Tebboune lance un nouveau programme de réalisation de six stations de dessalement
La sécurité hydrique, une priorité
Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a présidé dimanche un Conseil des ministres consacré principalement à la sécurité hydrique du pays, avec la validation de trois stations de dessalement d’eau de mer d’une capacité exceptionnelle en attendant la validation de trois autres, ainsi qu’à l’adoption d’un projet de loi organique portant statut de la magistrature et aux préparatifs de la quatrième édition du Congrès africain des start-up.
Face aux défis croissants du changement climatique et de la raréfaction des ressources hydriques, le Conseil des ministres a approuvé l’implantation de trois stations de dessalement d’eau de mer dans les wilayas de Chlef, Mostaganem et Tlemcen. Chaque station produira quotidiennement 300 000 mètres cubes d’eau potable, représentant un investissement stratégique majeur pour garantir l’approvisionnement en eau des régions côtières et de l’intérieur du pays. « Après étude et discussion, le Conseil des ministres a approuvé l’implantation de trois stations de dessalement d’eau de mer », précise le communiqué de la présidence, ajoutant que « la décision concernant l’implantation des trois stations restantes sera tranchée lors des prochaines réunions du Conseil des ministres ».
Cette décision s’inscrit dans le cadre d’un programme ambitieux annoncé par le président Tebboune en février dernier depuis la wilaya d’El Tarf, qui prévoit la réalisation de cinq à six nouvelles stations de dessalement à partir de 2026. Le chef de l’État avait alors indiqué que ces projets permettraient d’atteindre un taux de couverture de 62% des besoins en eau. Avec ces trois premières stations validées ce dimanche à Chlef, Mostaganem et Tlemcen, il ne reste plus qu’à déterminer l’implantation des trois autres sites parmi les wilayas initialement envisagées. Notons dans ce sens qu’un responsable de l’Agence nationale de dessalement de l’eau avait annoncé au mois de mars dernier une étude pour l’approvisionnement ultérieur de 18 wilayas en eau potable à partir des stations de dessalement.
Rappelons également que le président de la République a inauguré au début de l’année quatre usines de dessalement dans les wilayas d’El Tarf, Boumerdès, Tipaza et Oran, avec une capacité de production de 300 000 mètres cubes par jour chacune, pour un investissement global d’environ 2,4 milliards de dollars. Une cinquième station similaire a également été mise en service à Béjaïa. Ces cinq installations portent à 19 le nombre total de stations de dessalement dans le pays, augmentant ainsi la capacité de production nationale de 2,2 millions à 3,7 millions de mètres cubes d’eau par jour, soit l’équivalent de 42% de la demande nationale en eau potable.
Notons par ailleurs que le président Tebboune a formulé, lors du conseil des ministres des instructions fermes pour anticiper les risques liés à la sécheresse. Il a ordonné l’élaboration d’études scientifiques rigoureuses prenant en compte les taux et chiffres réels de consommation d’eau potable, tout en tenant compte des spécificités de chaque région en matière de pluviométrie. « Le président de la République a mis en garde contre les effets de la sécheresse, ordonnant la mise en place d’études scientifiques précises », souligne le communiqué qui a sanctionné la réunion. Ces études doivent revêtir « un caractère prospectif précis, permettant d’éviter à l’État les risques de catastrophes environnementales, en tête desquelles l’épuisement des nappes phréatiques, qui pourrait mettre en danger la sécurité hydrique ».
Dans le même registre, le chef de l’État a insisté sur « la nécessité d’un travail immédiat et définitif pour réparer toutes les sources de fuites d’eau, qui font subir au stock national d’eau potable des pertes considérables, affectant la distribution de cette matière vitale ». Cette directive vise à réduire drastiquement le gaspillage dans les réseaux de distribution, un problème chronique qui mine les efforts d’approvisionnement en eau dans plusieurs régions du pays.
Le statut de la magistrature adopté
Sur un autre volet, le Conseil des ministres a adopté le projet de loi organique portant statut de la magistrature, concrétisant ainsi l’engagement pris par le président Tebboune devant les magistrats lors de la cérémonie d’ouverture de l’année judiciaire 2025-2026. Cette réforme ambitieuse vise à renforcer l’indépendance de la justice et à améliorer les conditions d’exercice des magistrats. Le président a donné des instructions précises pour « accorder une importance primordiale à la situation sociale des magistrats, notamment en matière d’avantages liés à la retraite et au logement ».
Le texte introduit également une nouveauté majeure en imposant aux jeunes magistrats fraîchement diplômés de suivre un stage pratique sur le terrain avant de prendre leurs fonctions. « La nécessité que le magistrat diplômé soit soumis à une période de stage pratique sur le terrain, déterminée par voie réglementaire dans le secteur de la justice, avant d’assumer ses fonctions », précise le communiqué. Cette mesure vise à garantir une meilleure préparation des magistrats à leurs responsabilités judiciaires.
Par ailleurs, le président Tebboune a ordonné au gouvernement d’adopter le système des pôles judiciaires spécialisés, considéré comme « le cadre optimal pour l’exercice judiciaire, permettant au magistrat de bénéficier d’une formation pratique de haut niveau pour améliorer la justice ». Cette spécialisation par domaines juridiques devrait contribuer à une meilleure efficacité de la justice et à une réduction des délais de traitement des affaires.
Congrès africain des start-up
Les préparatifs de la quatrième édition du Congrès africain des start-up, que l’Algérie accueillera prochainement, ont également occupé une place importante dans les travaux du Conseil des ministres. Le président Tebboune a souligné « la nécessité de faire réussir le Congrès africain des start-up, dans sa prochaine édition en Algérie, ce congrès étant considéré comme le prolongement des recommandations de la Foire du commerce intra-africain ». Le chef de l’État a précisé que « l’objectif suprême de cette manifestation est de placer la jeunesse africaine dans son ensemble au cœur de l’intérêt pour la mise en œuvre de la feuille de route, et de créer un pont de communication stable et permanent entre les jeunes de tous les pays africains ». Cette vision s’inscrit dans la stratégie algérienne de renforcement de la coopération africaine et de promotion de l’entrepreneuriat jeune comme moteur de développement économique continental. Le président a appelé à « fournir les meilleures conditions pour faire réussir cette manifestation économique de la jeunesse africaine », témoignant de la volonté de l’Algérie de jouer un rôle de premier plan dans l’animation de la dynamique entrepreneuriale africaine et dans la création d’opportunités pour les jeunes innovateurs du continent.
La réunion du Conseil des ministres s’est achevée par l’approbation de décisions portant nominations et fins de fonctions à des postes et emplois supérieurs de l’État, conformément aux prérogatives constitutionnelles du président de la République.
Hocine Fadheli