Économie

Loi de finances 2026 : Un soutien inédit aux énergies vertes

L’avant-projet de loi de finances 2026 prévoit quatre mesures majeures destinées à stimuler le secteur des énergies vertes.

L’avant-projet de loi de finances 2026 marque un tournant décisif dans le soutien aux énergies renouvelables en Algérie avec l’introduction de quatre mesures majeures destinées à stimuler ce secteur stratégique, a affirmé mardi le professeur Boukhalfa Yaïci, directeur général du Cluster Énergie Verte, lors de son passage sur les ondes de la Radio algérienne.

Cette annonce intervient dans un contexte marqué par une forte volonté politique de diversification énergétique, illustrée par la création en septembre dernier d’un ministère autonome dédié aux énergies renouvelables, séparé du ministère des Hydrocarbures. Le professeur Yaïci a souligné que l’inscription de ces dispositions pour la première fois depuis des années représente un nouveau départ pour le développement des énergies renouvelables et le renforcement de la base industrielle nationale dans ce domaine.

Selon le responsable, ces mesures ouvrent de larges perspectives au secteur et témoignent de l’intention des autorités supérieures d’accélérer le rythme de la transition énergétique. « Il existe une forte volonté politique qui s’est clairement manifestée lors du remaniement ministériel du 14 septembre dernier décidé par le président de la République Abdelmadjid Tebboune, qui a abouti à la promotion du secrétariat d’État chargé des énergies renouvelables en un ministère indépendant, totalement séparé du ministère des Hydrocarbures et des Mines, dans une démarche visant à accorder une importance primordiale à ce secteur vital », a-t-il déclaré. Le directeur général du Cluster Énergie Verte a expliqué qu’il est désormais évident que les autorités supérieures du pays ne se contentent plus des efforts déployés auparavant par Sonelgaz ou le ministère de l’Intérieur dans le domaine des projets d’énergies renouvelables, mais cherchent aujourd’hui à impliquer plus largement les acteurs économiques et les consommateurs à travers des incitations claires et tangibles. Les dispositions prises dans l’avant-projet de loi de finances permettront aux entreprises actives dans le domaine des énergies renouvelables de bénéficier du soutien de l’État à travers une exonération fiscale de 5% conformément aux dispositions de l’article 99 de ce projet, ce qui permet d’orienter ces fonds vers l’investissement dans les infrastructures et les équipements, stimulant ainsi l’investissement dans le secteur des énergies renouvelables et l’élargissement de sa portée, ainsi que l’obtention d’une électricité verte compétitive localement et sur les marchés européens.

Concernant la consommation énergétique au niveau des ménages, Yaïci a précisé que l’objectif de ces mesures est de rendre l’énergie propre accessible à des prix abordables pour les citoyens. Il a souligné que l’adoption des chauffe-eau solaires reste faible en raison du fait que les prix de l’électricité et du gaz naturel en Algérie figurent parmi les moins chers au monde, face à un coût élevé des chauffe-eau oscillant entre 80.000 et 100.000 dinars algériens, malgré la contribution de l’État qui couvre près de 45% du coût. Il a indiqué que la plupart de ces équipements étaient importés, ce qui a poussé le gouvernement, dans le nouveau projet de loi de finances, à réduire les droits de douane de 30% à 15%, dans une tentative d’encourager les citoyens à les acquérir comme alternative initiale au gaz de ville, dans le cadre d’une équation économique visant à progresser vers une adoption plus large de l’énergie propre.

Dans cette perspective, l’invité de la Radio a révélé un plan de production de 100.000 chauffe-eau solaires d’ici 2035, ce qui représente une partie de la nouvelle feuille de route pour les investisseurs dans ce secteur. Il a appelé à lever les obstacles administratifs et bureaucratiques pour garantir la rapidité d’exécution de ces projets et réaliser une véritable industrie nationale de l’énergie propre. « Ces mesures s’inscrivent également dans la politique nationale visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre, dans le cadre des engagements internationaux de protection de l’environnement, parallèlement au renforcement de l’industrie nationale dans le domaine des énergies renouvelables et à la création de nouveaux emplois », a-t-il précisé.

Hausse de la consommation énergétique

Le professeur Yaïci a mis en garde contre le fait que la consommation énergétique en Algérie connaît une croissance annuelle comprise entre 4 et 6%, sachant que 98% de la consommation repose sur le gaz naturel. Il a ajouté que le pays fait face à une pression démographique croissante, puisqu’il est prévu que la population dépasse cinquante millions d’habitants dans les prochaines années, ce qui nécessite une préparation sérieuse pour faire face à la demande croissante en énergie. Il a insisté sur le fait que la solution ne réside pas uniquement dans l’aspect technique, mais aussi dans la création d’un climat d’investissement favorable, appelant les acteurs économiques locaux et étrangers à s’engager effectivement et à injecter leurs capitaux, au lieu de se reposer entièrement sur l’État. Concernant les projets de Sonelgaz, il a expliqué qu’ils souffrent d’une lenteur d’exécution en raison de défis financiers. Cette entreprise a lancé depuis mars 2024 un programme de production de 3200 mégawatts d’énergie solaire, à travers la construction de quinze centrales solaires photovoltaïques réparties sur douze wilayas. Yaïci a prévu la réception de plusieurs centrales d’une capacité de 400 mégawatts d’ici fin 2025 et leur connexion au réseau national d’électricité, ce qui contribuera au soutien de la production d’énergie propre et au renforcement de la sécurité énergétique du pays. L’objectif de la mise en œuvre du projet de 3200 mégawatts est de générer une électricité verte alternative, de créer une base industrielle et d’avancer dans la programmation de nouveaux projets et l’injection de davantage d’investissements dans les infrastructures, tout en valorisant les ressources humaines afin d’atteindre une production d’électricité propre capable de rivaliser localement et régionalement. L’intervenant a également évoqué le défi de la réduction de l’empreinte carbone, précisant que les entreprises algériennes concernées par le secteur énergétique doivent être prêtes dès le premier janvier 2026 pour se conformer à l’exigence d’exportation des produits énergétiques basée sur la réduction de l’empreinte carbone pour être acceptées sur les marchés européens. Il a conclu en affirmant qu’il incombe à l’État de travailler dans ce domaine et d’accompagner les entreprises sans les laisser seules sur le terrain en préparation de cette échéance, à travers l’unification et la conjugaison des efforts entre les ministères de l’Énergie Renouvelable et de l’Environnement afin de concrétiser une vision commune dans les domaines de la formation et l’unification des critères de mesure de l’empreinte carbone selon les besoins des clients.

Samira Ghrib

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