Une feuille de route pour réformer l’école algérienne
L’école algérienne va alléger ses programmes et réduire le volume horaire des élèves du secondaire qui ne suivront désormais que les matières directement liées à leur spécialité. Cette annonce majeure a été faite jeudi par le ministre de l’Éducation nationale, Mohamed Seghir Saadaoui, lors d’une conférence virtuelle historique qui l’a mis face à face avec des milliers de jeunes, d’élèves et de parents à travers tout le pays. Organisée par le Conseil supérieur de la jeunesse en partenariat avec le ministère de l’Éducation nationale, cette rencontre inédite baptisée « Une heure de dialogue » a permis un échange direct et sans filtre entre le premier responsable du secteur éducatif et les principaux concernés par les réformes en cours. Le ministre a répondu pendant plus d’une heure aux questions des élèves, dont certains accompagnés de leurs parents, des enseignants et des jeunes, révélant ainsi les contours d’une transformation profonde du système éducatif national. Cette initiative s’inscrit dans le cadre des orientations du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, visant à placer les jeunes au cœur de l’élaboration des politiques publiques. Le ministre a d’ailleurs salué cette démarche comme traduisant « la volonté sincère du président de la République de placer les jeunes au cœur de l’élaboration des politiques publiques, notamment dans le secteur de l’éducation nationale qui s’occupe de la construction de l’être humain et de la préparation des générations montantes ». Sur la question cruciale de la réduction du volume horaire qui pèse lourdement sur les lycéens, le ministre a été clair et précis. Répondant à un élève en classe terminale, il a affirmé que « le ministère est parfaitement conscient de cette question qui entre dans le cœur de sa stratégie pour la qualité de l’enseignement ». Il a révélé que son département travaille actuellement à mettre en place les arrangements nécessaires pour que les élèves de chaque filière au niveau de l’enseignement secondaire bénéficient du volume horaire nécessaire uniquement pour les matières directement liées à leur spécialité, tout en les dispensant des matières qui n’ont pas ce lien direct, ce qui se répercutera inévitablement sur le volume horaire et conduira à l’allègement des programmes. L’actualisation des programmes éducatifs constitue une autre priorité majeure dévoilée lors de cette rencontre. Interrogé par une élève du cycle moyen sur la modernisation des curricula, le ministre a déclaré que « l’actualisation des programmes et le réajustement du volume des matières scolaires constituent une priorité stratégique pour le ministère, en raison de leur lien avec l’accompagnement des mutations mondiales, particulièrement dans le domaine technologique et numérique ». Cette révision s’effectue de manière périodique et méthodique selon une approche scientifique et pédagogique, dans le but de réduire le contenu superflu et d’adapter le volume horaire pour permettre à l’élève d’acquérir des connaissances modernes et concentrées. Le virage numérique du secteur a également occupé une place centrale dans les échanges. Le ministre a confirmé que « la numérisation est une réforme fondamentale dans le secteur de l’éducation nationale » qui touche plusieurs axes stratégiques, de la numérisation du suivi des élèves avec la création d’un espace électronique permettant aux parents de suivre la scolarité de leurs enfants, à la numérisation complète de la gestion du personnel et de l’administration. Le ministère a développé des services numériques innovants avec le lancement d’un nouveau site internet et de plateformes comme « Mon rendez-vous » pour améliorer la qualité des services. Cette transformation digitale permet désormais aux responsables du ministère de suivre à distance et en temps réel n’importe quel établissement éducatif avec précision et rapidité, incluant les équipements, la restauration, les présences et les absences. Sur la délicate question de l’équilibre entre préservation de l’identité nationale et ouverture sur la modernité technologique, le ministre a assuré que « l’identité nationale est un pilier fondamental du système éducatif, qui se manifeste dans la salutation quotidienne du drapeau national, les contenus pédagogiques imprégnés de l’esprit patriotique et les comportements éducatifs au sein de l’école ». Parallèlement, le ministère s’emploie à intégrer la technologie dans le processus éducatif à travers l’élargissement de l’utilisation des tablettes électroniques, le renforcement de l’enseignement de l’informatique et la préparation de nouveaux parcours de formation pour développer les compétences technologiques des élèves selon une méthodologie scientifique. L’égalité des chances sur l’ensemble du territoire national demeure une préoccupation centrale des autorités. Le ministre a rappelé que « l’égalité des chances en matière d’éducation est un principe constitutionnel que l’État œuvre à concrétiser sur le terrain à travers un ensemble de mesures pratiques », citant la gratuité totale de l’enseignement, la généralisation de la scolarité obligatoire, la prise en charge du transport et de la restauration scolaires particulièrement dans les zones rurales et montagneuses, la distribution gratuite des manuels et des moyens pédagogiques, et la création de nouveaux établissements équipés selon des normes modernes. Concernant l’évaluation des réformes entreprises, le ministre a précisé que les concours nationaux sont désormais entièrement numérisés pour renforcer la transparence et offrir des chances égales à tous les candidats, soulignant que les réformes éducatives sont continues et visent à développer la performance pédagogique de manière permanente, incluant l’actualisation des connaissances anciennes, l’intégration de nouvelles connaissances et la création de nouvelles filières pour améliorer la qualité. En conclusion, le ministre a insisté sur le fait que « les jeunes, qu’ils soient scolarisés ou enseignants, sont le fondement du processus éducatif, et que le développement de l’enseignement est une responsabilité partagée qui nécessite une planification rigoureuse et un dévouement total », appelant tous les acteurs du système éducatif à travailler ensemble pour garantir un enseignement de qualité et préparer les générations futures aux défis du monde moderne.
Lyna Larbi