ». Cette modernisation devrait permettre d’optimiser davantage les opérations et de renforcer la traçabilité des flux logistiques sur l’ensemble du territoire.

Sabrina Aziouez